lundi 10 mai 2021

Retour à l'homme et à l'amour

 

Jamais on a tant opposer l’amour à la guerre (creuset de toutes les haines) et l’esprit au corps que dans la Femme de Seisaku, un film de Yasuzo Masumura, et j’aimerais dans un raccourci saisissant en rendre compte. 

– Ton torse, tes mains/ Ton corps m’appartient

Dit la femme de Seisaku à Seisaku et à quoi va s’opposer le sous titrage suivant du film japonais.

La guerre va être déclarée/ Le recours aux armes est inévitable.

Le corps de Seisaku n’appartient donc pas à la femme de Seisaku, pas plus qu’à Seisaku lui-même ; il n’est pas non plus destiné à l’amour mais à la guerre, non pas à vivre mais à mourir. Et c’est bien de cette oreille que l’entendra la femme de Seisaku ne permettant pas que ce corps autant que cet amour lui soit ravi. Ce corps qui lui était déjà revenu abîmé elle l’abîmera encore plus en lui crevant les yeux mais c’est pour que la guerre ne l’emporte pas, car la guerre tue. On le marque sur les paquets de cigarettes et cela n’empêche pas les gens de fumer. Sur les plaques commémoratives la longue liste des morts à la guerre ne fait pas plus d’effet. Elle motive plutôt l’esprit patriotique et de sacrifice que rappelle pour qu’on ne l’oublie pas chaque commémoration. Pour qu’on n’oublie pas quoi ? Que mieux vaut faire la guerre que faire l’amour ? Que notre corps ne nous appartient pas ? Qu’il appartient à la patrie ? Que le mépris de l’esprit sur le corps lui n’est pas mort ? Il n’est plus d’ordre religieux, ce n’est plus au nom de Dieu que l’on meurt mais au nom de la patrie.

Seisaku est un japonais exalté, qu’anime un fort sentiment patriotique, on ne peut non plus douter de son courage, mais c’est lui qui dira à la fin : 

– Sans toi, je serais resté un stupide soldat exemplaire 

Et c’est cette victoire de l’amour que si bien su célébrer Yasuzo Masumura dans La femme de Seisaku, qu’il faut retenir et célébrer plus que la victoire de la guerre.

 

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