Il y a longtemps il circulait des cartes d’identités avec
marquées dessus C.O.N. Mon frère en avait ramenées à la maison. Il ne restait
plus qu’à mettre son nom et prénom, sa date et lieu de naissance, puis à
signer. Ça n’avait pas plut au paternel pour qui la question de l’identité
devait être une chose sérieuse. Je ne sais pas pourquoi — mais ceux qui ne sont
pas cons feront sans doute le rapprochement — a germée dans mon esprit puis
s’est développée cette correspondance entre idée et identité que j’aimerais
maintenant développer un peu.
Il va sans dire que pour la plupart d’entre nous on naît et
meurt avec les mêmes idées en tête. C’est ce qui ferait même notre identité.
C’est à ça qu’on reconnaît les cons qu’on dit : à ce qu’ils ne changent
jamais d’avis (ou d’idées). Si toutefois vous vous mettiez à changer d’idées
toutes les cinq minutes on vous prendrait pour une vraie girouette et on
vous dirait : comment tu veux qu’on sache qui tu es si tu changes d’avis
toutes les cinq minutes ? A quoi vous pourriez donc répondre : il n’y
a que les cons qui ne changent jamais d’idées. Dans un cas comme dans l’autre
(l’on tourne en rond ce qui est le propre des…) les idées vous définissent.
Elles définissent même les gens d’une même époque. On dit qu’il avait les idées
de son temps. Moi je dis : si encore on avait les idées de son temps. Il
faut savoir que ce que l’on gardera comme étant les idées de notre temps, sont
en notre temps des idées novatrices portées par les plus créateurs d’entre nous
ou, sans allé jusque-là, par ceux qui ont encore des idées ; ce sont
parfois des idées qui défrayent la chronique, qui font parler d’elles, en un
mot que l’on retiendra pour la postérité comme celle de notre temps. Quant à celles qui furent réellement
de notre temps elles sont en fait celles venus d’un autre temps ou de celui où l’on est
né et que pour beaucoup l’on connaîtra jusqu’à sa mort. C’est qu’il n’est pas si
facile que cela de n’être pas un con, ce n’est pas à la portée de n’importe qui
de n’être pas un con, sinon ça se saurait. Cela ne suffit pas en effet d’avoir
des idées, ces idées qui nous définissent. Non plus que d’en changer comme on
change de chemises. Ce serait trop facile. Chacun s’habillerait de l’idée à la
mode comme on s’habille de la chemise à la mode. Et il faut reconnaître que
c’est souvent le cas. Mais toutes ces idées à la mode qui donc par nature ne
peuvent être que des idées superficielles si on les adopte facilement, c’est
qu’il ne nous coûte pas de changer pour elles, elles ne nous atteignent pas en
profondeur, ne nous bouleversent pas radicalement, elles nous habillent
seulement, c’est la tenue de notre temps. On parle des idées d’une époque comme
on parle de comment s’habillaient les gens à cette époque, sauf que, comme dit
précédemment, (en matière d'idées) on se trompe car c’est de nouveaux habits, d’articles de « grande mode » portés en de très rares occasions par d'encore plus rares personnes « du grand monde » qui passaient pour originales, qu'on habillerait ainsi la grande masse des gens alors qu'ils se contentaient du prêt-à-porter de leur temps qui
en d’autres temps sans doute fut avant-gardiste.
Résumons. Donc, pour n’être pas con, il faudrait non
seulement que j’ai des idées mais que ces idées soit avant-gardistes. Admettez
que cela ne soit pas donné à tout le monde. Sans compter ce fameux esprit
critique qu’il faudrait avoir sur les idées de son temps, car il faut d’abord
s’en défaire avant que d’autres nous viennent à la place. Puis si elles
reçoivent mes idées une fin de non recevoir ne me retrouverais-je pas non plus comme un
con. Malheureusement on n’est ce qu’on né et je suis né dans un monde où
circulait des cartes d’identités avec marquées C.O.N dessus, et que j’ai signé ou pas ne change
pas grand-chose à l’histoire qui est celle de l’humanité, pour ne pas dire
l’histoire des cons.
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