mercredi 22 juillet 2020

Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles sont


C’est votre maman ?
C’est ma femme !

Vous êtes son fils ?
Je suis son mari !

Croyez-vous défini une fois pour toute l’identité du mari que ce serait oublier qu’à se représenter avec sa femme à la même boulangerie la question lui fut à nouveau posée

C’est votre maman ?
C’est ma femme !

Ou que repassant devant cette personne qui lui avait demandé s’il en était le fils elle lui redemanda comme l’on redemande pour confirmation de refaire un code sur Internet

Vous êtes son fils ?
Je suis son mari !

Il y a en effet entre eux une différence d’âge accentuée par le fait que la femme est tombée malade qui pourrait prêter à  ce genre de méprise à son tour accentuée par une intention malveillante ou trop humaine de voir le mal partout.

Par contre, pour l’administration c’est toujours le mari, mais parce que sa femme est malade l’administration en fera aussi le tuteur. Tuteur rend en effet mieux la réalité de leurs rapports qui ne sont plus des rapports d’homme à femme mais d’un tuteur vis-à-vis de la personne majeure protégée.

Il serait alors plus juste de dire qu’il est le papa et que c’est sa fille en considérant la nature de leurs rapports présents plutôt que les apparences trompeuses qui fait dire qu’il est son fils et qu’elle est sa maman, ou que l’état civil qui les a déclaré mari et femme. Toutes ses identités qu’on leur prête ne rendent pas plus les unes que les autres la réalité de ce qu’ils sont devenus l’un pour l’autre et ne leur sont d’aucune aide et considération.

Il y a comme une transgression des normes auxquelles ils ne répondent plus et c’est cette transgression bien qu’involontaire, ce manque d’identité claire, qui jette partout le trouble et la confusion, quand on voudrait tant que les choses soient comme on voudrait qu’elles soient et pas autrement. Autrement dit : claires, nettes et précises, identifiables et convenables, figées et permanentes. Autrement dit : ce qu’elles ne sont jamais et tout au plus apparentent de l’être.

Et dans sa folie elle l'appelait papa.

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