Il ne m’est pas donné de parler avec l’autorité naturelle d’un auteur que viendrait confirmer et soutenir l’autorité qu’une publication lui confère aux yeux d’un éventuel lecteur, c’est pourquoi je commencerai par dire que je crois avoir appris ce que je vais tâcher de rapporter le plus simplement du monde sur le rapport entre hommes et femmes. Ce qui ne me donne pas autorité me donne cependant les coudées franches. Je n’ai pas à chercher les mots du philosophe ni ceux du sociologue, mais de tous les jours. Je n’ai non plus à épargner personne, j’entends par là pas plus les hommes que les femmes. On sait que le sujet de l’égalité est un sujet qui me tient à cœur et dont je parle mal comme tout ce à quoi l’on a cru et aimé et nous a déçu et blessé. Je ne prétends donc à aucune objectivité.
On a voulu l’égalité entre les hommes et les femmes. Peut-être a-t-on pensé qu’ainsi les hommes et les femmes s’entendraient mieux. On compte aujourd’hui néanmoins beaucoup d’hommes et de femmes seules. Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt que cela pouvait être contraire aux lois du marché, de l’offre et de la demande, au point que cela ne doit pas non plus (et je le dis pour si on pourrait le penser) faire les affaires des agences matrimoniales ; et dire cela c’est dire qu’alimenter la frustration n’est pas forcément source de profits, mais oui de bien des souffrances. Dans l’échange qui a à y gagner ? C’est bien la question que l’on doit se poser. Comme sur la nature de l’échange. Je répondrais que les deux parties doivent penser sortir gagnants quand la tendance actuelle serait plutôt à penser pour les hommes comme pour les femmes qu’ils en sortent perdants. Quant à la nature de l’échange ne repose t-il pas sur une inégalité. L’on veut ce que l’on n’a pas et pour cela on est prêt à en payer le prix. Personne n’est sans ignorer que la femme la plus chère n’est pas la prostituée et ce n’est pas prendre toutes les femmes pour des prostituées que de parler de prix à payer, pas plus que les considérer comme de la marchandise. Qu’elle serait en effet la marchandise qui se vendrait au prix fort sur le marché ? Il y a en effet beaucoup de femmes qui ne s’estiment pas moins et attendent toujours le prince charmant. A ces femmes ont leur a trop dit combien elles valaient et combien leurs mères n’avaient que peu d’estime pour elles-mêmes. Mais elles ne valent pas tant ni leurs mères ne valaient si peu, ni ne se bradaient tant qu’elles peuvent le penser. Et surtout, si leurs mères n’étaient pas heureuses, elles n’étaient pas moins malheureuses en couple, qu’elles ne le sont elles seules.
J’en dirai autant des hommes. Ils les veulent toujours jeunes et toujours belles. Mais quelle est la femme jeune et belle qui va se mettre avec un vieux bourré de fric. Que celle qui le fait ne pense pas qu’elle se vend au prix fort quand sa mère ou sa grand-mère se vendaient à ses yeux à trop bas prix. D’abord, il y a toujours eu des courtisanes. Ensuite, avec le temps elle comprendra que c’est elle qui paye le prix fort, quand déjà avec un homme qu’on a aimé il est difficile de vivre toute une vie quand est-il avec un homme qu’on a jamais aimé de vivre ne serait-ce que quelques années. Mais laissons là les courtisanes que seul de très rares et fortunés hommes peuvent se payer. La femme jeune et belle aujourd’hui, ou moins belle et moins jeune aujourd’hui, se retrouvant avec l’homme sur un pied d’égalité veut un homme à aimer, mais cet homme à aimer n’est pas son égal car ce n’est pas son égal qu’elle a appris à aimer. C’est donc pour son plus grand malheur qu’elle est devenue l’égale de beaucoup d’hommes avec qui, si elle peut désormais rivaliser, elle ne peut plus désormais aimer. Tant et si bien qu’il n’est pas rare que ces hommes procédant de pays comptant pourtant plus de femmes que d’hommes doivent faire venir des femmes de Russie ou d’Asie ou d’Afrique et l’échange est à nouveau possible et désiré d’un côté comme de l’autre pour le meilleur et pour le pire comme on dit parce que l’inégalité de base est rétablie. Peut-être y a-t-il encore les femmes qui veulent des enfants, elles veulent un mari et un père pour leurs enfants, et dans les faits sont prêtent à accepter cette égalité à défaut de mieux, ce qui est encore se résoudre, mais en cela pourraient-elles se distinguer de mères qui avant elles, et le terme qu’elles emploient à leur égard est dur, se soumettaient ; mais non et à cet fin elles préfèrent encore être fille mère. L’on pourrait alors penser qu’il serait plus difficile à une femme ayant déjà des enfants de trouver un homme. Ce serait méconnaître les lois du marché fonder sur une inégalité foncière. La preuve en est qu’il n’est pas rare que naissent des enfants d’un second lit, voire d’un troisième lit. Des hommes sans enfants acceptent des femmes qui ont des enfants, des femmes qui si elles n’avaient pas d’enfants ne les accepteraient peut-être pas, mais l’inégalité de base est rétablie, celle nécessaire à l’échange entre hommes et femmes.
Je demandais à Radja si elle avait voulu avoir des enfants. Radja n’est plus toute jeune quoique encore capable de soumettre un homme à son envie d’enfant (c’est déjà ne plus parler seulement de la soumission de la femme) et si elle en avait déjà de quoi faire accepter à ce même homme qu’elle en ait déjà et ne soit pas de lui. Oui, Radja avait voulu avoir des enfants. C’était contrariant pour qui prétendait que seules les femmes qui voulaient avoir des enfants étaient les femmes qui avaient des hommes, car Radja était seule. Je n’abandonnais cependant pas de sitôt et disais alors à Radja que si elle avait vraiment voulu avoir des enfants elle les aurait eu. Oui mais c’est un homme qu’elle voulait Radja et pas des enfants. Les femmes faisaient avant des enfants pour garder les hommes. Oui mais les femmes ne faisaient plus des enfants que pour garder les enfants. Seule la mère de Radja aurait fait des enfants pour garder son homme et Radja qui ne gardait pas ses hommes n’était pas non plus disposée à payer le prix fort qui serait d’avoir des enfants d’un homme qu’elle n’aimait peut-être pas plus que sa mère n’avait aimé son père, pour dire les choses comme elles sont. Et, pour dire encore les choses comme elles sont, je ne suis pas sûr non plus que je serais né si inversement (parce que la technique des enfants étaient pratiquée des deux côtés) mon père n’avait fait un enfant à ma mère qui n’en voulait pas, ma mère ne voulait aussi comme Radja qu’un homme, et aujourd’hui elle serait seule comme Radja, et mon père serait seul, qui sait, si comme moi il n’avait jamais voulu faire un enfant à une femme pour garder cette femme, prétendant à cet amour égalitaire et sans fruit qui n’est pas l’amour de l’échange entre hommes et femmes, aussi inégalitaire que fertile.
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