Balayé
comme par un champs de sèmes de la conscience qui n'arrive pas à
faire sens et l'impression de ne plus comprendre les choses que
poétiquement, privé de signification mais m'éprouvant par leur
beauté inconsistante. M'asseyant à ma table pour dire tout ça et
ne trouvant que ces mots pitoyables à nouveau immergé dans la
langue commune qui bruit à mes oreilles accoutumées à ses sons
articulés, de retour vers un monde intelligent et intelligible, mais
avec l'impression rare d'avoir perdu quelque chose au passage, comme
au sortir d'un rêve. Des fois Sylvie me parle avec les yeux et j'ai
pour idée qu'elle me comprend comme elle ne m'a jamais compris,
qu'elle a enfin accès à ce monde intérieur ; que la barrière
des mots lui en interdisait l'accès et que maintenant qu'elle n'a
plus de mots pour l'en empêcher elle va directe à l'essentiel, elle
puise directement au fond de l'être. Elle rigole et je venais
justement de penser à quelque chose de drôle, quelle coïncidence.
Elle dit: ah non ! pas ça, et j'avais vis-à-vis d'elle et de
nous une pensée fautive. Elle me sourit : on pense la même
chose au même moment, c'est entendu entre nous. On ne sait rien dit
pourtant. Que j'apporte la preuve scientifique de tout ça. A tout ça
une réponse intelligente. Vous voulez rire. Elle est folle, moi
aussi sans doute. En tout cas, je la suis dans sa folie. Et je doute
que vous me suivez. Vous direz plutôt : il est fou, elle est
folle. On dit ça aussi des poètes. Bien sûr, le retour à la
normalité est seulement possible pour moi, et j'ai longtemps navigué
entre deux mondes ; Sylvie appartenait à l'un, maintenant elle
appartient à l'autre, à celui que je préfère, comme j'aimerais
l'y retrouver à jamais.
🙏 Superbe..... martine
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