On peut retrouver des états d’être et cela passe par le corps plus que par l’esprit, ce qui fait que si l’on n’y réfléchit pas et la plupart du temps on n’y réfléchit pas, et comme ils ne font surgir aucun événement particulier de notre vie que nous aurions gardé en mémoire, qu’ils ne s’accrochent à rien, mais sont tout entier ce que nous sommes, dans notre ressenti, facilement on les prendrait pour l’instant présent ; et ils le sont en effet, mais ils ont comme on dit un air de déjà vu, ou, en l’occurrence, de déjà vécu. On a pu se sentir ainsi en d’autres temps et en d’autres lieux. C’est étrange. C’est ce sentiment d’étrangeté qui nous saisi d’abord, car encore une fois cela ne nous renvoie à aucun souvenir précis. J’ai dit que cela ne passait pas par l’esprit mais j’ai envie de dire maintenant que c’est comme si nous retrouvions un état d’esprit du corps, sa conscientisation, ce mot vient à moi dans cette tâche difficile de définition de quelque chose d’indéfinissable et j’espère que c’est bien à propos. Les états d’être ne sont pas cependant des états de conscience, ce sont des dispositions du corps pas de l’esprit ou pas de l’esprit sans le corps ; et souvent l’on a vu que l’esprit ne les enregistre même pas, qu’ils passent de lui inaperçus, quand je ne suis pas loin de penser qu’ils sont des constantes, que ces états d’être, qui nous prenant tout entier, qui ne faisant pas la différence entre ce que nous sommes et ce que nous avons été, ne peuvent même pas être reconnus comme une répétition, car c’est nous-même encore nous-même, un prolongement souvent sans pensée de lui-même. En eux on se reconnaît être comme avoir été, et ceci à n’importe quel âge de la vie, bien que jeune on ne les perçoive pas encore. Quand on est saisi par ces états d’être, et faut-il le rappeler, qu’ils ne ravivent pour autant aucun moment singulier de notre existence, car nous ne savons alors à quoi les attribuer ils semblent nous prouver ou vérifier la gratuité de leurs existences et par là même de la notre d’existence. En surgit un bonheur qui prête à penser que le corps qui a ses plaisirs aurait aussi droit au bonheur et ce bonheur serait celui de ne se sentir lié à rien, fait de pure liberté, d’aucune cause il ne serait l’effet, et s’il est instant cet instant semble être et avoir été, comme avoir toucher du doigt à l’éternité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire