lundi 3 novembre 2025

Le petit écureuil


Ma morte ma bien aimée

J'ai revu le petit écureuil

Il n'est pas mort cet été

Et à l'automne il est

A découvert

Est-ce qu'il va passer l'hiver

C'est trop bête

Sa présence me fait de la peine

C'est qu'elle me rappelle la tienne

Et puis je suis couvert de dettes

Envers toi ma morte ma bien aimée

Moi que tu as mis à couvert

Si tu le voyais hâtif et craintif

C'est tout moi et mon passif 

Ça y est il est parti

Où c'est toi qui est partie

Ma morte ma bien aimée

J'ai revu le petit écureuil

On aurait dit qu'il me faisait de l'œil 

C'est tuer


Aujourd'hui comme naguère

L'essence de la guerre

C'est pas l'essence

L'essence de la guerre

C'est tuer

C'est pas l'essence

Ni la terre

L'essence de la guerre

C'est tuer

Il faut se le répéter

Et combien on nous a trompés

Avec de fausses légitimités

Quand l'essence de la guerre

C'est tuer

Sinon le moteur de la guerre

S'arrête de tourner

Et on signe la paix

Zéro homme aujourd'hui au compteur

A quoi bon continuer

Opération avortée

Ils sont tous désertés

Veulent pas s'entretuer

Maudit poète qui a chanté

L'essence de la guerre

C'est tuer

Que c'est l'essence première

Que tout le reste est secondaire

Alors qu'on répète

Après le poète

Aujourd'hui comme naguère

L'essence de la guerre

C'est pas l'essence

L'essence de la guerre

C'est tuer

C'est pas l'essence

Ni la terre

L'essence de la guerre

C'est tuer

dimanche 2 novembre 2025

L'auto portrait


Il ne veut jamais faire comme les autres

Faut toujours qui cherche à se distinguer

Quand les autres ont beaucoup travaillé

Lui a beaucoup beaucoup beau...chômé

Autant dire que d'la société

Il a reçu aucune distinction

Où qu'alors il est bien allé la trouver

Sinon en la misérable considération

D'celui qui du matin au soir

Se regarde dans son miroir


Je pourrais vous en dressez le portrait

Contr'moi le serrer d'un peu plus près

Il est envers lui-même plein de complaisance

Et ne cherche des autres q'la reconnaissance

A moins qu'il cherche la compatissance

Et leur est alors plein de reconnaissance

Et de ce portrait sans concession

Il attend qu'on lui dise mais non

Ce n'est pas toi

Mais oh qu'oui q/c lui croyez moi 

Non vous n'êtes pas petit


Non je vous dit q'vous n'êtes pas petit

Rejoignez votre âme qui vous grandit

Vous qu'êtes ramassés sur vous-même

Comme trop souvent le suis moi-même

Vous qui avez âme pareille à la mienne

Aimer comme tous ceux qui aiment amen

Et c'est en déployant de l'âme les ailes

D'cette âme recroquevillée sur elle-même

Il n'y a pas en vérité plus grande peine

Pour l'homme qu'aspire à l'envol éternel


Et puis c'est la vôtre après tout 

Moi je m'en fous

Je suis poète 

Pas prophète


De l'âme je m'en moque comme de ma dernière chemise

Mais c'est que pour moi tout doit être prétexte à sacrifice

Car je ne vois pas plus grand que de donner sa vie

Pour autrui pour autrui… que je me répète à l'envie

samedi 1 novembre 2025

L'invitation


Ma cousine m'invite

Est-ce que les animaux s'invitent

Tiens viens dans ma tanière

On va boire un verre

C'est ce qui nous distingue avant de dire un mot

De la gente animalière qui elle ne pipe pas mot

Je le dirais à ma cousine

Que les animaux n'aiment pas la bibine 

Avant de boire un verre

Et dire tout de travers

Que les animaux ne peuvent pas le savoir

Que les humains ont besoin de se voir

Aussi qu'ils savent répondre à une invitation

Les animaux vont pas de réception en réception

Que c'est ordinaire la vie animalière

C'est extraordinaire ma cousine est cuisinière

Il faut quand même que je pense amener un désert

Quel est cet animal qui entre mange et se sert

Penserait de moi ma cousine

Comme du chat de la voisine

Les parents


Je ne pense presque plus à mes parents moi qui enfant y pensais presque tout le temps. Qu'il est grand l'amour de l'enfant pour ses parents. A l'internat j'étais souffrant tout le temps. C'était le manque de parents. Ils ne me manquent presque plus maintenant mes parents. Mais il s'est passé depuis beaucoup de temps. Longtemps on pouvait voir dans les yeux de l'enfant qu'il ne voyait plus ses parents. Jamais on n'a connu si grande peine de cœur. C'était un âge trop tendre pour perdre ses parents. Comment se résoudre à les enterrer vivants. La nuit pourtant je pleurais comme à un enterrement. Mon père avait laissé avant de m'abandonner au pied de l'internat Le château de ma mère et La gloire de mon père de Marcel Pagnol pour que comme lui je célèbre l'amour de mes parents. Depuis ce jour il n'y eut plus d'amour qui ne fut pour moi douleur de l'absence. Le père est mort mais l'enfant ne meurt jamais, en tout cas pas de notre vivant. Et je porte en moi toute sa souffrance qui est l'amour de ses parents pleuré dans l'enfance.

"Il est terrible/le petit bruit de l'œuf dur cassé sur un comptoir d'étain/il est terrible ce bruit/quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim" Les Paroles de Prévert toujours me rappellent à ma faim et à ma soif qui était faim et soif des parents même si ce petit bruit n'était pas celui de l'œuf dur mais des voitures que j'entendais dans la rue qui menait à l'internat. Elles n'étaient jamais celle de mes parents qui venait me chercher à moi l'enfant abandonné pour me prendre avec eux les parents aimants. Plus tard je compris que mes parents n'étaient pas des parents aimants mais des parents amants. Qu'il est terrible Jacques quand les paroles perdent une voyelle, quand au mot il manque une seule lettre, quand aimant devient amant, c'est au cœur du mot comme au cœur des êtres une grande perte, et de ce durcissement de l'être à cause du mot qui a perdu sa voyelle c'est l'enfant qui en pâti énormément toute sa vie aimante de ses parents qui ne sont plus, qui n'ont jamais été, sinon dans son cœur et dans ses pensées.

vendredi 31 octobre 2025

C'est à moi que tu le demandes


C'est à moi que tu le demandes

A moi qui n'ait pas eu de père

Qui me donne un conseil pour la vie

A moi qui n'ait pas eu de mère

Qui me donne une recette pour la vie

C'est à moi que tu le demandes

A moi qui ait vécu sans une tune

Parce que tu me vois une fortune

Quand fortune veut dire destinée

Et la destinée est fruit du hasard

La mienne celle d'une rencontre

Comme celle de Jacques Le Fataliste

Avec son capitaine  que je te raconte


"Comment s'étaient-ils rencontrés ?

Par hasard comme tout le monde.

Comment s'appelaient-ils ?

Que vous importe ?

D'où venaient-ils ?

Du lieu le plus prochain.

Où allaient-ils ?

Est-ce que l'on sait où l'on va ?

Que disaient-ils ?

Le maître ne disait rien ;

Et Jacques disait que son capitaine

disait que tout ce qui nous arrive

de bien et de mal ici bas était écrit là-haut"

Le jeu des marionnettes


Fini de faire les grands

Fini de jouer à papa et maman

Fini de faire pan pan

Fini les petits bobos

Fini les gros mots

Si l'on retombait en enfance

Et plus tard à l'adolescence

Fini les plans cul

Et plus tard à la sénescence

Fini d'être plan plan 

Ah! ce jeu des marionnettes

Qu'on aurait pu faire taire

Ce grand silence qui s'abattrait 

Sur toute la surface de la terre

jeudi 30 octobre 2025

Qu'est-ce qu'ils ont fait de l'amour


Qu'est-ce qu'ils ont fait de l'amour disait le sage qui avait compris que la vie elle-même était sacrifice. De l'élan amoureux qui est ce qu'il y a de plus généreux qu'est-ce qu'ils ont fait: un amour sans partage. De l'ouverture vers l'autre une fermeture sur l'autre. De la passion qui est sacrifice une possession qui est égoïsme plaisir et vice. C'est qu'ils ont perdu le sens de l'amour comme de la vie qui est le sens du sacrifice. Après ils pleurent quand l'amour se dissipe. Grands dissipateurs de l'amour. Grands dissipateurs de la vie. N'épargnez pas votre amour. N'épargnez pas votre vie. N'épargnez pas vos larmes et vos malheurs. L'amour est amère comme la vie est amère. Aimez son amertume et sa couleur c'est celle des cieux et c'est celle de la mer. Mais ne vous noyez pas dans les pleurs. Une fois placés devant l'autel du sacrifice de votre vie de votre amour soyez à la hauteur de votre vie de votre amour. Rien n'est plus grand que l'homme qui a pris conscience de sa grandeur.

Quel que soit le prétexte il est bon


Quel que soit le prétexte il est bon parce que tout prétexte est bon à sacrifice. C'est ce que disait le sage qui avait compris que la vie elle même était sacrifice. Qu'on le veuille ou non l'on mourait. Et que cette mort ne devait pas rester vaine. Voilà ce que pensait le sage. Que ce soit pour un Dieu. Et les choix possibles sont nombreux. Que ce soit pour sa famille. Et les choix possibles sont nombreux. L'épouse. La fille. L'époux. Le fils. Que ce soit pour une noble cause. Et les choix possibles sont nombreux. Peu importe. Que l'on se tue à la tâche ou pas. Que l'on donne son sang ou pas. Peu importe. Que l'on se batte intelligemment ou pas. Peu importe. Mais qu'il y ait le sang du sacrifice sur votre porte. Que vous le veuillez ou pas. Peu importe. Mais qu'il y ait le sang du sacrifice sur votre porte. Voilà ce que répétait le sage dans son infinie sagesse que le commun des mortels n'avait toujours pas compris.

On s'était trouvés un peu sur le tard


On s'était trouvés un peu sur le tard

Il ne faisait déjà plus beau nulle part

Dans nos vies comme des fruits périssables

Toi situation enviable moi plus que passable

On a cependant dedans

Croqués à pleines dents

Enfin les tiennes étaient si blanches et si ardentes

Tandis que les miennes étaient gâtées par le temps

Qu'il leur fallait des choses si douces et si tendres

Et c'étaient tes seins ta bouche tes joues tes yeux

Tout cela dit en passant version amour mes aïeux

Mais ce que je n'aime pas dans toute cette histoire

(Parce que si un amour de jeunesse ça passe

Il faut bien comme on dit que jeunesse se fasse.)

C'est l'amour testament

Au dernier des  vivants

Je dois le rapporter dans mes écrits


Je dois le rapporter dans mes écrits

Jamais quelqu'un n'a fait partie de ma vie comme elle

Quand elle est entrée

Est-ce que quelqu'un peut le dire

Mais elle est partie un deux juillet

Parce qu'elle pouvait pas faire autrement

Comme nous pourrons pas faire autrement

On a pas toujours les plus dures décisions à prendre

Parfois il y a un bon dieu qui les prendrait pour nous

Mais quand elle est partie de ma vie

C'est une partie de ma vie 

Qui est partie avec elle

Qui aurait pu le savoir avant

Est-ce que quelqu'un peut le dire

Qu'elle a laissé un grand vide

Mais pas que ce vide c'est elle

Car ce serait mentir

Ma vie était pleine

Aujourd'hui je cherche à la remplir

Et c'est qu'elle est vide


Je dois le rapporter dans mes écrits

Qu'un jour l'amour a rempli ma vie

On peut faire ci

On peut faire ça

S'y a pas d'amour

La vie est vide

Et l'amour du vide c'est pas mon truc à moi

C'était un truc d'écrivain de l'être et du néant

Bilan on les lit plus et on écrit encore moins

Là dessus comme tout ce qui tourne autour du rien

Autour de ma femme beaucoup de monde tournait

Quand je l'ai connue

C'est que c'était pas rien

Ma femme qui n'est plus

J'aimerais la faire revivre dans mes écrits

Peut-être qu'ils ont essayé eux aussi

Et que leurs écrits ratifient leur échec

Mais j'suis pas com' eux

N'a pas l'amour du vide

Qui a l'amour de Sylvie

mercredi 29 octobre 2025

Il y a un recul


Il y a un recul

Tout le monde le dira

Il y a un recul

Je ne suis pas le premier à le dire

Il y a un recul

Je ne serais pas le dernier à le dire

Non plus

Il y a un recul

De tous pour commencer

Et ont le sait

Et les statistiques le diront

A qui ne voudrait pas y croire

Je le renvoie donc aux stats

Un peuple de crabes

Avant c'était juste un panier

A marcher à reculons

Comment veux tu comment veux tu

Que je t'en…

Plus personne n'en… personne

Ou dit autrement

Tout le monde en… tout le monde

Mais restons correct même si

Il y a un recul

Et qu'on le serait de moins

En moins correct parce qu'

Il y a un recul

Chez les riches il peut être culturel

Pauvres riches qui ne connaissent plus

Le latin et le grec enfin leurs classiques

Chez les pauvres il peut être géographique

La ville les rejette toujours plus loin

On finira par les perdre nos pauvres

Dans la nature avec les bêtes

Tandis que les riches qui aiment

Les bêtes et la nature

Occuperont le centre ville

Avec leurs bêtes domestiques

On comptera  grâce à Dieu

Parmi elles certains pauvres

Dénaturés et domestiqués

Si sont justes mes pronostics

A eux les squares les parcs rachitiques

Et les bancs publics 

Enfin chez ceux qui ne sont ni riches ni pauvres

Il y a un recul

Les "alzheimeiriens"

Comme les historiens 

Vous le diront 

Petit à petit

Ils oublient tout

Il y a un recul

La conscience


La conscience

Mais laquelle

La mienne ou

Celle des autres

Si je pense à eux

Je m'oublie

Si je pense à moi

Je les oublie

On a tour à tour

Droit à l'existence

Moi comme on dit

Plus souvent qu'à mon tour

A qui la faute

A la conscience

mardi 28 octobre 2025

Les mauvaises pensées


Qu'il est difficile de ne dire de mal de personne

On y arrive cependant pratiquement tout le temps

à tenir sa langue comme on dit et en public surtout

car en privé c'est déjà une autre paire de manche

En privé on se lâche excepté les plus intelligents

d'entre nous qui savent que toute parole peut être 

retenue contre nous qui l'avons proférée sans ré-

fléchir à cela que si les paroles ne restent pas

qu'elles s'envolent c'est qu'on les colportent


Non ce qui est difficile c'est de jamais penser à mal

de personne à mal dans le secret de votre pensée

Le sait qui s'est livré à ce petit exercice de libre

pensée pendant un temps chronométré car s'il a dé-

passé les cinq minutes sans être traversé par ce 

que l'on appelle une mauvaise pensée il peut esti-

mer avoir battu un record national voire mondial

Et à titre personnel et en tant que personne avisée

je tiendrais à lui remettre en public une médaille

Mais en privé je lui mettrais une bonne baffe

Il ne faut pas prendre les gens pour des cons 

Les méchants


On dit que les méchants n'ont pas d'amis. Mais qui est-ce qu'on punit pour association de malfaiteurs.

Les bêtes féroces


Si l'on m'avait dit de ne pas les approcher, que ce sont des bêtes féroces, je ne l'aurais pas cru. Je ne sais ce qui m'est arrivé depuis. Mais quand on me dit: Approche! Tu peux caresser! J'hésite, je me méfie, puis je m'enfuis. Je ne saurais jamais la vérité.

lundi 27 octobre 2025

La naissance d'un poète


Je devais être bien malade de vivre le jour où j'ai lu mon premier poème. Sans doute m'est resté un plaisir amère. C'est comme ça aussi avec le café et tous les breuvages qu'on peut plus se passer de boire. Mais il faut croire que c'est quand même mieux passé que la vie. Alors j'y ai pris goût. Me suis bien intoxiqué. De petites doses d'abord. Puis de plus en plus fortes. Vous savez comment ça se passe. Après on peut plus vivre sans poésie. 

Puis comme si c'était pas assez on se met en tête d'en écrire. Bien imbibé, imprégné, prêt à en sécréter, le trop plein qu'on dit de la vie ce peut bien être de poésie parce que la vie y a longtemps qu'on l'a vit plus en directe, on en serait bien incapable sans poésie. 

Oui il faut être bien malade de la vie pour écrire de la poésie. C'est ce que je peux m'empêcher de penser les jours d'extrême lucidité quand je vois ce qu'ils écrivent les poètes. Maintenant si vous entendez dire: on peut pas vivre sans poésie, c'est un malade à coup sûr qui le dit, car moi j'ai connu des tas de gens bien portants qui n'avaient jamais lu un poème à moins qu'on les ait obligés à l'école et je regrette aussi ce temps où comme eux je pouvais vivre sans poésie.

La chanson du sale type


Je dois accepter ce sale type 

Puisque je dois vivre avec lui

Et toutes ces choses qu'on dit de lui

Je dois vivre avec elles aussi

Et tous ceux qui ne veulent pas le voir

Je dois accepter aussi de ne pas les voir

Et quelque soit le mal qu'il fait

Je dois y consentir malgré moi

Si c'est plus fort que lui

C'est plus fort que moi aussi

Mais qu'il ne touche pas à mon amour

Sinon je le tuerai

Mais qu'il ne touche pas à mon amour

Sinon je me tuerai 

Non je ne t'ai pas rêvé


Elle était belle celle qui dans mon rêve me regardait

Mais je fus saisi d'un étrange malaise et me réveillait

Content de l'avoir quittée 

Cette étrange et inquiétante beauté

Mais soudain je me suis rappelé des gens qui pour nous éviter

Quand dans la rue je te tenais par la main changeaient de côté

Et je me suis dit que c'est elle qu'ils voyaient

Cette folle que j'ai vue en rêve qu'ils voyaient

Tandis que c'était toi ma beauté

Que moi je voyais dans la réalité

Dans la réalité où je t'aimais

Oui je t'ai aimé

Non je ne t'ai pas rêvé

Tant pis


Ceux qui ont trop vite pris le plis

Je ne sais pas si je les aime

Moi qui aime ceux qui sur eux mêmes 

Se replient

Ceux qui sur eux mêmes se replient

Je ne sais pas si je les aime

Si sur eux mêmes et sans qu'on les voit

Ils ne se déploient

Mais tant pis tant pis tant pis tant pis

Pour ceux qui ni se plient ni se replient

Ni se déplient tant pis tant pis tant pis 

dimanche 26 octobre 2025

L' identité


Quand je les entends parler d'identité

Je ne peux m'empêcher de méditer

Toute une vie passée à se la forger

Pour la perdre finalement totalement

En un seul triste et fatidique instant

Faudrait mieux choisir son sacrifice

Qu'il ne soit pas celui de la pensée

X


Homme seulement tu périras

Et tu ne sauras pas pourquoi

Alors tu penseras à ceux qui sont morts avant toi

Et pourquoi si pour rien tu les plaindras

Et ceux dont tu riais la vocation et le sacrifice

Tu te diras que si moins longtemps ont vécus

Ont vécus plus pleinement

Que se détournant d'eux-mêmes

Ils ne s'étaient pas détournés de la vie

Et tu comprendras enfin 

Ce qu'est l'instant suprême

Qui couronne un destin

Et ce choix que certains ont fait non pas comme on dit

Au détriment de la vie

Mais de l'homme qui ne veut pas mourir et c'est parce qu'il

Ne sait pas pourquoi il vit

Les amis des échecs


Il faut que je parle de Louis

Qui parlera de lui

Si ce n'est pas moi son ami

Bien sûr il est toujours en vie

Mais nous tous ces amis 

Craignons pour sa vie

Ils vont encore l'opérer

Tailler dans sa chair

Qui a déjà beaucoup souffert

Louis fait son pain

Un bon pain Louis

Qui viendrait à manquer

Avec sur la table l'échiquier

De nos parties qui se sont multipliées

Et toutes jouées au nom de l'amitié

Qui a perdu qui a gagné c'est oublié

Mais pas le visage de Louis

Mais pas les paroles de Louis

Si l'on devait recréer le même personnage

Il faudrait que les paroles aillent avec le visage

C'est ce qu'on aime chez Louis

C'est cette belle harmonie

De l'air et de la voix

Rien ne détonne chez lui

Nous savons aussi comment il joue

On est joue contre joue

Quand contre lui on joue

Et en jouant on apprend beaucoup

C'est sans retenue il donne tout

Il mate ou il se fait mater

Ça c'est Louis tout craché

C'est ce qu'on appelle un homme entier

Qu'on n'aille pas nous le castrer

samedi 25 octobre 2025

Le ballot


Que c'est beau un oiseau qui vole dans l'eau

Mais ce n'est que le reflet d'un oiseau dans l'eau

De croire à des choses pareilles c'est t-y pas ballot

Et il prend une pierre et tue l'oiseau qu'est dans l'eau

Assassin Assassin double assassin

Pour avoir tuer un oiseau qu'est dans l'eau et un ballot

 

L' onaniste


L'amour songeait il devant la glace occupé à se raser

Et c'était un moment apaisant après l'orage des sens

Viendrait le baume après rasage il souriait au miroir

Ça avait été bref et intense et jouissif

Il n'avait plus l'âge où ça durait longtemps

L'amour songeait il a quelque chose d'irréel

Ou d'à peine réel se reprenait il souriant

On se sait si à son image dans le miroir

Ou au mirage des sens épuisés et content

Comme un homme qui vient de faire l'amour

Non ce n'était pas bien différent et pourtant

Lui revenaient ces vers de Constantin Cavafis 

 "Il déambule au hasard de la rue,

   comme ébloui encore par le plaisir défendu"

C'est qu'il était un peu comme cet homme

Et son plaisir comme son plaisir défendu 

Même si l'amour était rendu à son image la plus pure

Il entendait dire que l'amour n'était plus qu'une image

Mon soleil


Je ne savais pas d'où te venais cette joie de vivre

Je ne savais pas que c'était moi qui te la donnais

Comment l'aurais-je su moi qui était si triste

Malgré tout le bonheur que j'avais a être avec toi

Et c'était simplement à te regarder toi si radieuse

Que je t'appelais mon soleil et c'était celui

Que je voyais briller dans tes yeux celui que

Je ne vois maintenant que dans les cieux et me

Rend si triste et jette tant d'ombre dans ma vie

Depuis que tu t'es éteinte toi mon soleil mon

Unique soleil je voudrais que tu sois comme

Ces astres que l'on voit après leur mort

Longtemps encore briller dans le ciel

vendredi 24 octobre 2025

A l'écoute du temps


Est-ce un ami ou un ennemi que tu m'envois

C'est que je ne sais plus ce que je vois

C'était bien plus clair pour moi autrefois


A croire que les ans sont depuis venus troubler l'eau du temps

Et des visages je n'ai plus même des plus connus que fragments

Je ne me posais pas de questions sur qui étaient papa et maman


A toi même à qui je m'adresse

J'ai oublié jusqu'à l'adresse

Qu'il faudrait que tout cesse


Mon cœur il pleure à chaque battement

Que je meurs immédiatement si je mens

Pas eue la sœur que je voulais enfant


Mais un petit frère qu'est plus petit et qu'est plus mon frère

Qu'a plus que des enfants depuis qu'il est lui même devenu père

Qu'aurait avec la mère de ses enfants une famille à part entière


Je suis à l'écoute du temps

Parce que de lui j'attends

La mort qui à tous surprend 

jeudi 23 octobre 2025

Les échecs


Les échecs n'existent pas pour moi

Et je n'existe pas pour les échecs

Aux échecs je suis distrait de moi

Je me quitte

C'est un jeu que je ne suis pas

Et tant mieux

Je m'amuse comme ça

Loin de moi à mater le roi

Tandis que le temps à la pendule y passe

Il ne passe pas pour moi qui n'y suis pas

Sur l'échiquier avec tous ces petits soldats

Et que meurt le roi si moi je ne vis pas là

Je suis dans les profondeurs d'une pensée

Qui pourrait bien ne pas être la mienne

Mais celle de qui penserait comme elle


Le vers solitaire


Vous avez trouvé un vers

Qui se promène solitaire

Pas de quoi en faire toute une histoire

Et encore moins un poème

Mais le voilà sur votre page

Orphelin de père et de mère

Et ayant encore moins de sœurs et de frères

Il ne faut pas être fin psy 

Pour en déduire que de vous il en va ainsi

Pauvre hère s'il en est sur la planète terre

Livré à un seul vers qui lui bouffe les viscères

Mais qui se dit qu'il ne faut pas s'en faire

Tant qu'il le délivre de la page blanche

Tant que par lui il n'est pas réduit au néant


A chaque fois que se réunissent


A chaque fois que se réunissent des êtres humains

Que le prétexte soit vain ou malsain, futile ou stérile, utile ou inutile

Tu dois retenir que se réunissent des êtres humains


A chaque fois que se réunissent le Sénat, l'Assemblée Nationale

Que le prétexte soit vain ou malsain, futile ou stérile, utile ou inutile

Tu dois retenir que se réunissent des êtres humains


A chaque fois que se réunissent des gens et manifestent sur la voie publique

Que le prétexte soit vain ou malsain, futile ou stérile, utile ou inutile

Tu dois retenir que se réunissent des êtres humains


A chaque fois que se réunissent des actionnaires en comité restreint

Que le prétexte soit vain ou malsain, futile ou stérile, utile ou inutile

Tu dois retenir que se réunissent des êtres humains


A chaque fois que se réunissent des malfrats en catimini

Que le prétexte soit vain ou malsain, futile ou stérile, utile ou inutile

Tu dois retenir que se réunissent des êtres humains


A chaque fois que se réunissent et délibèrent des humanitaires

Que le prétexte soit vain ou malsain, futile ou stérile, utile ou inutile

Tu dois retenir que se réunissent des êtres humains


A chaque fois que se réunissent et délibèrent des militaires

Que le prétexte soit vain ou malsain, futile ou stérile, utile ou inutile

Tu dois retenir que se réunissent des êtres humains

mercredi 22 octobre 2025

La femme au sécateur


La poésie qui vient à tout venant

C'est mal venu c'est inconvenant

Et moi qui allait lui dire en la voyant

Tailler sa haie si elle taillait des pipes

Mais plus que de sa bouche qui sait si bien embouche

J'ai eu peur de son sécateur qui sait si bien il ne coupe

Sans différence mais avec indifférence tout ce qui dépasse

La femme sans défense qui est la plus dangereuse de toute

C'est la femme qui n'a plus d'homme et coupe sa haie toute

Seule parce qu'elle a un sécateur qui vous la coupe aussi bien

Pense à ton lecteur


Pense à ton lecteur. Cette phrase que j'avais entendu lorsque je regardais encore des émissions littéraires télévisées me revenait comme l'impératif de Kant à valeur universelle, j'entends à prétention universelle. Il se trouvait que j'étais dans le RER et qu'assis en face de moi j'avais la chance d'avoir une lectrice ou dernière représentante de ce culte en désaffection qu'était à mes yeux le culte du livre puisque si mon regard embrassait maintenant l'ensemble des occupants du compartiment je ne voyais que gens affairés à leurs portables: comme si dans la civilisation des lettrés les barbares avaient fait leur entrée, une irruption en masse, beaucoup moins sage, beaucoup moins discrète, et non emprunte de ce sérieux et de cette distinction et de cette affectation que je pouvais voir sur le visage de ma lectrice forte sans doute de ce privilège et de ce titre de lecteur gagnant en valeur en gagnant en rareté, si je puis m'exprimer ainsi.

Mais bientôt mon regard sans doute dérouté par ce trop de sérieux, de distinction, d'affectation, se détourna vers le quai ou le RER s'était momentanément arrêté. Il y avait quelqu'un que personne ne semblait voir et qui rampait à même le sol où il s'immobilisait comme implorant je ne sais quel dieu puis rampait à nouveau et se relevait enfin de toute sa taille, qu'il me paraissait alors grand et inquiétant, mais toujours personne ne le voyait et ne semblait partager mon inquiétude. Tout de suite on l'aura classé ou remisé dans la cohorte des va nu pieds, il n'était en effet pas chaussé, de ces indésirables qui peuplaient les couloirs et les quais, et qu'on ne voulait pas voir. Eh bien moi je voyais en lui mon lecteur. Parce que c'est à lui qu'en écrivant je pense et non pas parce que je pense qu'il va me lire et non pas parce que je pense à lui en tant que lecteur mais en tant qu'être humain auquel plus personne ne pense, auquel moi même je ne suis pas sûr de penser plus longtemps qu'en écrivant ces lignes que pour lui j'écris, pour penser à lui ne serait-ce que le temps de l'écriture.

Le bénitier d'église


Le bénitier ne sera jamais pour lui qui en a mangé cru et à même leur coquille sur les récifs de Nouvelle Calédonie ou telle était la pratique et sans autre cérémonie un bénitier d'église.

Pas plus que ne feront de lui les raclées infligées par le paternel et reçues par lui qui ne faisait pas pénitence et parce que toutes ses prières ne les lui ont pas épargné un bénitier d'église

Bénitier il a trop aimé ta chair mangée crue et vite pour aimer l'eau bénite, sucé damné pour qui n'est pas un bénitier d'église

Fouetté par l'eau de mer tu sifflais comme une vipère pas comme dans une église le bénitier ouvert reçoit les mains pour la prière, excepté celles de qui n'est pas un bénitier d'église

C'est que ne peut entrer dans ton église qui a trop été un pêcheur de bénitiers et se signer comme si de rien n'était (faisant table rase sur son passé) et en toute impunité comme un bénitier d'église

A ceux qui ne l'auraient pas compris ce qu'il voulait dire c'est que l'on ne peut aimer qu'un bénitier qui a une vie et une chair et n'avoir que pitié à voir la coquille vide du bénitier d'église

mardi 21 octobre 2025

Un arc en ciel


Celui qui aujourd'hui sort sans parapluie

A foi qu'après la pluie le soleil lui sourit

Mais il y a aussi qui déjà se réjouit

De nuages annonciateurs de pluie

Quant à moi puisque c'est du ciel qu'il s'agit

Et de ce que l'on y voit et de ce qui me ravit

Ce n'est pas un rayon de soleil 

Ce n'est pas une goutte de pluie

C'est qu'il y ait un arc en ciel

Voyez en corbillard mes amis

La mort et le jeu de la vie

Et tout ce qui nous réjoui 

Et tout ce qui nous ennuie

Et tout ce qui nous enivre

De tout ce qui à moi m'attire

De tout ce qu'on peut prédire

De la lumière et d'eau luire

De ce rien qui se peut bénir

Pour moi et pour finir

Dans une vie sans ciel

Rien qu'un arc en ciel

Le spectateur


Admirez vous qui n'êtes que laideurs et petitesses et faiblesses

Admirez le spectacle de la beauté de la grandeur et de la force

Mais il y a le spectateur pour qui spectateur rime avec malheur

Le malheur du renoncement de l'être

L'a signé un papier à décharge d'être

Quand s'écrie un spectateur parmi les spectateurs

Au monde du spectacle tout l'monde fait sa tombe

Mais qu'on l'fasse donc taire clament tous les autres spectateurs

Et que le spectacle reprenne de plus belle quant à lui qu'il meurt

Et comme lui meurent ceux qui ne veulent pas être spectateurs

C'est alors que la salle se vide

C'est que le spectacle est fini

Il faudra attendre dimanche à la même heure pour la reprise

Entre temps laideurs et petitesses et faiblesses sont de mise

Rien de mieux pour que revienne au spectacle le spectateur

lundi 20 octobre 2025

Le double combat


Dans la vie il faut se battre d'une part

Pour que l'on se fasse

Dans la vie il faut se battre d'autre part

Pour ne pas que l'on nous défasse

C'est ce double combat

Que l'homme doit mener pour ne pas perdre la face

La Parque


Ô toi la Parque qui m'a donné la sienne de vie et de fortune

Au lieu(commun) de prendre la mienne de vie et de fortune


Ô toi la Parque

Qui a fait fortune

Avec tes ciseaux

Gagnant des tunes


De ton vivant

J'étais bienveillance

De ta mort

Je serais reconnaissance


Moi qui de mes deux mains n'ai jamais rien su faire

Ô toi reconnue par un Président meilleure ouvrière 


De France maintenant que je ne t'ai

A quoi bon tout ce que de toi j'ai

Avec une autre voudrais-tu

Que ta fortune fluctue


Dans mon lit quand tu es venue jolie

J'étais moi déjà bien trop ravi

Pour dire non que j'ai dit oui

Et ignorant ta fortune  je lui ai sourie


Mais de grâce 

Que l'on ne dise pas de moi que je suis un ingrat

Ou suis de ceux qui sur les autres la belle farce

Font leur gras 

dimanche 19 octobre 2025

Les séries


La poésie ça prend des raccourcis

C'est pas comme leurs films à rallonges les séries

Et quand on dit que ça prend du temps c'est que ça nous ennuie

C'est du moins ce que je dis pour tout ce qui m'ennuie

Que ça prend du temps que j'aimerais en finir

Et quand on dit que ça n'en finit pas c'est que ça nous ennuie

Moi je vous le dit que les séries ça n'en finit pas

C'est comme quand on met la table et qu'après on nous dit

Que les rallonges on oublie

Toi et la poésie


Je n'ai jamais aimé 

Que deux choses dans la vie

Toi et la poésie

Toi tu es partie

Il me reste la poésie


Ma morte ma bien aimée

Encore en poésie

Je peux t'aimer

Et décider de ta vie

Que de la mienne ne puis


Et qui est belle

Encore embellit 

La poésie


Nous avons essayé de prendre de vos nouvelles

Au faite de votre désespoir

Et ci-git une prière 

Que nous n'avons pas encore faite


Ma morte ma bien aimée  

Toi qui as perdu tes amis

En perdant ta santé tu vois

Ici tes amis qui regrettent

La parole que je leur prête


As tu trouvé là où tu es

Des amis pour l''éternité


Tu te voulais de Paris

Ils t'en on voulu au pays

Tu me voulais

Pour ça aussi ils t'en on voulu


Mais à ceux qui plus rien ne veulent

Comment veux tu qu'ils en veuillent


Autant maintenant que tu n'es plus

Ce n'est pas qu'à eux je m'habitue

Je passe au large des hommes

Comme le frêle esquif des récifs


Toi mon seul écueil

Moi ton seul recueil

Toi mon seul recueil

Moi ton seul écueil 

samedi 18 octobre 2025

On sera mort demain


Il ne faut pas moisir longtemps ni dans le proche ni dans le lointain

Sinon les rengaines 

Sinon les dégaines

Sinon les vieilles haines

Viennent et se pointent un de ces quatre matins là où on s'y attend le moins

Et c'est trop tard pour déguerpir fût on fakir on est coincé dans un coin

Même si on a rien à dire de tout ce qui transpire et que de sa peine on respire

C'est pas non plus la peine de faire le malin de jouer au chatelain de prendre des airs divins

On sera mort demain

Congé de toi


Ma morte ma bien aimée

Il y a toute la vie sans toi

Qu'a repris le dessus sur moi

Mais la mort ne t'a pas nier

Tu es entre moi et le néant

Ma morte ma bien aimée

Que c'est lâche de t'aimer

C'est renoncer à c'qui est

Pour ce qui n'est plus

Je sais et n'sais plus

Tant en ton absence

Je sens ta présence

Et puis cette vie là

Je ne l'ai pas voulu

Quant à ta remplaçante

Elle n'est toujours pas venue

Et moi j'ai toujours pas pris

Congé de toi

Depuis qu'il n'y a plus ton corps


Depuis qu'il n'y a plus ton corps

On dirait que tout est temps mort

Où que j'ai jeté l'ancre

Pauvre pêcheur que je suis

Et qui ne veut plus pécher

Ct 'un leurre

Qu'le bonheur

Que je m'dis avec rage

Allez courage  courage

C'est ma morte ma bien aimée

Qui a passé toute sa vie à se battre

Qui veut pas que j'me laisse abattre

Mais n'y a qu'les sages 

Pour recevoir des morts 

Des leçons de vie 

Que je m'dis avec rage

Allez courage  courage

C'est ma morte ma bien aimée

Qui a passé toute sa vie à se battre

Qui veut pas que j'me laisse abattre

Je voudrais bien t'y voir à l'usage

Qu'j'dis tandis que je tire l'ancre

Et que je suis à bout de force

C qu'c'est un sacré poids mort

vendredi 17 octobre 2025

Notes brèves

Tous ceux qui disent qu'ils croient en autre chose qu'en l'homme (Dieu, la Société, le Capitalisme, le Communisme) ne disent pas autre chose que qu'ils ne croient pas en l'homme (Ne croyez pas pour autant qu'ils croient en Dieu, en la Société, au Capitalisme, au Communisme, sinon pour mater l'homme)

Comme nous sommes seul au monde


Je voyais les immeubles accrochés au ciel

Et que la nuit n'aimaient pas les lumières

Qui défrayaient avec la chronique du jour

J'étais bien réveillé autant que de sommeil énervé

Mais plus tout à fait moi même à qui j'échappais 

Comme l'ombre au soleil

Ma morte ma bien aimée qui m'accompagnait en filigrane 

Comme sur un billet

N'apparaissait plus à la surface de la terre

Et je devais forcer le regard pour la voir se dessiner 

Elle qui pour habiter un petit mètre carré

Devait avoir aussi besoin de prendre l'air

Mais les eaux étaient noires à faire pleurer

Et on ne voyait pas bien ce qu'elles pouvaient charrier

Ma morte ma bien aimée mon soleil avait cessé de briller

Aussi la nuit sur moi était tombée lourdement sans pitié

Comme nous sommes seul au monde que j'avais envie de crier 

A chaque fois que je voyais des jeunes gens qui s'entrelaçaient

Mais ma morte ma bien aimée me retenait par sa seule pensée

Comme eux nous avons été deux comme eux nous nous sommes aimés

Comme eux nous ne pouvions voir comme nous sommes seul au monde

Une voix


Je ne peux plus parler

Ma morte ma bien aimée

Tout le temps tu voulais parler

Mais c'était trop dur pour toi 

Ma morte ma bien aimée

Tout le temps je voudrais parler

Mais c'est trop dur pour moi

Ma morte ma bien aimée

Tu n'avais plus les mots

Mais tu avais encore ta voix

Ma morte ma bien aimée

Moi qui ai les mots

Je n'ai pas encore trouvé ma voix

Mais quand je repense à toi

Je vois l'expression de ton regard

Et je me dis pauvre de moi

Qui n'ai que les mots pour parler

Ma morte ma bien aimée

Parfois Tayeb fait Oh là là

Mais il ne sait pas ce que ça me fait

D'entendre ta voix 

jeudi 16 octobre 2025

L'autre


Ça y est

Je vois l'autre

J'ai vécu auprès de lui tant d'années sans le voir

Maintenant je le sais oui c'est lui l'autre

Et ce n'est pas moi

Et ce n'est plus moi

C'est bien lui l'autre que je vois

Que ça fait du bien de voir l'autre

Que c'est bon de voir enfin l'autre

C'est qu'enfin on est moins seul

Tant de temps j'ai été seul avec les autres

Tant de temps jusqu'à ce que je vois l'autre

Comme moi vous l'aimerez

Quand vous le verrez

Sans quoi c'est qu'il est encore tout empêtré de vous l'autre

C'est qu'il n'est pas encore tout à fait l'autre

Laissez le

Laissez l'autre

Laissez l'autre être l'autre

Les ragots


Je vais vous dire moi pourquoi je n'écoute pas ceux d'en haut

C'est qu'il faut être descendu tout en bas pour entendre tout en bas

Ce que ne peuvent entendre ceux qui n'y descendent pas

Comme ceux qui parlent de moi tout bas

Sans jamais être descendus en moi

Mais pire sont ceux d'en haut qui eux parlent tout haut

Non moi je n'aime pas ceux qui parlent tout bas

Non plus que ceux qui parlent tout haut

Ce sont les mêmes ragots

Mais pires sont ceux d'en haut

Qui font autorité sur ceux d'en bas


mercredi 15 octobre 2025

Le poète


Qu'est-ce que vous attendez

Que je sois célèbre pour me célébrer

Moi qui est muri en secret

Comme murissent les fruits que vous mangez

Que mon acidité vous tuerait

Mais combien en avez vous laisser pourrir 

Que vous n'êtes jamais allés cueillir

Combien se sont gâtés

Que vous n'avez jamais ramassés

Poète ne soit pas si pressé

La poésie est la fleur de la vie

Poète fleuri ta pensée de poésie

Pensée de poète fleurie à la vie

Après viendront les fruits de ta poésie 

La messagère


Toi ma morte ma bien aimée

Du temps as tu reçu tout ton dû

Moi tu sais il faut que je m'évertue

Etre soi-même

Morte es tu

Et moi vivant

Toi pas assez morte

Moi pas assez vivant

Il faut comme toi pourtant

Que j'ai tout mon content

Même si je le cherche dans les nues

Au lieu de le chercher dans les rues

C'est que je ne l'aurais plus sur terre

Ma morte ma bien aimée sois ma messagère

Dis leur que j'arrive

Que je ne saurais tarder

Que mon temps est compté

Et s'ils te rient au nez

Montre leur comme il est laid

Cet homme couvert de plaies

Et sa vie pitoyable

Et si peu louable

Qu'il vaudrait mieux qu'il soit mort

mardi 14 octobre 2025

A la Maison de la Poésie


La poésie est mère de la chanson

La chanson qui est son enfant

Comme tout les enfants de notre temps

Parle mal de ses parents

La poésie mon dieu que c'est ennuyeux

La poésie c'est fait pour les vieux

Et les enfants qui ne pensent qu'à jouer

Font eux de la variété

Qu'ils appellent de la chanson française

Quand c'est en français qu'ils chantent


A la Maison de la Poésie je suis allé

La moyenne d'âge était …

Euh! on va dire assez élevée

C'est qu'la poésie c'est assez relevée

On m'a dit

Mais qui est on 

Des vieux pardi

Des vieux cons

On m'a dit

Au concert de de  djo djo djohnny

Maintenant que tu n'es plus


Ma morte ma bien aimée je ne suis plus

Maintenant que tu n'es plus

Celui que tes yeux voyaient

Maintenant que tu ne vois plus

Celui à qui ta bouche parlait

Maintenant que tu ne parle plus

Et n'existant plus

Ni par tes yeux

Ni par ta bouche

Je redeviens ce moins que rien

Parce que c'était toi mon bien

Qui à mon existence morose

Avais fait voir la vie en rose


Ma morte ma bien aimée je ne suis plus

Maintenant que tu n'es plus

Toi qui n'étais pas ce petit plus

Mais cet extra à ma vie ordinaire

Et ce qui l'animait ne l'anime plus

Cette existence qu'a perdu son jus

Tu n'es pas un chapitre à part et l'histoire continue

C'est moi sans toi l'histoire d'une existence perdue

Pour ceux qui m'aiment pas que j'enterre ma haine

Oh comme tu as aimé il faut à mon tour que j'aime

Mais je reconnais que la mort souveraine

En elle ton autorité ta beauté et ton règne

Maintenant que tu n'es plus


lundi 13 octobre 2025

Pour aller voir si la rose


Ma morte ma bien aimée depuis que tu es partie

j'ai soif de poésie

Moi qui jurai de ne plus jamais écrire de vers

même la queue en l'air

Comme on aime à jouir mais c'était médire

Oui qui peut dire ce que lui réserve l'avenir

Et ma morte ma bien aimée être un poète maudit

C'est ne plus bander pour la poésie

Etre réduit à la prose du quotidien

Las de tout ne plus rien vouloir et s'éteindre

Et sans feu et sans flamme

Du rasoir chercher la lame

Certes il y a des mots qu'ont ne s'est pas dit

Parce que de se perdre ont n'avaient pas envie

C'est qu'ont ne plaçaient pas toujours l'amour

Au-dessus de tout et nous au-dessous de tout

Ont craignaient qu'il nous joue un vilain tour

Alors que des fois ont s'aimaient très fort

Et la poésie prenait le dessus sur la prose

Du quotidien qu'il fallait bien vivre 

Pour que vive la rose

Mais ce que je retiens comme dans une chanson

Ce n'est que le refrain

Que je cherche en vain 

Parce qu'il est trop tard 

Mignonne  dirait Ronsard

Pour aller voir si la rose

Non les braves gens n'aiment pas que...


Les morts je n'aime pas que trop vite on les enterre

Ma morte ma bien aimée

C'était au mois de juillet

C'est qu'on ne voit pas les mois passés

Ta photo du salon n'a pas bougée

Elle te ressemble tant

Qu'on te dirais vivante

Les morts je n'aime pas que trop vite on les enterre

Ma morte ma bien aimée

On est au mois d'octobre

Et je ne t'ai pas oubliée

Ton frère ne voulait pas que ses enfants te vois les yeux fermés

Et moi donc qui te revois ce jour où tu les avais ouvert sur moi

Cela n'était pas une passade

Et non tu n'étais pas malade

On a trop tendance a laisser mourir le feu                                         

Que les morts rappellent les jours heureux

Aux vivants qui n'ont plus que les souvenirs pour se réchauffer

Parlent à tombeau ouvert qui n'a plus rien à perdre et à cacher

Ma morte ma bien aimée je te vois comme si c'était hier

Toi ton franc parler ton naturel et tes belles manières

Tu me disais: "un peu de honte c'est vite passé"

Eux disaient: "c'est votre mère" alors j'ai pensé

A toi ma morte ma bien aimée et à Brassens

Et tu reprenais vie et ce refrain reprenait sens

"Non les braves gens n'aiment pas que

  L'on suive une autre route qu'eux"

dimanche 12 octobre 2025

Promenade sur les bords de Marne


Qu'est-ce qui m'a pris de passer par là

Evidemment que tu es revenue à moi

C'était avec toi que je marchais

Ma morte ma bien aimée

Sur les pas du passé

Mais le passé fût-il heureux

Qu'il ne laisse que tristesse derrière lui

Tout était aux couleurs de l'automne

Il y avait même un vilain soleil jaune

Qui en rien ne réchauffrait mon cœur

Si ce n'est que cette langueur monotone que je devais

A toi ma morte ma bien aimée et aux vers de Verlaine


Des femmes qui me disputent moins le paysage

C'est que je ne me retourne pas sur leur passage

Tout était en carton-pâte 

On m'aurait mordu la rate

Que je n'aurais rien senti

Je vis nonobstant une mère portant son petit et je lui souri

Comme tu lui aurais souri toi qui toujours souriais à la vie

Mais je ne peux pas te cacher que j'en voulais

A l'eau qui coule qu'on ne l'a voit pas couler

Et qu'elle n'ait pas retenu ton corps et ton visage

Parce qu'en la regardant j'aurais pu voir ton image

Plutôt qu'la mienne comme s'y avait qu'moi sans toi

Questions au gouvernement


On ne s'est jamais demandé de quelle quantité d'amour un homme a besoin pour vivre. Au dessous de quel seuil de pauvreté en amour il ne peut plus vivre. Que le cœur de l'homme soit ce déshérité même chez le plus argenté. C'est qu'on n'est pas entré dans la maison de l'homme. Qu'on a aucune idée de là où il vit. Pourtant chaque homme connait dans sa souffrance ce qui le creuse et qui l'habite. Mais dans le bonheur il s'oublie. Et que son humanité est réduite. Et que sa pensée est limitée et viciée. Mais ça aussi il faudrait le mesurer. Mais là aussi il y aurait un seuil à ne pas franchir. Au dessous duquel la vie de l'homme serait en péril. 

Mais ce ne sont pas là des questions a poser au gouvernement. On parlera du repli puéril de l'homme sur sa petite personne. On ne parlera pas là de grande quantité en somme. Mais du seul homme. Du seul homme qui ne semble intéresser personne. A croire que tout le monde se désintéresserait de lui-même. Hypocrisie générale mieux nommé altruisme mon général, par celui qui ne pense qu'à lui. Bilan combien de vivants et combien de morts quand chaque bataille est une bataille électorale et que les hécatombes côté ennemi se comptent en nombre de victoires. Mais c'était un homme. Mais qu'est-ce qu'un homme s'il n'est pas à compter au nombre des hommes qui en fin de compte ne sont et ne compte pour personne.

samedi 11 octobre 2025

En deux mots t'résumer ma vie


En deux mots t'résumer ma vie Voilà

A chaque fois que je bouge j'ai mal 

J'ai souvent été sujet à torticolis

Et à tout ce qui nous tient au lit

Que je n'ai pas su garder tant pis

Mais ma terre c'est une mer agitée

Où qu'ai sans bouger le mal de mer

Quand les autres me donnent pas le tournis

C'est moi qui tournicote seul dans mon lit


En deux mots t'résumer ma vie Voilà

A chaque fois que je bouge j'ai mal

Aujourd'hui je me suis froissé un muscle

A moins que ce ne soit le cœur ce muscle

Fainéant sujet à tourment

Dès qu'il devient mouvant

Mais comme je trouve moi beau l'eau dormante

Oh ma morte ma bien aimée est-ce toi gisante


En deux mots t'résumer ma vie Voilà

A chaque fois que je bouge j'ai mal 

A qui la faute

Je ne jetterais la pierre à personne

Mais si tu te présentais en personne

Je bougerais sans mal 

Et sans faute

Sylvie Coif


Oh ma morte ma bien aimée c'était écrit Sylvie Coif à la devanture de ton salon

Où je suis entré et j'avais (comme je les ai jamais eus depuis) les cheveux long

Si long que ton employée qui s'est retournée vers toi a refusé de me les couper

Je saurais pas dire s'il y avait du monde mais qu'on était bientôt seul au monde

Qu'mes cheveux qui tombaient étaient la première chose que tu as aimé de moi

Qui suis revenu pour te remettre un poème qui parlait de la couleur de tes yeux

Avec mon numéro de téléphone et puis j'ai attendu des semaines avant qu'il sonne

Sans doute qu'on se souvient que d'un coup de fil comme que d'un coup de foudre

J'ai trouvé aussi que ta voix était douce et j'me suis rappelé de ces chocolats

Que tu offrais à tes clients et à moi pas de refus mais on fêtait quoi ce jour-là

On est allé mangé au resto chinois parce que tu voulais pas manger chez moi

Je sais plus si on a fait l'amour avant puis après parce qu'on avait encore faim

L'un de l'autre comme cette nuit des années plus tard et tout aussi inoubliable

Je t'ai tout le temps appelé Sylvie même quand j'ai su que tu t'appelais Denise

Comme on me l'a rappelé le jour de ton décès Sylvie ne figurait pas sur la CNI

Oh ma morte ma bien aimée c'était écrit Sylvie Coif à la devanture de ton salon

Où je suis entré et j'avais (comme je les ai jamais eus depuis) les cheveux long

vendredi 10 octobre 2025

Une femme ça couche


Ça ne fait pas la même chose de se le dire maintenant

Que quand on l'apprend

Qu'une femme ça couche

Mais il faut dire aussi que je l'avais presque oublié

Ces derniers temps où je les vois plus qu'habillées

Et ne suspecte plus rien

Com'quand j'étais gamin

S'il n'y avait pas la télé et le porno sur Internet de temps en temps

De quoi s'éclaircir les idées en se masturbant…de temps en temps

Mais se dire qu'une femme ça couche

C'est comme d'voir sa mère toute nue

Quand on l'a toujours vue qu'habillée ou que le reste on a voulu l'oublier

Mais comment va t-on s'y prendre quand on a aimé pour tout réconcilier 

L'amour et le sexe

A jamais enchaînés

Non ce n'est pas la même chose de s'le dire maintenant

Qu'on est grand et sait qu'une femme ça couche souvent

Un cœur à la place du sexe

Un sexe à la place du cœur

Oh maman toi qui ne m'as pas aimé mais as un sexe dont je suis né

Oh maman quel affreux dilemme pour moi qui sans sexe veut aimer

Une femme ça couche

Une femme ça couche

Mais il faut dire aussi que je l'avais presque oublié

Ces derniers temps où je les vois plus qu'habillées

A toi qui tombes des nues

Une femme ça couche nue

Est-ce qu'il t'les faudrait en léger déshabillé

Juste histoire que toi tu sois pas trop effrayé

Une femme ça couche

Une femme ça couche

Oui fais toi bien à l'idée qu'une femme ça couche

Oui peut-être aussi souvent que toi tu te mouches

Une femme ça accouche

Une femme ça découche

Enfin ne faut-il pas Shakespeare que je sois d'humeur moqueuse

Pour dire qu'être ou ne pas être est qu'une question de muqueuse

jeudi 9 octobre 2025

Le testament


Sachez que ce n'est pas le testament qui me fait mortel

Mais parce que je suis mortel que je fais un testament

Villon Rutebeuf et j'en passe d'autres qui en ont fait un

Mais ce sont des poètes et leurs testaments sont poétique

Ma morte ma bien aimée pas comme le nôtre authentique

Pas que des paroles en l'air

Mais écrites chez le notaire

Le nôtre ma morte ma bien aimée est pareil à celui des humains qui ont un cœur

Et une volonté testamentaire qui voudrait qu'il ne s'arrête pas de battre avec le leur

Mais quelle vie à l'envers

Qu'cette vie testamentaire

Que c'est vache la vie J'en pleure j'en ri

C'est la vache qui pleure la vache qui rit

Moi qui après toi aussi vais mourir

Alors ce sera à un autre d'inscrire

Qui il voudra sur son testament qui à défaut d'être poétique

Sera comme le nôtre ma morte ma bien aimée authentique

Pas que des paroles en l'air

Mais écrites chez le notaire

Sachez que ce n'est pas le testament qui me fait mortel

Mais parce que je suis mortel que je fais un testament 

Le vieil arbre


Tandis que près de la rive

Toujours passe l'eau vive

Le vieil arbre qui fait signe

A toujours plus triste mine

Et la verdeur le quitte

La sève va moins vite

L'écorce est plus grise

Les racines s'épuisent

Il perd ses feuilles

On l'dirait en deuil


Tandis que près de la rive

Toujours passe l'eau vive

Et que petit à petit il s'incline

Toujours ses forces déclinent

Le moindre orage l'abat

Bientôt il est tête en bas

Voyez les racines à l'air libre respirent

Mais tout l'arbre est en train de pourrir 

Enfin à la mairie qu'est-ce qu'ils attendent

Ça peut servir encor le bois qu'on le fende 

mercredi 8 octobre 2025

Je vous connais marchand de beauté


Je vous connais marchand de beauté qui l'avez attachée à la futilité

Mais ma morte ma bien aimée est elle désormais sanglée à l'éternité

Vous voulez qu'on passe toute notre vie à payer le prix de la beauté

Mais ma morte ma bien aimée sa beauté n'est plus à vendre ni à acheter


Elle ne l'a d'ailleurs jamais été sinon pour ceux qui auraient aimé se la payer

Mais c'était sans compter sur l'amour qui n'a pas de prix et que vous avez rayé

De la liste quand ma beauté était de toute beauté et l'amour son meilleur allié

Mais vous marchand de beauté ne l'offrez qu'à ceux qu'ont les moyens de payer


Votre beauté n'est qu'une montagne qui par son énormité

De la voir parait si près à ceux qui lui courent après

Qu'ils croient pouvoir l'attraper à elle cette sommité 

Mais le mythe de la beauté c'est Sisyphe et son rocher


Ma morte ma bien aimée qui pour moi a été la beauté personnifiée

Ce n'est pas parce que c'était un canon que je la veux canoniser

Non! non pas pour sa beauté qui n'était rien à côté de sa bonté

L'une touche le cœur l'autre les yeux elle les deux toute beauté 

J'étais dans ce bus où j'étais souvent


J'étais dans ce bus où j'étais souvent

Il y avait des agents de la RATP

Et moi

Ne me demandez pas pourquoi

Je ne sais pas


J'étais dans ce bus où j'étais souvent

Il y avait des agents de la RATP

Ce que j'ai été parfois

Ne me demandez pas pourquoi

Je ne sais pas


J'étais dans ce bus où j'étais souvent

Et je ne savais pas où allez

Ni qui j'étais parfois

Ne me demandez pas pourquoi

Je ne sais pas


J'étais dans ce bus où j'étais souvent

Seul ou mal accompagné

Il y avait des agents de la RATP

Ne me demandez pas pourquoi

Je ne sais pas


J'étais dans ce bus où j'étais souvent

Moi l'absent

Je répondais présent

Ne me demandez pas pourquoi

Je ne sais pas


J'étais dans ce bus où j'étais souvent

Moi l'enfant

Je répondais à la place de mes parents

Ne me demandez pas pourquoi

Je ne sais pas


J'étais dans ce bus où j'étais souvent

Et tous le monde descend

Et moi je reste

Ne me demandez pas pourquoi

Je ne sais pas 

mardi 7 octobre 2025

L' Etat


Nous sommes tous les parents pauvres de l'Etat

Qui en temps de paix festoie

Mais jamais rien ne nettoie

Nous sommes tous les serviteurs de l'Etat

Nous qui après lui passons

Puis les miettes ramassons

Nous l'avions fait par amour démocratique

Cet enfant prodigue quelle manne publique

Qui dépense sans compter pure prodigalité

Et nous demande des comptes pure inégalité

Mais prions prions prions pauvres pêcheurs

Qu'il n'aille pas se mettre Martel en tête

Pour un oui ou pour un non pour un soupçon

Misère! misère! misère!

Avoir un va t-en-guerre

Puis de notre dessein collectif l'exquis cadavre 

Avoir encore a le recouvrir d'un drap somptuaire 

Puis à le célébrer avec faste et pompes funèbres

Le fou du roi


Je n'accepte pas de vivre un instant qui soit bête et sans joie

Je veux m'envoyer en l'air et s'il le faut cent fois et sans toi

C'est qu'il m'a mis le grappin dessus le Divin ce fou du roi


Je sens qu'il en veut à ma peau à la fois sacrée et blasphématoire

Et dois lui faire part pour les énergies renouvelables du moratoire

Est-ce qu'il croit qu'on va rester sans rien dire et les bras en croix


Il n'y a pas de destins rien que des crétins qu'on abuse sans fin

Je le dis comme ça parce que c'est une idée qui comme ça me vient

Enfin il n'y a rien qui ne vienne que de moi mais bien de quelqu'un

Qui comme moi de mauvais poil s'est couché puis s'est levé ce matin


Que voulez-vous si nous vivons vous et moi des temps moyenâgeux

A moins que je ne me trompe et que ce ne soit des temps nuageux 

Dans un cas comme dans l'autre ils ne nous sont plus avantageux

Et celui qui se tire de là aussi vite qu'il peut dit: soyons courageux!

lundi 6 octobre 2025

Un visage qui ne sourit pas


Un visage qui ne sourit pas

Ce n'est pas un visage pour moi

C'est comme un soleil qui se cache

Ce n'est pas un soleil qui me réchauffera

Ma morte ma bien aimée

Tous ces visages sans soleil

De mon cœur en deuil

Ne sonneront pas le réveil

Et de l'amour au seuil

Restera le mien qui n'est pas gai il est vrai

Mais comme il se sent appelé vers la lumière

Un jour viendra je le sais

Et il aura ton visage d'hier

Alors la mort me sourira

Mais maintenant j'ai froid


CITATION

René Guy Cadou: " On ne sait qui vit / Qui meurt / On est tout à son malheur / D'être encore là / Quand le soleil vole en éclats"

Une fâcherie


Il dit pas être croyant

Mais ce à quoi il croit 

Plus personne ne croit

Cependant ne comptez pas sur moi pour vous le montrer du doigt

C'est que même s'il n'est pas mort il figure déjà dans mon panthéon

Et si je l'aime c'est que j'aime les perdants luttons! luttons! luttons!

Hier nous débattions tout en écoutant des chansons au Pré saint Gervais

C'est là qu'il habitait et que j'aimais me rendre en métro puis en tramway

Population colorée bruyante chamarrée Hôpital Robert Debré je descendais

Dans le passé où je marchais parce que je crois que jamais je n'y retournerais

C'est que je me suis trompé dans sa parenté sa lignée et qu'il n'a pas apprécié

Moi qui croyais que sa famille c'était l'humanité et que le reste ça le faisait chier

Que les histoires de sang n'était rien que des histoires de sperme

Qui méritaient pas qu'on se prenne la tête et se fasse de la peine

Eh bien non il s'est fâché pour un nom qui n'était pas le bon

Non de non de non pour si peu ne faut-il donc pas être con

dimanche 5 octobre 2025

Ma morte ma bien aimée


Ma morte ma bien aimée rien n'a changé en ce bas monde

Toujours l'argent comme musique de fond

Les gens aux taquets comme des coureurs de fond

Et l'eau qui tombe du plafond


Tous les matins je les entends

Ils passent en trombes de vent

C'est le travail qui les attend

Et moi je pense à toi avant


Ma morte ma bien aimée c'est toujours la même chanson

Toujours l'argent comme musique de fond

Et l'amour qui sur sa proie fond

Toujours il y a des faucons et des faut qu'on


Mais qu'est-ce que tu dois être bien maintenant

Au repos tout le temps 

loin de moi et de tous ces gens qui comme moi t'on aimé si "malement"

Pardonne leur pardonne moi c'est qu'on ne sait pas s'aimer autrement


Ma morte ma bien aimée la guerre la misère n'ont pas quitté ce monde

Et toujours ces joueurs en fond de court qui attrapent la balle au bond

Il faut bien s'offrir quelques distractions quand on a quelques ronds

Et c'est qu'ici sur terre il y a quelque chose qui ne tourne pas rond


Mais qu'est-ce que tu dois être bien maintenant

Loin de ton corps et de ses tourments

Tandis que le notre nous pèse comme un poids mort tout le temps

Mais moi je t'imagine sans tes vêtements avec ton âme seulement 

(Dieu que je mens)

Ma morte ma bien aimée c'est toujours le désir qui nous fonde

Aussi que tous ces malheurs à la ronde

Ah si le corps n'était pas de ce monde

Et que l'eau ne tombait pas du plafond


Mais qu'est-ce que tu dois être bien maintenant

Qu'il n'y a plus personne qui t'embête même gentiment

Ça tombe pas mal comme cette queue en dérangement

A laquelle j'espère on demandera plus rien dorénavant


Je jetterai bien quand même quelque sonde

Ma…si le ciel n'était pas un puits sans fond

Comme une pierre qu'on lance d'une fronde

Parce que tu sais ce qu'on est seul au monde

samedi 4 octobre 2025

L'appel du corps


Donne à manger à ce corps 

Assez! Assez! Trop tu sais

C'est qu'moi je ne connais

Que l'appel de ce corps

Et du tien comme tu sais

Parti si loin du mien

Qui ne l'entend point

Est-ce un mal ou est-ce un bien

Que lui ne mange plus à sa faim

C'est que l'esprit doit prendre le dessus à la fin

Que j'me dis à chaque fois que moi je pense à toi

Enfin à ton corps tu sais aussi qu'au mien tu vois

Et à tous ces corps engloutissant gloutonnement

Entends tu toi un autre appel que l'appel du corps

Je t'le demande en te suppliant de parler plus fort

C'est que j'tentend point

Toi qui est partie si loin

De mon corps et du tien

On ne s'étonnera jamais assez


On ne s'étonnera jamais assez de vivre

Ils ont le regard sévère de ceux qui ne meurent jamais

Mais toi ma morte ma bien aimée 

J'aimais comme tu me regardais

Avec ces yeux qui aux cieux s'en sont allés

Et comme ils avaient l'air étonné de vivre et d'aimer

Et comme j'y pense maintenant qu'il ne me reste plus

Que le regard sévère de ceux qui ne meurent jamais

On ne s'étonnera jamais assez de vivre

Mais toi ma morte ma bien aimée

C'est que déjà tu le savais

C'est que déjà je pouvais le lire dans tes yeux

Si bleus comme le ciel est bleu

Si radieux comme le ciel est radieux

Quand il est bleu comme tes yeux

Mais nous deux on sait que ça ne dure pas

Mais eux ma morte ma bien aimée ne le savent pas

Qui ont le regard sévère de ceux qui ne meurent jamais

C'est qu'on ne s'étonnera jamais assez de vivre

Et d'aimer

Mais eux mon amour n'aiment pas 

Comme je t'ai aimée

Comme seul les enfants peuvent aimer

Tout étonné tout émerveillé

Bien sûr ma morte ma bien aimée 

Il y a toujours ici les pommes dans le jardin

Et les matins d'hivers qui ne sont pas si loin

Mais toi ma morte ma bien aimée

Dis moi que là où tu t'en es allée

Ils n'ont pas le regard sévère de ceux qui ne meurent jamais

vendredi 3 octobre 2025

L'amour un bien pas comme un autre


L'être humain n'a que la valeur qu'on lui donne et cette valeur ce n'est pas celle de l'or ni de l'argent c'est celle de l'amour; non pas la plus estimable de toutes mais la plus inestimable de toutes et c'est ce qui en fait justement la valeur à la différence des autres: c'est qu'on ne puisse pas l'estimer. Aussi quand on dit à quelqu'un qu'on l'estime il faut considérer que l'estime à des limites que l'amour n'a pas.

Quant à moi je ferais bien une transaction avec le ciel pour un bien que j'y ai mais d'une valeur inestimable contre tout ce que j'ai d'estimable ici bas y compris moi, si je n'ignorais pas que le ciel se rirait de mes biens comme de moi tous si dérisoires  à côté de ce dernier et c'est qu'ils n'ont pas d'effet sur lui comme l'amour sur moi. L'amour un bien pas comme un autre.

C'est que l'amour ne s'achète pas. Mais je comprends alors mieux pourquoi il y en a qui le vende leur amour et surtout d'autres qui l'achètent. C'est que les hommes ont voulu faire un bien estimable du seul bien qui ne souffre pas de transactions. Et si c'est une affaire c'est une affaire où on aura toujours plus a y perdre qu'a y gagner puisque ce sera toujours mettre d'un côté des biens estimables contre un bien inestimable et que la perte de ce dernier ne pouvant être chiffrée on aura toujours a en faire les frais.

L'enfermement


Je sens l'enfermement partout. Mais tu ne sors pas assez qu'on me dira. Mais c'est que je ne vois pas de sorties. Trop souvent sans doute je suis resté sans sortir. Aussi je serais resté sans l'habitude de sortir. Sortir répondrait à une habitude que je n'ai pas prise. Une habitude apaisante qui ferait qu'on sente moins l'enfermement comme moi je le sens partout. Et qu'aucune sortie ne m'enlève au point que tout ce qui est sortie pour les autres n'est pas sortie pour moi. Et ce qu'ils sont loin de s'imaginer tous ceux qui pensent que je ne sors jamais c'est toutes les tentatives de sortie que je fais. Bien sûr, elles échouent toutes. De toute évidence il y a un enfermement dont je ne sortirais jamais. Le plus fort c'est que je le sens partout et si on me le laisse dire, chez tous. Mais je serais le seul à le connaitre. Aussi que le seul à chercher une sortie comme je la cherche. J'ai toujours espoir cependant que quelqu'un me dise en me voyant si désespéré: vous cherchez la sortie, plutôt que de me dire: tu ne sors pas assez, qui est comme si je refusais de sortir et ce serait qu'on aurait enfin compris que tout mon être aspire à sortir et pas seulement pour sortir, je le dis parce qu'on dirait qu'il y en a beaucoup qui sortent pour sortir, et je le dis aussi pour qu'on sente le caractère définitif qu'il y a à sortir comme moi je peux sentir partout le caractère définitif de l'enfermement. 

jeudi 2 octobre 2025

L'existence intérieure


L'homme qui se répétait inlassablement la question: mais moi qui j'intéresse devait se rendre à l'évidence que cet homme à qui il faisait référence n'intéressait plus personne, quand de plus en plus l'homme qui intéressait tout le monde était celui qui détaché de lui-même serait attaché à son pouvoir d'achat, qui détaché de lui-même serait attaché aux autres, noué dans un nœud inextricable de relations intéressées et intéressant par conséquent l'économique le social et le politique, que dénoué ce nœud il n'intéressait personne, c'est-à-dire personne d'autre que lui-même de qui il serait bien le seul à ne s'être pas détaché.

Jamais il n'y eut homme plus seul que cet homme attaché à son existence intérieure qui sans elle ne se sentait pas exister tandis que tant d'autres qui lui nieraient toute existence n'existeraient que de leur seule existence extérieure qu'ils donneraient eux comme la seule existence véritable et il est vrai que le rapport d'existence si quelqu'un pu en tenir un s'infléchissait régulièrement et fortement en leur faveur, faveur qui lui était donc de plus en plus défavorable. Mais moi qui j'intéresse se répétait inlassablement l'homme intérieur et sa question restait sans réponse car tout le monde s'était détourné de l'homme intérieur pour qui plus personne n'avait d'écoute, seulement tourné vers l'homme extérieur.

Cet homme extérieur était froid et lucide comme totalement détaché de lui-même, de ce qui pouvait donc arrivé à l'homme intérieur, et son existence d'homme extérieur prenait de toute façon tellement le dessus sur celle de l'homme intérieur qu'on ne put bientôt parler que de l'un et de sa seule existence comme étrangère à lui-même; cependant qu'ignorant ce lui-même il ne pouvait en souffrir que de moins en moins de ce qui était en train de lui arriver et c'était sa mort prochaine. Il ne donnait évidemment pas de signes extérieurs d'existence vu qu'il était toute intériorité et pouvait donc être considéré déjà comme mort par tous ceux qui ne connaissaient d'autre existence qu'extérieure.

Resterait donc à prouver cette existence, qu'il eût jamais existé cet homme intérieur, mais dans ce moi qui j'intéresse il y avait comme un cri du cœur, celui d'une existence qui ne pourrait pas se prouver mais bien s'éprouver en chaque jour que l'homme vit et meurt, qu'il est seul à vivre et à mourir parce qu'il n'y aurait pas d'autre existence que mortelle et personnelle si indifférente à l'économique à la société à la politique qui lui rend bien par l'égale indifférence qu'elle lui témoigne à notre homme intérieur quand ce n'est pas la volonté d'en finir avec lui relégué à l'égoïsme du vivant à cet égocentrisme qui serait tout ramener à lui-même tandis que l'on voudrait qu'il se détourne de lui-même pour se tourner vers les autres qui pas plus que lui n'auraient alors d'existence intérieure, produit alors de l'économique du social et de la politique et ainsi par eux infiniment manipulable. 

mercredi 1 octobre 2025

Le chef d'orchestre


J'écoutais du Schubert mais ça aurait pu être du Bach ou du Haendel, enfin tout ça non pas pour faire état de mes connaissances en matière de musique classique mais parce que depuis quelque temps mes recherches m'avaient amener à ces compositeurs, eux et leur musique, simples intercesseurs entre moi et mon âme, car c'est elle seule qu'il m'intéressait d'approcher, connaître par eux la musique de mon âme, car je pensais qu'à chacun la musique devait lui rendre perceptible son âme plus que son âme lui rendre perceptible la musique, à moins que cela ne revienne au même de le dire d'une façon ou de l'autre. 

Mais d'abord on vit dans le bruit et trouve le silence mortel parce que tout le monde ne nait pas musicien ou sourd. Et sans doute voulant se dépêtrer de tout ce bruit l'homme a t-il chercher quelques harmonies pour les écouter dans le plus grand silence, car il fallut d'abord réduire le bruit au silence. L'insonorisation des pièces fit partie du confort moderne comme la chaîne Hifi. Il y a des musiques plus ou moins bruyantes ou dit autrement des musiques qui nous acheminent plus ou moins vers le silence. Il n'est pas étrange alors qu'avec l'âge on s'achemine vers ce silence que la jeunesse trouverait mortel.

Ce qui me dérange cependant avec la musique classique c'est qu'il y ait un chef d'orchestre comme si celui qui produisait cette musique voulait soumettre tout le monde a l'autorité de cette musique et cela à coups de baguette. Puis qu'on entendit tous cette musique jusqu'à la confondre avec celle de notre âme, pauvre âme qui n'en aurait pas entendu d'autres et par là même la prendrait pour sienne, une âme riche serait par conséquent une âme qui aurait entendu beaucoup de musiques différentes et qui n'en prendrait aucune pour sienne. En tout cas moi je m'en prenais au chef d'orchestre plus qu'à la musique que j'aurais voulu libre, affranchi de son autorité de pantin désarticulé (dans sa gestuelle bouffonne).

Pour tout vous dire. J'étais à Dieppe moi qui suis de Paris et m'étonnais à lire cette histoire de femmes qui servaient aux halages des bateaux de pêche, et c'est que de cette musique élégiaque sur le sort des femmes on nous en rebattait les oreilles à Paris depuis quelques années. Je me disais alors qu'il serait peut-être temps de changer de chef d'orchestre. Et ce n'était pas tant que je n'en aimais pas la musique, j'ai toujours eu un faible pour les musiques tristes au point de les confondre avec celle de mon âme, mais je me disais que de ne pas en entendre d'autres c'était peut-être me tromper sur mon âme ou la rendre ou la faire plus triste qu'elle n'était déjà.

mardi 30 septembre 2025

La langue d'Espagne


Tandis que je lisais la langue d'Espagne me revenaient tous les êtres d'Espagne perdus dans le passé et c'était elle comme d'eux désincarnée, comme si leurs corps m'avaient quitté et qu'il ne me restait plus d'eux que leurs âmes toutes contenues en cette langue; comme il y aurait la matière de Bretagne (j'en avais vaguement entendu parlée) il y aurait la matière d'Espagne, mais cette matière d'Espagne serait ô combien plus subtile plus aride aussi et angoissée et désespérée, qui me cognait, et c'était comme deux esprits peuvent se cogner, ou le cœur de l'homme cogner quand il bat plus fort.

De ne plus me rester qu'elle, la langue d'Espagne, il me semblait que je l'avais toujours redouté aussi que souhaité, que ça avait été elle mon premier amour aussi qu'elle pouvait bien être le dernier. Cimutru Joseph, l'ami de mon enfance Kanak, avait tout oublié de moi, mais comme je me rappelais à sa mémoire il rappela à la mienne cet attachement que j'avais non pas pour les siens non plus que pour les miens, sinon pour cette langue dont je me réclamais et que (à l'en croire) j'appelais déjà affectueusement la langue d'Espagne.

Mais les mots de cette langue qui étaient comme la chair de cette langue m'avaient longtemps trompé, comme m'avaient longtemps trompés les êtres d'Espagne et cela pour les avoir aussi beaucoup aimé. C'est une révélation tardive ou un détachement tardif qui me fit comprendre que ce n'était pas vraiment aux mots que j'étais attaché ou pas plus qu'aux êtres ou pas plus longtemps, mais que par contre leur esprit comme l'esprit de la langue d'Espagne continuerait à hanter mes jours et mes nuits, et sans doute est-ce vengeance que de m'exprimer en des termes qui lui sont étrangers et ce serait l'histoire d'une trahison que mon histoire avec la langue d'Espagne.

lundi 29 septembre 2025

Un vernissage


Pour vous j'ai bien voulu me prêter à ce petit jeu

C'est qu'en m'voyant votre compagnon voit qu'je

Enfin que vous avez encore du charme

Mais quant à vos toiles sur La Marne

Maintenant il faut je crois que je vous dise qu'il serait préférable

Que ce que j'ai dit de vous et de votre compagnon vous soit égal

Le peintre doit être a ses toiles comme la courtisane à son voile

Mais dites moi est-ce bien l'art qui a mis son voile sur vos toiles

Si bien que j'crois retrouver Bruges-la-Morte le roman de Georges Rodenbach

Dans ces paysages à peine voilés à moins que je ne sois le jouet de ces reflets

Qui à moi me font voir celle que mes yeux ne peuvent plus voir et vous en effet

En même temps que je crois du cantor de Leipzig ouïr j'sais plus quelle cantate

Un mariage en blanc


Ce devait être le dix de l'an de grâce

Que je perdis mon divorce et la face

J'le dis parce que c'est une belle garce

Dont j'ai depuis perdue jusqu'à la trace


Qui la première a mis mon cœur en cage

J'étais alors encore si jeune et si peu sage

Rien que d'y penser je pleure de rage comme on peut se faire avoir à cet âge

C'est qu'il n'y avait pas que la mariée qui était en blanc mais aussi le mariage


Comme elle elle était médecin

Et qu'moi j'étais moins que rien

Qui ne lui avait fait que du bien

C'tait autant de coups pour rien


Pour sûr qu'elle y laissa son pucelage

Mais demanda au pape selon l'usage

De bien vouloir pourvoir à l'annulation du mariage

Pour avec un médecin pouvoir s'mettre en ménage 

dimanche 28 septembre 2025

Les requins


Vous les requins vous apparaissez de plus en plus humain

Quand les humains m'apparaissent de plus en plus requin

Tant que je ne sais plus dire si ce que j'aime

C'est les humains ou c'est les requins

Que les requins ne sont pas méchants

Eux qui sont requins tout simplement

Est-ce qu'on peut le dire également 

Des humains quand ils sont méchants

Qu'ils sont humains tout simplement

Je les ai connus en Nelle Calédonie sous leur forme ancienne

Je les ai reconnus ici sous leur forme beaucoup plus humaine

Tant que je ne sais plus dire si ce que j'aime

C'est les humains ou c'est les requins

Que les requins ne sont pas méchants

Eux qui sont requins tout simplement

Est-ce qu'on peut le dire également

Des humains quand ils sont méchants

Qu'ils sont humains tout simplement

Les riches


Leurs châteaux et leur tableau de chasse
Que voulez-vous qu'à moi cela me fasse
S'ils sont pareil aux autres qu'ils passent
Tant pis pour vous qui n'avez rien d'autre aimé que votre vie
Si eux se sont donnés à tout ce qu'ils ont aimé toute leur vie
Moi je dis grand bien leur fasse
Mais de leur vie n'ai nulle envie
Que tout riche prenne un pauvre sous son toit
Mais je ne serais pas moi de ceux qui croient
Que combattre la richesse
C'est combattre la misère
Faites ce que vous voulez j'ai pas à vous faire la morale
Mais c'que je crois c'est qu'il y en a beaucoup qui râlent 
Et que c'est parce qu'y ne sont pas riches
Quand tous  y courent comme à la niche
Et puis la richesse qu'est en vous
Que vous cherchiez hors de vous
Non plus qu'elle est au fond du puits
Puisqu'elle est qu'en vous et qu'en lui
Quant aux richesses de ce monde
Après que vous dans votre tombe
Elles seront encore de ce monde
A moins à moins…qu'une bombe

samedi 27 septembre 2025

Les amis


Ils sont beaucoup d'amis les méchants réunis

Que j'aimerais que se rassemblent les gentils


A croire qu'ils sont tous été mis au petit coin

A moins que des méchants ils soient mis loin


C'est pourquoi l'monde mon fils

C'est pas le monde des gentils


Et si toi tu veux pas en faire partie

Il suffit alors que tu sois un gentil


Trop gentil trop bête comme on dit

Et toute l'histoire mon fils le vérifie


Leur histoire qu'est pas vraiment l'histoire des gentils

Mais des méchants à chaque fois qu'ils se réunissent


Et c'est ce qu'ils appellent eux un événement historique

Et c'est à chaque fois que dans notre vie ça s'complique


C'est vrai qu'ils aiment beaucoup entre amis faire la fête

C'est qu'il y a pas mieux que la fête pour habiller la bête


Alors écoute moi plus que tout méfie toi de leurs fêtes mon fils

Qui se terminent en orgie ou massacre de la Saint-Barthélemy


Et plus encore de cette fête qu'ils aiment bien appeler la fête de l'humanité

Où on serait tous frères tous réunis en un camp au taux élevé de mortalité


CITATION

Rutebeuf: "S'il n'est des leurs,/Faux semblant et morte couleur/Emportent tout, ç'en est douleur/Et grand contraire,/Les doux, les francs, les débonnaires,/A qui l'on aimait tout bien faire,/Sont en disgrâce;"

On est démocrate jusqu'aux yeux


On est démocrate jusqu'aux yeux

Mais où est-ce qu'on est le mieux

C'est chez nous parbleu

Mais chez nous c'est où

Sous l'ancien régime

Avec ses privilèges

Avec ses despotes

Où on accueille de préférence

Des princes et des rois

Pas des misérables et des gueux

Où l'amour est roi

Et ceux qu'on n'aime pas sont en disgrâce

A notre table pour eux il y a pas de place 

Les mets sont riches si la maison est riche

Et si la maison est riche la maison reçoit

C'est l'ancien régime le régime bourgeois

Et si on n'y parle démocratie

Ce n'est pas sans hypocrisie

vendredi 26 septembre 2025

Le palimpseste


L'eau s'est remise à tomber du plafond

Elle coulait déjà du temps de ma femme

Et comme dit la chanson elle coule toujours


Il y eut cependant une interruption brève

Le temps d'un enterrement ou d'une trêve


Puis elle s'est remise à tomber de plus belle

Comme si elle pouvait être hostile et rebelle


J'aime à croire que c'est elle

Qui me dit je suis là du ciel


Oui cette eau qui tombe dans la bassine

Faut pas qu'on croit qu'elle me bassine


Que c'est la goutte d'eau du supplice

Et que je voudrais que ça en finisse


Je sais que c'est son esprit qui se manifeste

Mais il faut savoir lire comme un palimpseste

Qu'est-ce qu'elle est belle


Qu'est-ce qu'elle est belle

Je leur dit que je veux vivre avec elle

Ils me disent qu'ils me comprennent que oui qu'est-ce qu'elle est belle

Mais que je peux pas y toucher juste regarder qu'est-ce qu'elle est belle

Comme on regarde un tableau au musée qu'on a pas le droit de toucher

Enfin que je leur répète c'est que je veux vivre avec elle

D'accord qu'ils me disent mais il faut savoir

Y faut savoir quoi qu'auprès d'eux je m'enquis

Que son avenir c'est barré ou est barré qu'y me répondirent

Et que son présent est inexistant

Mais que si j'voulais je pouvais bien aller la rejoindre dans le passé

C'est comme ça quand on perd quelqu'un

C'est qu'il s'est égaré dans le passé

Des bobards que tout ça que je leur rétorquai

Mais c'est vrai que quand je l'ai revue

Je veux dire une fois qu'elle est partie

C'est comme quand j'l'avais connue qu'elle était

Et qu'il y avait longtemps que je ne l'avais pas vu comme ça

Et j'me dis qu'y m'ont compris que qu'est-ce qu'elle est belle

On aurait dit qu'elle avait rajeuni

Que je n'en croyais pas mes yeux

Seulement comme y m'avaient dit aussi je pouvais pas y toucher. 

jeudi 25 septembre 2025

Si murir


Si murir

C'est un peu mourir

Je préfère l'innocence qui m'a fait 

Avoir tant d'amis parmi mes ennemis

Si murir

C'est un peu mourir

Je préfère le fruit vert

Au fruit qui a trop muri

Si murir

C'est un peu mourir

Je préfère la fleur au bout du fusil

Qu'au bout de la branche le fruit

Si murir

C'est un peu mourir

Je préfère mamie

Ne plus penser à l'Algérie

Si murir

C'est un peu mourir

Je préfère ne pas tomber de

L'arbre comme un fruit mur

Si murir

C'est un peu mourir

Je préfère ma vie

A celle d'autrui

Si murir

C'est un peu mourir

Je préfère chaque année maudire 

Celle qui passe et me fait vieillir

Si murir

C'est un peu mourir

Je préfère être

Qu'avoir été

Si murir

C'est un peu mourir

Je préfère mourir 

Sans un peu murir

Qu'est-ce que le réel


Qu'est-ce que le réel

Quand tout se mêle

Et le transport en commun 

Est-ce

Le commun des mortels dans un train

L'annonce aux voyageurs

Les voix qu'on entend à peine

Celles qu'on a dans l'oreille

Celles qu'on a dans l'oreillette 

Qu'est-ce que le réel

Quand tout se mêle

La buée sur les vitres

Derrière le paysage qui défile 

Et s'arrête avec

L'ouverture automatique des portes

Les gens qui entrent

Les gens qui sortent

Tous ça pêle-mêle

Et tout le monde

Qui en a ras la casquette

De tout le monde

Est seul

Tout le monde

Est seul

Avec tout le monde

Est-ce le transport en commun

Que ça ça s'appelle

Qu'est-ce que le réel 

Quand tout se mêle

Dans la tête de qui voit bien

Que tout le monde en a ras la casquette

Et que chacun a son univers

C'est transparent 

Et c'est comme

La buée sur le verre

On y voit rien au dehors

On y voit rien au dedans

Sans la percée de la goutte d'eau

"Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville"

C'est Paul Verlaine et c'est l'automne

Qu'est-ce que le réel 

Quand tout se mêle

Et chacun a son visage

Et chacun a le visage de tout le monde

Impossible de se reconnaître

Il y a quelque chose de personnelle

Il y a quelque chose d'impersonnelle

C'est comme au sortir d'un rêve

Qui se rappelle

Quand tout s'efface

Quand tout se mêle

Qu'est-ce que le réel

Puis il a secoué sa peine

Qu'il a pris pour de la gangrène 

Que tout le monde secoue sa peine

Avant que ça gangrène tout le monde

Et le transport en commun

Est-ce

Cette peine mortelle dans le train

Ces larmes de pluie sur les vitres

Et ce qui se peint sur les visages

Qu'est-ce que le réel

Quand tout se mêle

mercredi 24 septembre 2025

Non je ne suis pas fait pour cette vie


Non je ne suis pas fait pour cette vie ma bien aimée

Où tout meurt et tout renait 

Non moi je ne suis pas prêt

De renaitre de sitôt après cet été et cette journée


On dirait que ma voix est monotone

C'est que je l'accorde à l'automne

Mais comme je la veux atemporelle

Quand elle est comme toi mortelle


C'est que je n'ai pas dit mon dernier mot parole de mécréant

A qui me disait poète quand je n'étais seulement que méchant

Un méchant poète certes mais qui t'aimait tant et tant

Si ça peut se mettre en vers ou même en verlan j'tente


C'est ce qui fait de Tristan un Tantris

De ce temps sans Iseult un temps triste

Aussi que moi qui suis à l'automne de ma vie

Depuis que cet été toi sans moi tu es partie

Toi si belle autrefois


Toi si belle autrefois que j'ai perdue récemment 

je me demande quel visage intérieur

Dans dix ans tu auras dans mon cœur

A lui quelle semblance à toi quelle ressemblance


Que les morts vont mourants

C'est ce que je ne sais pas

Ni quelle vie tu as là-bas

Loin de moi et des vivants


Peut-être que déjà en moi je cherche pour toi un petit coin

Où te caser pour l'éternité à laquelle je n'appartiens point

J'y viendrais souvent cependant sachant que t'as pas bougé

Pas plus que les morts ne bougent et que moi je vais bougé


Mais entre-temps il me faut penser à toi et j'y pense tout le temps

Quand j'ai un moment à moi je te le donne volontiers momentanément

Momentanément je mens aussi volontiers pour ne pas te faire de peine

C'est que je sais que les morts souffrent encore de notre sans gêne

mardi 23 septembre 2025

Les drapeaux


Les drapeaux sont des bouts de chiffons qui donnent lieu à des batailles de chiffonniers

Quoiqu'on puisse en penser de bien et même si bien ordonnées et même bien planifiées


Si l'on peut encore aimer les drapeaux cela serait pour les couleurs arborées

Alors pour moi le plus beau serait celui aux couleurs si gaies et si abhorrées 


Mais enfant ce que j'ai pu aimer les drapeaux que je désignais avec bonheur

Et c'était en citant leurs pays et leurs capitales que je connaissais par cœur 


Il faut me pardonnez comme à tout ce que je croyais j'étais dans l'innocence de l'âge

Que les méchants se rangeaient d'un côté et de l'autre on me rangerait si j'étais sage


Et que j'aimais dire bleu blanc rouge ces paroles qui claquaient comme un drapeau au vent

Je ne nie rien mais je suis seulement chagrin de ce que pour un drapeau on a versé de sang

La fin des temps


C'était le bruit du vent comme j'avais entendu enfant

Quand approchait l'œil du cyclone et c'était un géant

Mais par la fenêtre je vis dehors que tout tenait bon

Arbres voitures maisons et les toitures et frondaison

C'était comme un impensé de ma pensée et je m'en voulais à tel point

Que je m'en pris à moi-même que rien n'inquiétait moins que la nature

Toujours à son poste depuis que je suis au mien dans l'habitat humain

Aurais-je senti comme sentent les bêtes le naufrage de la planète

Ou serait-ce ce que ces derniers temps on nous a mis dans la tête

Qui aurait en moi qui jusque-là ne doutais de rien fait son chemin

En moi qui n'avais toujours eu que des adversaires à ma mesure

Et me demandais si j'en aurais un de plus redoutable en la nature

Mais ce n'est pas pour rien qu'a été donné la parole à l'homme

Que je me rassurais en disant ce que n'ignorent personne

C'est que du vent c'est que du vent c'est que du vent c'est

Qu'il y eut un grand effondrement 

Qu'on aurait dit la fin des temps

lundi 22 septembre 2025

La fin d'un rêve


J'ai un frère il parait mais qui ne parait plus

J'ai aussi un père qui parut et ne parut plus

Et cette mère à nulle autre pareille

Mais c'est pareil elle n'apparait plus

Et une femme qu'un jour m'ait apparu

Et qui désormais ne m'apparaîtra plus

C'est que ma vie est comme un rêve

Et que désormais je ne rêverais plus

Un rêve on sait jamais comment ça commence ni 

Avec 

Qui mais quand ça s'arrête tout le monde est parti

La Nouvelle Calédonie


Ô prairies sauvages plages goyaves

Ô toi Nelle Calédonie ma rage Kanak

J'ai mordu ta poussière

Elle était rouge 

Et la couleur du malheur

Elle était noire

Faites pas chier 

Donnez la leur

Cette terre de malheurs c'est la leur

Elle est à qui y vit

Et plus qu'à qui y vit à qui y meurt

Et dites moi qui plus qu'eux y meurt

C'était le bagne

Pas hypocagne

Louise Michel

La rouge ( comme on l'appelle )

Je vous l'ai dit la Nelle Calédonie

C'est rouge et c'est noire

Pas Le rouge et le noir de Stendhal

Ni nos ancêtres les gaulois

Comme on apprend aux petits Kanak

C'est rouge parce que sa terre

Est rouge

C'est noire parce que sa peau

Est noire

dimanche 21 septembre 2025

De t'écrire je suis en mal


De t'écrire je suis en mal

Je n'ai qu'un pauvre arsenal

De phrases plates et banales


Que je fasse alors comme tout le monde

Que j'aille mettre des fleurs sur ta tombe

Je préfère avec des mots faire une ronde


Et qu'on y danse qu'on y danse c'est enfantin

Je sais mais il n'y a que cela qui me revient

Faut toujours que ça finisse en eau de boudin


J'ai beau me démener comme un beau diable qui s'enferre s'enferre s'enferre

Même si je sais bien que pour te retrouver c'est pas comme ça qu'il faut faire

Et que pour que j'approche de toi je dois élever mon esprit trop terre à terre


Mais il faut que je te dise c'est moi qui aie voulu que ça en finisse

Ce n'était pas possible que dans ta chair si aimable on te martyrise

Enfin à toi curieuse de l'Egypte je demande que te rende visite Isis

La pensée


Qu'un homme seul peut mal penser. C'est que sa pensée n'est pas corrigée par la pensée des autres pensées. Chaque pensée n'étant qu'une empressée a donner à l'autre pensée une sévère correction. Aussi il n'y a d'autre pensée que corrigée. Et nous n'aimons pas tant la pensée que sa correction. Aussi une pensée non corrigée nous apparait fort déplaisante à nous qui n'avons alors de hâte que de la corriger. Il n'y a pas d'autre incitation à penser. Une pensée est alors d'autant plus correcte qu'elle a été de fois corrigée, approche la perfection en vue du nombre de corrections qu'elle a reçue. Comme nous aimons les pensées corrigées. Au point que nous appellerons pensée pure la pensée qui a force de corrections aurait été purgé de toute pensée, une pensée qui serait pure correction. Je n'ose trop y penser.

Qui se fait encore une fête de penser si pensée faite est aussitôt défaite, si la pensée est fête et est défaite. Oui qui se réjouie encore de penser oublie de quoi est faîte la trame de la pensée qui ne prend plus de poissons dans ses filets. Imaginez un filet à qui on ne laisserait pas le temps d'être filet parce qu'aussitôt fait aussitôt défait. Pauvres pêcheurs. Pauvres penseurs. Et inutiles censeurs. La pensée fait bien assez de mal comme ça aux penseurs pour qu'aussitôt faite il ne pense pas aussitôt à s'en défaire. A moins qu'ils ne soient comme ses pêcheurs sur la jetée constamment à repriser les mailles de leurs filets, c'est tout un art, c'est tout un métier. Malin poisson qui ne s'y fait pas prendre.

Celui qui assoit sa pensée dans le langage est comme celui qui s'assoit sur n'importe quel siège qui n'est pas davantage fait pour lui que pour un autre, aussi sa pensée n'y trouve pas une place plus personnelle que la pensée de n'importe qui d'autre que lui qui s'y serait assis avant lui comme en même temps que lui: il s'y accommode, accommode sa pensée au langage plus que le langage à sa pensée; mais celui qui écrit est comme celui qui est assit le cul entre deux chaises: la chaise du langage et la chaise de sa pensée, autant dire qu'il n'y a pas de position plus inconfortable, plus intenable. 

samedi 20 septembre 2025

Les orphelins


Je me laisserais plumer

Par qui toi tu as aimer


On dit qui aime bien châtie bien

Quand de toi ont pris grand soin


Qui ni par vocation ni par amour

Compagnons de tes derniers jours


Sont sans toi restés à ma merci

Ceux qui avec moi te remercient


Simplement pour avoir été

Tout le temps à nos côtés


Toi de ta gaieté

Nous a tant gâté


Que nous pauvres ères

Avons perdus une mère


Il y en a un qui te faisais bien rigoler

C'est un drôle qui ne sait plus où aller


Il y en a une qui te sortais au café

Te donnai à manger et aussi t'a lavé


Et ya moi pas le plus gentil des trois

C'était parce que je t'aimais je crois


Et si aucun de nous n'est un saint

On est tous restés de toi orphelin

vendredi 19 septembre 2025

Ô morts envoiturés


Ô morts envoiturés

Le chuchotement des voitures

Glissant comme une fermeture

Eclair dont on verrait la boucle de fer

Qui peut bien être celle d'une ceinture

Qui vous frappe et qui vous blesse

Et de l'enfance ces meurtrissures

Et plus graves blessures de l'âge

Ah le mal de mer en tuture

Qui à l'enfant à l'arrière

Donne matière à vomissures

Vie pas encore accidentée

Vie pas encore envoiturée


Ô morts envoiturés

Les feux oranges et rouges de vos soleils couchants

Et vos stops faits marquants coups d'arrêts

Aux flots incessants (de vos attouchements)

Mais vous toujours rebondissants (presque méchants)

Comme un moteur qui a calé redémarrez

Appuyez sur vos cale-pieds  accélérez

La mort est à vos trousses

Vous allez tambour battant

Au son des claixons en rangs serrés

Mais la circulation du sang envoituré

Ne peut pas couler car trop coagulé

Combien vous avez du mal à circuler


Ô morts envoiturés

Voyez-vous passer en voiture

Comme vous avez fière allure

Sur le pont de vos vingt ans

Vous étiez déjà trop pressés

Et votre vie pas si cabossée

Et la voiture pas accidentée

A l'Argus était encore cotée

Quand déjà je vous vomissais 

Vous votre vie votre voiture

C'est que je suis pas vature

Moi qui ne serait jamais envoituré

Reste à définir le verbe envoituré


NB (ou petit lexique à usage domestique)

Définition du verbe envoiturer: qui se conduit comme une voiture ou qui se prête à la conduite en voiture.

Le claixon ou clairon des voitures en rangs serrées enrégimentées. Vature pour mature et voiture.