jeudi 20 août 2020

Fin de la dichotomie


Fini de penser que nous sommes bons ou méchants, superficiels ou profonds. Nous, nous disons que c’est l’autre qui est méchant ou superficiel. Rousseau disait que c’est la société : « L’homme est bon c’est la société qui le déprave ». Mais plutôt que de répondre à la question de qui nous sommes je préfère me poser la question de : à quoi travaillons nous ?

A soigner nos apparences ! A paraître meilleurs que nous sommes, n’est-ce pas aussi naturel que superficiel ? A défaut de l’être il nous faut paraître bons, bons et profonds. De là nous respectons (en apparence du moins) l’autre, la différence ; de là nous savons être sérieux quand il le faut et prendre, aussi quand il le faut, le ton de la conviction pour des opinions que, au fond, nous ne partageons pas.

La société exigerait de nous que nous soyons bons ? Oui, mais en apparence seulement, et cela tombe bien parce que c’est exactement ce que nous faisons. C’est que nous lui ressemblons et qu’elle nous ressemble (seul Rousseau faisait la différence entre elle et nous) la société.

A être méchants ! Rappelons-nous de la question qui est : à quoi travaillons nous (plutôt que qui sommes nous ?) ? A être méchant ! Bien sûr, cela ne se dit pas si ouvertement. Dans le langage courant on parle de s’endurcir, de quelqu’un rompu aux affaires. Il n’y a pas si longtemps on faisait encore son service militaire pour : « être un homme, mon fils ». Il y a bien sûr le trop bon trop con. Il ne faut pas se laisser faire. L’homme est un loup pour l’homme, il nous faut donc rejoindre la meute. Toutes ces expressions familières démontrent que nous ne sommes pas sans ignorer dans quel monde nous vivons, pas plus que ce qu’est l’homme pour l’homme.

Nous devons donc vivre cette dichotomie : être bon en apparence et au fond méchant. Qui n’entend pas en lui gémir ou ricaner le méchant à chaque fois qu'il veut se montrer gentil ? y en a-t-il qui sont profondément bons qu’ils devront s’efforcer de ne pas l’être comme ils le sont (car c’est une faiblesse qu’on leur fera payer cher) pour l’être comme tout le monde : en apparence seulement. Cette double existence qui est la nôtre ou en nous du bon et du méchant qui ont le droit de vivre mais séparément nous fait souffrir. Il faudrait donc mettre fin à cette dichotomie. Travailler à être bon (autant en profondeur qu'en surface). Mais j’entends déjà en moi gémir ou ricaner le méchant (voudrait-on vraiment mettre fin à son existence ?).

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