samedi 25 juillet 2020

Les gens


On ne peut plus s’en prendre aux noirs, aux arabes, aux juifs, aux femmes, aux homosexuels, aux… En tout cas, plus ouvertement. Jamais les gens ne s’en sont pris autant aux gens. Les gens seraient devenus le catalyseur de tous ces ressentiments, ces préjugés, ces peurs, ces haines, inavoués. Il ne faut pas croire pour autant que tout le monde en disant les gens pensent aux mêmes gens. Certains continuent à penser aux noirs, aux arabes, aux juifs, aux femmes, aux homosexuels, aux… la « bonne » société à la « mauvaise » société, celle qui serait respectueuse à celle qui ne respecterait rien. Je ne dis pas cela gratuitement mais parce que c’est d’actualité et donc active d’autant les gens à s’en prendre aux gens. Comme j’étais dans la rue, c’est-à-dire là où les gens rencontrent les gens, les voient, les entendent, je voyais, j’entendais dire : « les gens ne respectent plus rien » Il faut savoir qu’il n’y a pas si longtemps de ça pour éviter que ne se répande l’épidémie du Covid 19 on demandait aux gens de rester chez eux, puis on a mis fin au confinement tout en leur enjoignant de garder entre eux une certaine distance afin que l’épidémie ne reprennent pas de plus belle. Mais voilà, que voulez-vous, le danger s’étant éloigné les gens se sont rapprochés. Mais pas tout les gens à en croire les gens qui parlent des gens. Justement je remarquai que celui qui disait : « les gens ne respectent plus rien » ne se tenait pas à un mètre de distance de la personne à qui il s’adressait en ces termes. Sûrement la connaissait-il suffisamment pour que cette personne ne fasse plus parti pour lui des gens et qu’il n’ait pour autant plus à s’en méfier ; car le problème, on l’a bien compris, ce n’est plus les noirs, les arabes, les juifs, les femmes, les homosexuels, les…, c’est les gens. Qui aurait jamais cru que la fin du monde ne viendrait pas du péril jaune ou noir ou…(choisissez votre couleur) ou encore des barbares contre la civilisation (quoique ceux qui ne respectent rien contre ceux qui sont respectueux) ou encore… mais d’une guerre ouverte des gens contre les gens car il n’en restera pas un de vivant, c’est-à-dire pouvant encore parler de l’autre comme on parle des gens actuellement, plus mal que jamais auparavant : signe de ressentiments, de préjugés, de peurs, de haines, inavoués et croissantes jusqu’à leur paroxysme, jusqu’à l’explosion ou apothéose finale. Il y a cependant un moyen simple et évident d’éviter cela : il suffit d’un petit geste de la main en passant, d’un petit salut qu’on se fait en se croisant, pour que l’on ne puisse plus dire les gens de celui que l’on a croisé et salué et qui à son tour nous ayant croisé nous a salué, reconnaissant par là en nous la même humanité de laquelle les gens bien sûr sont exclus.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire