L'appareil critique est l'appareil de la censure.
Mais la critique est utile en cela qu'elle nous renseigne non pas tant sur le texte (objet de la critique) que sur notre époque (à chaque époque sa critique).
Et qui n'a pas ressenti l'oppression de la censure, car c'est à lui lecteur qu'elle s'adresse et non pas à l'auteur, au point d'abandonner la lecture des notes critiques d'un ouvrage qui en est criblé, ce qui revient à y échapper (mais tout est fait en sorte qu'on ne peut y échapper et il y reviendra où, dit autrement, on l'y ramènera).
Le silence de la critique.
Il n'y a rien de plus parlant que le silence de la critique. Dans l'Ethique de Spinoza il n'y a pas un paragraphe qui ne souffre d'une note critique sauf, et pardonnez-moi cette longue citation sans note critique, celui-ci : Si, par perfidie, un homme pouvait échapper à une mort imminente. Les principes de la conservation de son être ne lui conseillerait-ils pas d'être perfide ? De la même façon je répondrai que si la Raison le conseillait, elle le conseillerait aussi à tous les hommes, et par suite la Raison conseillerait d'une façon générale, à tous les hommes, de ne passer que des pactes de mauvaise foi pour unir leurs forces et établir une loi commune, c'est-à-dire pour n'avoir pas, en réalité, de loi commune, ce qui est absurde.
Spinoza n'a jamais si bien dit la perfidie des nations ou plutôt personne n'a jamais si bien dit que Spinoza ne la fait par ces lignes la perfidie des nations, voilà ce qu'un critique ne peut que passer sous silence.
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