lundi 3 mars 2025

La primauté de la raison


Donner la primauté à la raison n'est pas sans conséquences et je ne parle pas de conséquences évaluables parce que toutes les conséquences évaluables seraient à mettre sur le compte de la raison rendant la possibilité d'en faire un bilan positif ou négatif, mais où n'entrerait pas cette donnée n'entrant plus dans les données objectifs qu'est l'éloignement de l'esprit de sacrifice. Car si ainsi appelé en aucun cas il ne répond à une exigence de l'esprit mais du cœur. 

L'exigence de l'esprit c'est la raison, l'intelligence, quand l'exigence du cœur c'est l'amour. L'un clame notre impassibilité et notre indépendance qui peut être indépendance et impassibilité vis à vis de l'humain, c'est-à-dire se retourner contre lui; tandis que l'autre clame sa passivité et sa dépendance jusqu'à l'amour qui peut être esclavage et esprit de sacrifice quand librement consenti, ce qui apparait comme un paradoxe parce que, autre paradoxe, "le cœur a ses raisons que la raison ignore". C'est aussi qu'on ne les sépare que trop: pour faire des affaires autant que pour faire la guerre. Mais ils sont inséparables de l'homme qui partout s'il répond de lui doit répondre de ces deux exigences qui sont exigences de l'esprit comme exigences du cœur.

On s'éloignerait cependant de l'esprit de sacrifice par cette primauté que l'on donne à la raison, c'est-à-dire à l'esprit sur le cœur, pour se gouverner comme pour être gouverné, quand l'esprit de sacrifice est plus affaire de cœur que de raison, d'être gouverné par son cœur que par son esprit qui est souvent esprit sans cœur. On ne peut entendre aujourd'hui être gouverné par son cœur car ce serait entendu comme être gouverné par ses passions, être l'esclave de ses passions. On ne veut d'ailleurs plus être l'esclave de personne, c'est-à-dire se rendre esclave, se sacrifier pour quelqu'un. Il faut bien voir là un changement d'esprit qui serait un changement de mentalité induit ou motivé par la primauté donnée à la raison, à l'esprit sur le cœur. Mais tout ce qui satisfait à l'esprit ne satisfait pas au cœur et toute l'humanité pourrait chanter: "mon cœur est malade", malade de vivre selon l'esprit et seulement selon l'esprit qui n'est pas l'esprit de sacrifice, car ce dernier relève du cœur, d'un cœur qui ne serait pas sans esprit mais celui-ci étant l'esprit de sacrifice ignoré de l'esprit même et par conséquent esseulé.

Esseulé se retrouve donc l'homme aussi que son esprit privé de cœur car l'esprit non privé de cœur serait l'esprit de sacrifice qui est ce que par sa primauté faite à la raison il aurait perdu. On pourrait parler d'une intelligence toute animale qui l'aurait connu ou d'un âge d'or de l'humanité ou l'esprit et le cœur n'aurait pas une existence séparée et des exigences séparées, et ce serait avant que l'esprit ou raison ou intelligence prenne l'ascendant et la gouvernance de l'homme ou sur l'homme. Alors l'esprit de sacrifice n'était pas reçu comme il l'est aujourd'hui qui est quand l'esprit n'a plus de cœur ou s'en est séparé ou seulement éloigné mais au point qu'il n'entre plus en considération dans ces calculs qui ne sont plus que calculs rationnels. Cette indigence de l'esprit est cependant indigence de l'homme. On peut parler en effet de pauvreté spirituelle en cela qu'on ne répondrait pas à cette exigence de l'esprit qui aurait du cœur, qui serait esprit de sacrifice.

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