Tout le monde pourra s'il le veut aller lire de belles choses sur la société aussi que sur la politique et c'est que la société serait idéalisée par la politique et que la politique serait l'idéal de la société, que tous les deux se renverraient la balle qui est toujours dans leur camp qui est celui de la société et de la politique.
Et ce serait en effet l'idéal: une politique idéale dans une société idéale, rendue idéale par une politique idéale. Mais qu'en est-il de la réalité? Qu'en est-il de la société? Qu'en est-il de la politique? Qu'en est-il dès que l'on se met à parler politique?
La conversation commence alors à s'envenimer, la politique comme un poison qui envenimerait la société. Les meilleurs amis au monde peuvent se fâcher en parlant politique. On dit que tout est politique mais les meilleurs amis au monde ne se fâcheront pas s'ils ne parlent pas politique.
C'est ce qu'a choisi un de mes amis non dépourvu d'intelligence: de ne jamais parler politique avec moi. C'est déjà une longue amitié que la nôtre. On peut parler de choses et d'autres qui ne sont pas forcément la pluie et le beau temps, de choses humaines.
C'est que les choses humaines diffèrent des choses de la société, et si ce n'est pas toujours mais souvent de par leur nature qu'elles diffèrent ça l'est toujours par le traitement qu'elles reçoivent qui n'est pas un traitement social mais humain.
Si l'on se met par exemple à parler entre hommes des femmes on n'en parlera comme des hommes qui traitent directement avec les femmes, qui ont un rapport direct avec les femmes; et non pas du rapport aux femmes de la société ni de comment la société traitent les femmes mais comment nous les traitons et qu'elles nous traitent à nous.
Si par contre vous entendez quelqu'un parler politique dites vous bien que ce n'est pas lui que vous entendez parler mais la société; autant allumer la télé, lire les journaux, vous tenir informé; il n'a rien à vous apprendre de l'homme qu'il est et de comment cet homme pense sinon de la société telle qu'elle se montre et se donne à penser.
La traitrise, le coup de poignard dans le dos que reçoit l'homme de la société c'est qu'elle se montre et se donne à penser à sa place, à la place de l'homme, de tous les hommes qu'elle se dit représenter, quand elle ne représente qu'elle même qui n'est pas humaine. Seule la dépolitisation de la société rendrait la société plus humaine.
On dira voilà l'individu individualiste qui s'en prend à la société, et ce ne sera pas faux tant que la société vivra de la haine et de sa propagation, de guerres plutôt que d'amours; tandis qu'à l'homme plus que la société c'est l'amour qui lui est indispensable.
Et voyez ce que dit Ortega Y Gasset de l'effet de l'amour sur l'individu: "Hay, por consiguiente, en el amor una ampliación de la individualidad que absorbe otras cosas dentro de esta, que las funde con nosotros".
Platon qu'il cite, et toujours dans le sens de cette ampliation de l'individu par l'amour, parlera de l'amour comme un divin architecte qui serait descendu sur terre afin que tout l'univers vive connecté.
Qui ne préfèrerait pas la connexion par l'amour à la connexion par Internet. Quant à la société elle semble plus favorable aux dissensions, aux oppositions (politiques), à diviser pour mieux régner, qu'à nous unir par l'amour, qu'à nous faire nous aimer les uns les autres. Non, ce n'est pas le message de cette société; en tout cas pas de cette société et de sa politique.
CITATION
Cool memories de Jean Baudrillard: "De toute façon nous sommes voués au coma social, au coma politique, au coma historique. Nous sommes voués à la disparition anesthésique, au fading sous anesthésie […] disparaître comme des ectoplasmes que personne même, immunisé, n'aura envie plus tard d'évoquer pour se faire peur."
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