Etre Français ça se mérite. Mais être un homme tout court ça se mérite. Et tout homme en cela qu'il mérite d'être un homme mérite d'être Français. On ne pourrait pas dire par contre de qui ne mériterait pas d'être un homme qu'étant Français il mérite de le rester. De même celui qui en prison se plaint de vivre en cage a t-il mérité de vivre en liberté qui est le propre des hommes et non pas des bêtes sauvages. C'est en quoi je dis qu'être un homme se mérite et que c'est ce mérite que l'on devrait exiger à tout homme plutôt que celui d'être Français, le mérite d'être un homme libre (et c'est un pléonasme de le dire ainsi car un homme ne peut et ne doit être qu'un homme libre).
Il faut savoir que la naissance de l'individu tel qu'on l'entend aujourd'hui, de la personne humaine, qui se distingue non seulement de l'animal mais aussi de tout autre que lui, qui par exemple serait en prison quand il est en liberté; et il ne faut pas interpréter mes propos comme trop durs pour qui est en prison, bien que pour une fois ils ne plaident pas pour lui mais pour celui qui est en liberté, car il est aussi dure pour lui d'être un homme, parce que cela se mérite comme la liberté, parce que cela n'est pas donné à la naissance, et est un combat de tous les jours, un combat d'homme non seulement pour l'être mais pour le rester libre et un homme.
Mais revenons à la naissance de l'homme tel que tous nous l'entendons aujourd'hui car il n'aurait pas toujours existé ainsi, été un homme ainsi, c'est-à-dire en en payant le prix fort à la société qui l'a fait naître: celle qui lui laisse un certain espace vital propre qu'on appelle aujourd'hui sa vie privée. Parlons d'un peu avant nos démocraties, de cette théocratie dont Maria Zambrano dans Persona y democracia dit que "La première révolution démocratique connue serait celle en vertu de laquelle chaque homme a une âme -la sienne propre ici sur la terre- et aurait été accomplie en Egypte par Osiris." Puis d'ajouter: "Elle ne l'a pas donnée (cette âme) simplement à chaque homme, sinon seulement à ceux qui s'initiaient à ses mystères et suivaient une règle de vie."
Il en va toujours ainsi de nos sociétés qui ont des règles, et si "c'était un privilège alors d'avoir une âme" ( Seguia siendo un privilegio, pues, tener un alma"), c'est toujours un privilège, je dirais un mérite, d'être un homme, d'être un homme qui a une âme plus que d'être un Français qui n'aurait pas d'âme; aussi qui a ce mérite d'être un homme mérite amplement d'être un Français surtout si l'on considère ceux qui étant Français n'auraient peut-être même pas le mérite d'être un homme si au lieu de s'en tenir aux papiers on s'en tenait aux qualités propres à tout homme digne de ce nom. Bienvenue en France qu'on dirait alors à cet homme, parce que des hommes comme toi on en manque, parce qu'en France (et ce que je dis pour la France vaut pour l'Espagne, pour les Etats Unis, et tout autre pays que j'aime tout autant) on ne manque pas de Français mais on manquerait d'hommes qui aient une âme et des règles de vie, autrement dit une conduite humaine.
CITATION
"la polis podria haber dicho a sus ciudadanos: "de que seas hombre depende mi existencia"" écrit Maria Zambrano dans Persona y democracia, mais je remplacerai la polis (cité état dans la Grèce antique) par la démocratie qui pourrait avoir dit a chacun de ses citoyens: "de ce que tu sois un homme dépend mon existence".
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