Si l'on en croit les dires de certains il serait un mouvement naturel des hommes qui est le mouvement naturel des bêtes, et c'est quand d'autres bêtes entrent sur leur territoire de les en chasser. Faudrait-il encore s'en réclamer ? C'est que ce qui meut les hommes n'est plus la nature mais la politique. C'est qu'au mouvement naturel s'est substituer le mouvement politique auquel les hommes adhèrent et qui par leur adhésion les fait quitter l'état de nature pour les faire entrer dans l'état de société où commence et prend effet la civilisation des hommes.
Il n'empêche que l'on rencontre des hommes qui sont tout remontés contre d'autres hommes qu'ils sentent et qu'ils pensent comme d'une espèce différente à la leur et c'est aussi, disent-ils, parce que ces autres hommes se sentiraient et se penseraient également d'une espèce différente à la leur. Nous voilà donc en présence d'au moins deux sinon plusieurs espèces animales différentes, mais toutes de cette espèce animale qu'est l'homme, à partager pour ne pas dire à se disputer le même territoire.
C'est oublier pourtant que quand on parle de mouvements migratoires on parle déjà politique, pas seulement de transhumance animale vers de plus verts pâturages. Le mouvement migratoire n'est pas à considérer seulement comme un mouvement naturel qui doit recevoir un traitement naturel mais comme un mouvement politique qui doit recevoir un traitement politique qui est celui qu'une civilisation doit réserver aux êtres civilisés qui la composent. Il se trouve cependant que toute civilisation parle de barbares qui menacent à ses frontières. En quoi le mouvement politique des hommes rejoindrait le mouvement naturel des bêtes qui est de chasser de leur territoire celui qui étant un homme serait aussi une bête ou considéré comme telle et se verrait par conséquent réserver le traitement que les bêtes réservent aux bêtes.
C'est compter sans l'être civilisé qui s'insurge et trouve que "ce n'est pas humain" de traiter des hommes comme des bêtes; quand l'autre être qui se dit aussi civilisé mais qui en trouvant que "c'est naturel", sous entendu, "qu'on défende notre territoire comme les bêtes défendent leur territoire" se réclamerait plus de la bête que de l'homme. Et tout ce que les bêtes feraient sans sentiments ni pensées, par pur instinct, il le ferait lui alors avec pensées et sentiments qui ne sont que circonstances aggravantes, car tout cela qui partirait d'un mouvement naturel rejoindrait alors un mouvement politique, parce qu'ainsi senti et ainsi pensé. Cependant, si en rien le mouvement politique ne se distingue du mouvement naturel, en rien non plus l'homme ne pourrait prétendre se distinguer de la bête, pour ne pas dire de la bête immonde.
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