Si l'amour est don de soi, désintéressé, on ne devrait pas souffrir de l'amour; ce qui amène à penser que ce qui souffre en nous c'est ce qu'il y a d'intéressé en nous et qui ne serait pas don de soi mais désir de l'autre et sur l'autre, d'appropriation, qui ne trouverait pas satisfaction.
On ne peut pas ne pas penser à la définition de l'amour de Spinoza: "L'amour est une joie accompagnée de l'idée d'une cause extérieure" aussi qu'à son conatus qui est effort de persévérer dans son être, parce que lié chez Spinoza aux deux affects: joie et tristesse.
Tout facteur qui vient augmenter notre puissance d'exister, et donc favoriser notre conatus, provoque inévitablement un affect de joie. Si ce facteur c'est cette cause extérieure, l'être cher, il nous serait cher en cela qu'il vient ajouter à notre puissance d'être sa puissance d'être.
Par lui on se sentirait augmenté, sans lui on se sentirait diminué; c'est par cette puissance de l'amour dont on se sentirait investi ou abandonné et qui donnerait à notre être joie ou tristesse, jubilation ou déréliction.
Mon ami était prêt à tout pour sa femme, à tout sacrifier, jusqu'à son propre plaisir, mais voilà, elle est partie. Dites moi en quoi se plaindrait il qu'elle soit partie s'il ne faisait plus rien pour lui sinon tout pour elle, quand il n'aurait plus à faire un tel sacrifice.
Car qui est capable de cet amour désintéressé allant jusqu'au don de soi comment pourrait-il en souffrir quand il lui est refusé. Voyez un sacrifié sur l'autel du sacrifice et le prêtre lui laisser finalement la vie sauve; je le vois mais ce n'est pas se plaindre sinon remercier.
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