Il n'y a peut-être pas d'autre personnalité que de la pensée. On ne peut nier que tout le monde pense. On ne peut non plus nier que tout le monde ne pense pas pareil. Cependant il faut la meubler cette pensée.
Sinon elle est toute occupée de certitudes, ce qui veut dire d'opinions. Et qui pensait penser, se découvre une pensée toute faite de certitudes, c'est-à-dire d'opinions qu'on dit aussi d'opinions toutes faites, se découvre n'avoir d'autre pensée que la pensée des autres.
Quand on parle de personnalité de la pensée on parle d'une pensée personnalisée et ce ne sont évidemment pas les opinions, c'est-à-dire les autres qui participent à cette personnalisation de la pensée.
C'est que dire personnalité de la pensée ne veut pas dire, contrairement à ce que l'on entend par là, avoir une personnalité affirmée. L'ont sans doute davantage affirmée ceux qui l'ont toute occupée d'opinions, ces certitudes lui donnant tout son caractère qu'on dit alors affirmé.
Par contre ceux qui l'auraient meublé de connaissances, pour ne pas dire ainsi constituée, parce que comment imaginer qu'il y ait une pensée sans connaissances, et s'entretenant d'elles comme les faisant s'entretenir entre elles, paraissent souvent douter.
C'est que le savoir n'est pas certitudes mais questionnements, aussi la personnalité de la pensée est une personnalité ouverte par opposition à une personnalité fermée sur ses opinions ou certitudes. La première est aussi changeante, évolutive, tandis que la seconde est définitive.
D'où le caractère plus marquée de la seconde qui l'emporterait sur la première au point qu'elle seule on considère avoir de la personnalité; quand il faudrait encore distinguer la personnalité humaine et la personnalité de la pensée.
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