dimanche 18 avril 2021

Les apparences trompeuses

 

On m’a demandé récemment si j’étais médecin et j’ai eu beaucoup de mal à en détromper mon interlocuteur avec qui il y a un moment qu’on parlait santé comme ils nous aient donné, et cela sans plus de connaissances, de parler du temps qu’il fait. Mais c’est pour un prêtre qu’on m’a souvent pris. En fait tout ce que j’ai été si l’on peut dire que j’ai été, car cela n’a pas duré trop longtemps, c’est agent de sécurité à la RATP. Et comme je patrouillais dans le métro avec mon équipe lors d’une interpellation le chef d’équipe ne pu obtenir les papiers d’identité : ils ne voulaient les remettre qu’à l’officier de police là-bas, et c’était moi, qui me tenait respectueusement un peu en retrait, qu’on désignait ainsi, moi qui n’avais même pas été fichu par de bons et loyaux services d’accéder au rang de chef d’équipe, pas plus qu’à l’armée de devenir soldat de première classe. Car cela n’est pas sans me rappeler que convoqué au Bureau de l’officier supérieur il me parla à mon grand étonnement d’égal à égal mais dû se résigner à me mettre au trou. Il me dit ne pas comprendre comment quelqu’un comme moi, voulait-il dire de son rang, mais il dit  plus simplement qui avait de la discipline. J’ignorais jusque-là que j’avais de la discipline et je ne savais même plus où me mettre ni ce qu’il me fallait attendre pour que mon apparence qui devait se projeter où que j’aille comme mon ombre ne fasse plus qu’un avec moi.

Je pourrais prolonger un peu plus la liste et ce ne serait pas mensonge mais vanité, la même qui nous fait faire étalage de nos bonnes relations, me ferait faire étalage de ce que je n’étais pas mais pour qui l’on me prenait. Non, je n’aurais pas pu être médecin, pas plus que prêtre ou qu’officier ou que… mais quelqu’un se faisant passer pour ce qu’il n’est pas et qu’on appelle plus communément un escroc, ce que je n’ai pas été non plus. Que les apparences sont trompeuses et comme ces apparences trompeuses peuvent me donner mauvaise conscience. Combien d’illusions et d’espérances déçues, et, bien que n’ayant rien fait pour les motiver et les alimenter, je ne peux nier en être la cause. M’en dédouane cependant mon époque qui se prête à toutes les confusions. Les classes sociales ne sont plus si marquées. Le bourgeois s’est encanaillé et la canaille s’est embourgeoisée. Il n’y a pas non plus d’un côté la science et de l’autre la plus crasse des ignorances. Il y a un savoir vulgarisé et médiatisé. L’orgueil est aussi ce qu’il y a de plus partagé et si j’en crois mes parents qui me disaient : tu as honte de nous, et ils ne se trompaient pas : j’avais honte de rien de moins que d’un père directeur d’école, de la vieille école, de celle qui faisait des courbettes pour avoir de l’avancement et présentait son fils comme… quand en privé c’était un moins que rien. Une expression courante à l’époque et non sujette aux apparences trompeuses. 

Je ne peux éviter de penser encore à ces films où des acteurs au physique avantageux jouent le rôle de personnes ayant réellement existées. Souvent à la fin du film des images d’archives nous montrent ceux que l’on a représentés au mieux et qui ont bien triste mine à côté de ceux qui ont joué leur rôle, mais ce sont eux qui ont été. Il serait plus exact alors de dire que j’aurais pu jouer le rôle d’un médecin, d’un prêtre, d’un officier, d’un … mais qu’en aucun cas j’aurais pu être ce que je n’ai pas été.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire