dimanche 19 juillet 2020

Ni Dieu ni maîtres


La nature de l’homme n’est pas de se soumettre. On ne naît pas esclave on le devient.  Parfois ou encore trop souvent, par la manière forte. La plupart du temps, de son propre gré. On fait allégeance. On est subjugué. Qui n’a pas son idole ? Qui n’idolâtre pas ? Les plus sages d’entre nous même ont leurs maîtres à penser. Spinoza est-il en passe de devenir le mien. Ni Dieu ni maître, j’aime cette vieille devise anarchiste, cela fait-il de moi un anarchiste ? Non, pas plus que d’aimer l’idée de Dieu fait de moi un croyant. Non, pas plus que d’aimer Spinoza fait de moi un spinoziste mais m’amène plutôt à le discuter, qui est ce que j’aime le plus faire avec les meilleurs de mes amis. Comment ! Un esprit médiocre voudrait se mesurer à un grand esprit ? Quelle prétention, direz-vous, quand il s’agit plutôt de savoir si l’on doit apprendre à se soumettre à une pensée ou à penser, motivé par cette pensée même dont au lieu de se sentir l’obligé on doit par elle se sentir porté à la réflexion. Ainsi, mon ami Spinoza quand tu dis que : en tant qu’il s’efforce de conserver son être sous le commandement de la raison l’homme est libre, je te demande pourquoi il serait plus libre ou aussi peu libre, que en tant qu’il s’efforce de conserver son être sous le commandement des passions, puisque dans un cas comme dans l’autre il est sous le commandement de … Il faut savoir que Spinoza comme Descartes sont des rationalistes. Spinoza est donc d’abord un homme de son temps. Il n’y échappe pas non plus quand il parle des animaux : « les hommes ont sur les bêtes un droit de loin plus étendu que celui des bêtes sur les hommes. Je ne nie pas, cependant, que les bêtes soient capables de ressentir des impressions, mais je nie que, pour cette raison, il soit interdit de penser à notre intérêt, de les utiliser librement, et de les traiter selon notre meilleure convenance » Ses propos parce que modérés sont encore recevables de nos jours par les plus modérés d’entre nous, mais je ne suis pas sûr que les amis des bêtes ne l’entendent de la même oreille. L’immense avantage, il faut bien le dire, que nous aillons tous, autant sur Spinoza que sur Shakespeare ou Cervantes ou d’autres grands esprits de leurs temps respectifs, c’est d’être d’aujourd’hui, car, aussi actuel qu’on les dit, ils sont morts et enterrés depuis des siècles et des siècles, et tout aussi ignorants du nôtre que de tous ceux qui leur ont succédés. Ne nous amoindrissons pas à leur pensée si nous voulons qu’elle nous grandisse, c’est tout ce que je dis.

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