Ne rien faire

Ne rien faire. On peut éprouver sa liberté de mille manières en faisant mille choses différentes. Mais jamais on n'éprouvera autant sa liberté qu'en ne faisant rien. C'est aussi en ne rien faisant qu'on prend conscience qu'on peut ne rien faire et que cela ne changera rien. Sans ce cela ne changera rien il n'y aurait pas de liberté possible, mais l'obligation de faire quelque chose. Or ce n'est que si il n'y a pas obligation à faire quelque chose que l'on est libre. Mais l'on se trouve des tas d'obligations. Certes, plus ou moins variés, plus ou moins plaisantes, mais chacune restreignant d'autant notre liberté. Quand la possibilité de ne rien faire est notre seule liberté. Si celle-ci nous est ôtée c'est notre liberté qui nous est ôtée. Et souvent avant de l'éprouver nous nous hâtons nous mêmes de la perdre en faisant mille choses différentes. Après l'on se plaint de n'être pas assez libre, de ne pas trouver le temps pour faire ... La liberté ne serait qu'un grand sac vide que l'on s'empresserait de remplir de mille choses plus ou moins utiles ou inutiles, peu encombrantes ou très encombrantes. Résultat, le sac est vite rempli et l'on se plaint alors de ne pas être libre parce qu'on n'y trouve plus de place pour y mettre encore quelque chose de plus. Ne rien faire c'est vider le sac, prendre conscience de sa liberté. Qu'on peut ne rien faire et que cela ne changera rien. Qu'en ne rien faisant on ne perdra rien. Qu'il n'y a rien à perdre à ne rien faire.

Seulement, notre agitation nous apparaîtra vaine et les choses si importantes qui nous occupaient nous apparaîtront futiles. Est-t-on prêt à faire cette découverte? Est-t-on prêt a éprouver à ce point notre liberté? Est-t-on prêt à ne rien faire? Clairement pas! C'est un truc à se flinguer! On n'y arrive cependant si on tombe malade à force de trop vouloir en faire. Et ce malheur a quelque chose est bon. Si on n'en réchappe et, parce qu'on n'aura éprouvé notre liberté en ne faisant rien, on se sentira alors étrangement libre, étrangement libre parce qu'on ne s'expliquera pas pourquoi, habitué comme on  l'est a éprouver sa liberté de mille manières en faisant mille choses différentes, on est enfin libre en ne faisant rien.