mercredi 29 janvier 2025

Le port de Barcarès


Au port de Barcarès qui pourrait dire si c'est les bateaux ou si c'est la mer qu'il aime. Renaud qui chantait: "c'est pas l'homme qui prend la mer c'est la mer qui prend l'homme" se trompait, car l'homme ce qu'il prend pour aller en mer c'est le bateau. Après, que la mer le prenne à lui et avec lui prenne le bateau, ce n'est pas le mieux qu'il puisse lui arriver. L'homme au port de Barcarès regarde les bateaux, la mer est encore loin. Cependant c'est toute la civilisation de l'homme, la pointe de la technique en matière de navigation, dont l'homme peut-être admiratif. Il ne voit pas le travail de la mer mais le travail de l'homme. 

Mais c'est aussi le bateau qui prend la mer et non pas l'homme qui avec lui peut déjà s'imaginer en mer. Le bateau fait à l'homme quitter la terre sans quitter la civilisation. Ce n'est pas comme l'escargot qui porte sur lui sa maison, c'est la maison de l'homme qui porte sur elle l'homme en mer, sans quoi l'homme que la civilisation porte partout ne se sentirait pas partout chez lui. "Luxe, calme et volupté", encore ces paroles du poète qui me reviennent comme revenaient des bateaux chargés jusqu'à fond de cale. Bien sûr, cela parle de voyages mais cela parle aussi de richesses. Le port de Barcarès est d'abord riche de ses bateaux pour la plupart de plaisance mais qui sans doute connaissent d'autres rivages.

Plus loin j'ai dit il y a la mer et c'est la plage de Barcarès qui plus que le port de Barcarès la donne à voir. Comme la civilisation parait loin derrière. Rien qu'elle ne tire d'elle même, c'est-à-dire de la nature, n'anime la mer. Sans doute l'homme se sent face à la mer comme le premier homme. Une peur primitive aussi qu'une joie primitive peut le saisir. Cette force n'est pas sa force. Mais cet élément est son élément ou l'a été par le passé, car il peut encore en sentir l'appel. Qui sait si les hommes qui vont mourir ne s'approchent pas de la mer. Barcarès compte beaucoup de retraités qui ne sont pas natifs de Barcarès. Mais ce n'est pas l'appel de la mort. C'est un appel bien vivant, un appel plein de vie que celui de la mer, plein de vie qui remue en l'homme ce qu'il y a encore de vivant, de plus profondément, de plus primitivement vivant en lui. 

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