Chat échaudé craint l’eau froide, qu’on dit. En serait-il ainsi de nous aujourd’hui avec l’autorité ? Elle aurait trop coulée sur nous et en coulant sur nous nous aurait trop ébouillantés, si bien que nous craindrions aujourd’hui jusqu’à l’autorité froide et normative des technocrates en passant par l’autorité tiède des démocraties. En résumé il n’y a plus aucune autorité que nous ne supportions. Reconnaîtrions-nous encore celle de la compétence comme légitime ? Les compétences à vrai dire sont diverses et par là même contestées. Le problème de l’autorité est donc réellement posé. Je ne parle pas de la justifier. Il y aura bien plus habile que moi et bien plus intéressé que moi à la justifier. Je ne doute pas que l’on s’y emploie toujours et en haut lieu. Mais là où je me trouve, et là où je me trouve est là où se trouve tout un chacun, la question qui se pose à nous est celle de si l’on doit accepter l’autorité en bloc et sans discuter, c’est-à-dire comme souvent elle nous vient et s’impose à nous. L’autorité à l’état brute. Nous ne la comprenons pas et parce que nous ne la comprenons pas la contestons. C’est celle qui exigerait de nous d’y croire, d’avoir foi en l’autorité, qui est ce que nous aurions perdu en perdant la foi en nos dirigeants. A ce propos il me revient avoir lu dans une note critique au Post-scriptum aux Miettes philosophiques de Sören Kierkegaard : « On s’imagine que les critiques contre le christianisme viennent du doute ; c’est une erreur ; elles viennent de l’insubordination, du déplaisir que l’on a à obéir, de la révolte contre toute autorité ». J’y pensais encore en promenant mon chien car je n’appellerais pas à Dieu pour en appeler à l’autorité mais à mon chien qui sait si pour en appeler à Dieu ou à l’autorité. Je ne le tiens pas en laisse à mon chien parce que je n’aimerais pas que l’on me tienne en laisse à moi. Mais j’observe qu’il m’écoute alors qu’il est appelé par ailleurs par ces appétits et ses instincts. Je lui évite ainsi de lécher ou de manger ce qui ne lui profiterait pas, en un mot, de la merde. C’est pareil quand il veut traverser et qu’il se ferait écraser, il m’écoute. Plus d’une fois il fut sauvé par cette voix sèche et autoritaire qu’il ne comprend pas. Mais vous me direz que nous ne sommes pas plus des chats que nous ne sommes des chiens. C’est ce qui reste pourtant à démontrer : que nous pouvons nous passer d’autorité.
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