vendredi 14 août 2020

L'histoire des cons


Il y a longtemps il circulait des cartes d’identités avec marquées dessus C.O.N. Mon frère en avait ramenées à la maison. Il ne restait plus qu’à mettre son nom et prénom, sa date et lieu de naissance, puis à signer. Ça n’avait pas plut au paternel pour qui la question de l’identité devait être une chose sérieuse. Je ne sais pas pourquoi — mais ceux qui ne sont pas cons feront sans doute le rapprochement — a germée dans mon esprit puis s’est développée cette correspondance entre idée et identité que j’aimerais maintenant développer un peu.

Il va sans dire que pour la plupart d’entre nous on naît et meurt avec les mêmes idées en tête. C’est ce qui ferait même notre identité. C’est à ça qu’on reconnaît les cons qu’on dit : à ce qu’ils ne changent jamais d’avis (ou d’idées). Si toutefois vous vous mettiez à changer d’idées toutes les cinq minutes on vous prendrait pour une vraie girouette et on vous dirait : comment tu veux qu’on sache qui tu es si tu changes d’avis toutes les cinq minutes ? A quoi vous pourriez donc répondre : il n’y a que les cons qui ne changent jamais d’idées. Dans un cas comme dans l’autre (l’on tourne en rond ce qui est le propre des…) les idées vous définissent. Elles définissent même les gens d’une même époque. On dit qu’il avait les idées de son temps. Moi je dis : si encore on avait les idées de son temps. Il faut savoir que ce que l’on gardera comme étant les idées de notre temps, sont en notre temps des idées novatrices portées par les plus créateurs d’entre nous ou, sans allé jusque-là, par ceux qui ont encore des idées ; ce sont parfois des idées qui défrayent la chronique, qui font parler d’elles, en un mot que l’on retiendra pour la postérité comme celle de notre temps. Quant à celles qui furent réellement de notre temps elles sont en fait celles venus d’un autre temps ou de celui où l’on est né et que pour beaucoup l’on connaîtra jusqu’à sa mort. C’est qu’il n’est pas si facile que cela de n’être pas un con, ce n’est pas à la portée de n’importe qui de n’être pas un con, sinon ça se saurait. Cela ne suffit pas en effet d’avoir des idées, ces idées qui nous définissent. Non plus que d’en changer comme on change de chemises. Ce serait trop facile. Chacun s’habillerait de l’idée à la mode comme on s’habille de la chemise à la mode. Et il faut reconnaître que c’est souvent le cas. Mais toutes ces idées à la mode qui donc par nature ne peuvent être que des idées superficielles si on les adopte facilement, c’est qu’il ne nous coûte pas de changer pour elles, elles ne nous atteignent pas en profondeur, ne nous bouleversent pas radicalement, elles nous habillent seulement, c’est la tenue de notre temps. On parle des idées d’une époque comme on parle de comment s’habillaient les gens à cette époque, sauf que, comme dit précédemment, (en matière d'idées) on se trompe car c’est de nouveaux habits, d’articles de « grande mode » portés en de très rares occasions par d'encore plus rares personnes « du grand monde » qui passaient pour originales, qu'on habillerait ainsi la grande masse des gens alors qu'ils se contentaient du prêt-à-porter de leur temps qui en d’autres temps sans doute fut avant-gardiste.

Résumons. Donc, pour n’être pas con, il faudrait non seulement que j’ai des idées mais que ces idées soit avant-gardistes. Admettez que cela ne soit pas donné à tout le monde. Sans compter ce fameux esprit critique qu’il faudrait avoir sur les idées de son temps, car il faut d’abord s’en défaire avant que d’autres nous viennent à la place. Puis si elles reçoivent mes idées une fin de non recevoir ne me retrouverais-je pas non plus comme un con. Malheureusement on n’est ce qu’on né et je suis né dans un monde où circulait des cartes d’identités avec marquées C.O.N  dessus, et que j’ai signé ou pas ne change pas grand-chose à l’histoire qui est celle de l’humanité, pour ne pas dire l’histoire des cons.

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