Une société individualiste. Une société de masse. Il faudrait savoir. Ce que l'individu fait de lui même n'est pas toujours beau à voir, mais ce ne sera qu'un individu parmi tant d'autres qui s'en distingueront. Par contre, ce que la société fait de l'individu c'est tout sauf un individu.
Au mieux c'est l'être social dont elle nous rabat tant les oreilles. Au pire c'est l'homme masse dont le philosophe espagnol Ortega y Gasset fit dans son œuvre majeure, La révolution des masses, un portrait qui n'est pas des plus flatteurs pour l'homme.
Ou encore dit autrement: que l'homme soit livré à lui-même passe encore mais qu'il soit livré à la société… parce qu'il n'est alors même plus lui-même, il est dépossédé de lui-même, il est aliéné.
On peut alors en faire ce qu'on veut et ce qu'on a voulu en faire l'histoire nous l'a rapporté et ce n'est encore pas très glorieux pour l'homme, mais c'est que ce n'était pas un homme, seul l'individu restait un homme, l'individu qui résistait et résiste toujours à la société.
A la société et ce qu'elle veut faire de l'homme, à la société quand elle s'en prend à l'homme, à cet homme qui a su garder son individualité qui est particularité, qui est singularité, qui est toujours l'autre dirait Emmanuel Levinas, jamais mon semblable.
Et chacun doit creuser en lui-même pour se dégager de la matière brute qui est l'homme masse, pour sortir de la masse qui est la matière première de l'individu mais pas encore l'individu tandis que la société voudrait qu'il se fonde à la masse.
Il n'est pas facile d'être un homme et il faudrait parler du dur métier d'être un homme aussi bien que parlait Alain des métiers de l'homme et c'était souvent des artisans; eh bien l'homme doit être son propre artisan, sculpter l'homme comme le culturiste sculpte son corps.
L'uniformité c'est la difformité. Et au deux mène la société. C'est par la vie, travaillé par la vie, sculpté par la vie, buriné par la vie, par les éléments de la vie, qui lui donne une forme, un aspect inusité voire à anfractuosités nombreuses et variés, que se profile l'homme.
Il ne faut pas que tout ce travail de la nature soit gommé par la société parce que la préservation de l'espèce passe par la préservation de l'individu. On le sait bien: il suffit d'un homme pour sauver l'humanité. Encore faut-il que cette humanité soit faite d'individus.
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