Louer ou vilipender, porter aux nues ou mettre plus bas que terre, n'est pas dialoguer; et rétablir le dialogue avec nos illustres prédécesseurs n'est pas davantage en dire que du bien qu'en dire que du mal.
J'ai déjà beaucoup citer et en bien Ortega y Gasset mais je n'ai pas beaucoup aimé entre autre trouver sous sa plume "Este vivir el hueco de la propia vida fue la restauración." et ce n'est pas que j'ai un faible pour la restauration (en Espagne comme en France).
Mais je vois là plutôt la bride de la société, de ce qu'une société se trouve à certaine époque plus qu'à d'autre bridée de ce qui en fait la force et c'est l'individu; à sa force, à sa percée qu'elle s'est fermée, parce que d'elle et de lui s'est trop protégée, blindée la société.
On se plaint qu'il n'y a plus de génies comme qu'il n'y ait plus de personnalités hors du commun, faudrait-il attendre les guerres pour en appeler à leur force parce qu'en temps de paix cette force qui est d'intelligence ou de tempérament on la craindrait et s'en défendrait.
Je n'aime pas ces jugements sur la société comme si elle était faite d'une seule personne qu'on appellerait l'Etat ou le gouvernement et ses institutions, qu'il n'existerait personne à part eux, ce qui est nié l'existence de l'individu.
Et ce que la société a trop tendance à faire il arrive qu'elle le fasse tout à fait. Alors, plus de génies, plus de grands hommes, plus que cette intelligence dont parle Ortega Y Gasset.
"chargée de susciter et d'organiser les intérêts tranquilles et statiques, comme le bon gouvernement, l'économie, l'augmentation des moyens, de la technique". Il l'aurait voulu pour l'Espagne de la Restauration. Qui la voudrait pour la France d'aujourd'hui ?
Et c'est à tous les niveaux que la société se sent bridé quand elle est bridée, pas une partie libre en elle et qui ne bouge librement, et jamais on a autant parlé de liberté, ne serait-ce pas parce qu'on s'en sent privé ou plus précisément parce qu'on ne la sent plus.
C'est que toute liberté est liberté de respirer et que toute liberté de respirer est comme une expansion de l'être quand il n'y a plus que recroquevillement ou rétrécissement de l'être, un être essoufflé, asthmatique, allergique dans la société de toutes les allergies.
Le bûcheron de La Fontaine qui "Sous le fait des fagots aussi bien que des ans/Gémissant et courbé marchait à pas pesant" ne sentait pas la bride de la société de qui va soupirant, hoquetant, de qui, s'il est toujours le moteur de la société (et c'est ce moteur qui est bridé), n'est plus qu'un moteur hoquetant.
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