Fini de penser que nous sommes bons ou méchants,
superficiels ou profonds. Nous, nous disons que c’est l’autre qui est méchant ou superficiel.
Rousseau disait que c’est la société : « L’homme est bon c’est la
société qui le déprave ». Mais plutôt que de répondre à la question de qui nous sommes je préfère me poser la question de :
à quoi travaillons nous ?
A soigner nos apparences ! A paraître meilleurs que nous
sommes, n’est-ce pas aussi naturel que superficiel ? A défaut de l’être il
nous faut paraître bons, bons et profonds. De là nous respectons (en apparence
du moins) l’autre, la différence ;
de là nous savons être sérieux quand il le faut et prendre, aussi quand il le
faut, le ton de la conviction pour des opinions que, au fond, nous ne
partageons pas.
La société exigerait de nous que nous soyons bons ?
Oui, mais en apparence seulement, et cela tombe bien parce que c’est exactement
ce que nous faisons. C’est que nous lui ressemblons et qu’elle nous ressemble
(seul Rousseau faisait la différence entre elle et nous) la société.
A être méchants ! Rappelons-nous de la
question qui est : à quoi travaillons nous (plutôt que qui sommes
nous ?) ? A être méchant ! Bien sûr, cela ne se dit pas si
ouvertement. Dans le langage courant on parle de s’endurcir, de quelqu’un rompu
aux affaires. Il n’y a pas si longtemps on faisait encore son service militaire
pour : « être un homme, mon fils ». Il y a bien sûr le trop bon
trop con. Il ne faut pas se laisser faire. L’homme est un loup pour l’homme, il
nous faut donc rejoindre la meute. Toutes ces expressions familières démontrent
que nous ne sommes pas sans ignorer dans quel monde nous vivons, pas plus que
ce qu’est l’homme pour l’homme.
Nous devons donc vivre cette dichotomie : être bon en
apparence et au fond méchant. Qui n’entend pas en lui gémir ou ricaner le
méchant à chaque fois qu'il veut se montrer gentil ? y en a-t-il qui sont profondément bons qu’ils devront s’efforcer
de ne pas l’être comme ils le sont (car c’est une faiblesse qu’on leur fera
payer cher) pour l’être comme tout le monde : en apparence seulement.
Cette double existence qui est la nôtre ou en nous du bon et du méchant qui ont
le droit de vivre mais séparément nous fait souffrir. Il faudrait donc mettre
fin à cette dichotomie. Travailler à être bon (autant en profondeur qu'en surface). Mais j’entends déjà en moi gémir
ou ricaner le méchant (voudrait-on vraiment mettre fin à son existence ?).
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