Ô morts envoiturés
Le chuchotement des voitures
Glissant comme une fermeture
Eclair dont on verrait la boucle de fer
Qui peut bien être celle d'une ceinture
Qui vous frappe et qui vous blesse
Et de l'enfance ces meurtrissures
Et plus graves blessures de l'âge
Ah le mal de mer en tuture
Qui à l'enfant à l'arrière
Donne matière à vomissures
Vie pas encore accidentée
Vie pas encore envoiturée
Ô morts envoiturés
Les feux oranges et rouges de vos soleils couchants
Et vos stops faits marquants coups d'arrêts
Aux flots incessants (de vos attouchements)
Mais vous toujours rebondissants (presque méchants)
Comme un moteur qui a calé redémarrez
Appuyez sur vos cale-pieds accélérez
La mort est à vos trousses
Vous allez tambour battant
Au son des claixons en rangs serrés
Mais la circulation du sang envoituré
Ne peut pas couler car trop coagulé
Combien vous avez du mal à circuler
Ô morts envoiturés
Voyez-vous passer en voiture
Comme vous avez fière allure
Sur le pont de vos vingt ans
Vous étiez déjà trop pressés
Et votre vie pas si cabossée
Et la voiture pas accidentée
A l'Argus était encore cotée
Quand déjà je vous vomissais
Vous votre vie votre voiture
C'est que je suis pas vature
Moi qui ne serait jamais envoituré
Reste à définir le verbe envoituré
NB (ou petit lexique à usage domestique)
Définition du verbe envoiturer: qui se conduit comme une voiture ou qui se prête à la conduite en voiture.
Le claixon ou clairon des voitures en rangs serrées enrégimentées. Vature pour mature et voiture.