J’aimerais commencer par l’image du prisonnier gravant sur le mur un jour de plus et c’est pourtant du bonheur que je voudrais parler. Il est des évènements heureux que l’on grave tout autant dans notre mémoire, mais il serait plus juste de parler de mémoire collective plus que de mémoire personnelle à leur encontre, d’un calendrier du bonheur avec des dates anniversaires, mais qu’on ait vraiment été heureux ce jour-là rien ne peux l’assurer, sans compter que pour certains ce peut-être le jour de leur mariage quand pour d’autres ce serait celui de leur divorce, pour certains celui où ils ont obtenu un travail quand pour d’autres ce serait celui où ils ont quitté un travail ; dans tous les cas il s’agit d’un bonheur officiel et conventionnel, beaucoup plus facile à situer que le bonheur qui se saisit de nous on ne sait comment et qui nous quitte on ne sait pourquoi, qu’on ne peut pas plus retenir qu’on ne peut le provoquer. J’ai eu mon bac, est-ce un bonheur ? Cette voiture de mes rêves ou cette maison de mes rêves, est-ce qu’on peut parler de bonheur ? Quelque soit ce qu’elles nous ont coûtées c’est accorder bien peu de prix au bonheur. Et puis, tout le monde le sait, le bonheur ne s’achète pas, pas plus que l’amour. Faudrait-il faire la distinction entre l’amour et le véritable amour ? Non, eh bien, pas plus pour le bonheur, il n’y en a qu’un et ce n’est pas celui-là. Il est maintenant pour l’amour et le bonheur quelque chose que l’on apprend avec le temps : c’est que l’on ne pourrait pas plus dire quand on aime que quand on est heureux. On croit l’être et voilà qu’il se trouve qu’on ne l’est pas. On croit ne pas l’être et … et effectivement on ne l’est pas, c’est que l’on se trompe beaucoup moins quand il s’agit de sentir le malheur que pour sentir le bonheur ; mais l’on croit bien le sentir parfois. C’est cependant après-coup, et voilà ce que l’on apprend avec le temps, que l’on sait si l’on a aimé comme que l’on sait si l’on a été heureux. Mais là aussi il n’y a aucune certitude : ce retour dans le passé porte peut-être davantage la marque de la nostalgie que la marque du bonheur et ce n’est encore que tristesse que cela nous procure. C’est pourquoi j’aimerais terminer en évoquant l’image de la brèche dans le mur, on n’a plus où graver son bonheur, par cette même ouverture où l’on voit le ciel.
Bonjour Philippe et félicitations pour votre continuité dans l'exploration du monde sensible; je voulais juste vous informer brièvement ,puisqu'il s'agit du Samedi 10 Avril 2021, qu'une autre brèche s'ouvre : celle du soulèvement d'un peuple en résistance à la recherche de sa liberté et de sa libération; avec peut-être un ciel bleu en perspective! https://vimeo.com/alexandrebellas/2021odysseeresurrection belle inspiration à vous, Alexandre
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