mercredi 15 mai 2019

Le chantier


l'œuvre est en œuvre dans chacune de ses pierres. Le bâti est un mort enterré vivant. Voilà ce que vous appelez une œuvre achevée. Un amoncellement de corps morts autrefois vivants. Rien n'attire autant l'œil qu'un chantier. Regardez ce bâtiment, bientôt vous ne le verrez plus. Un immeuble parmi tant d'autres. Mais vous devinez à peine encore ce qu'il va être, et encore moins qu'il ne sera plus. Une fois construit. Les ouvriers sont à ses pieds. Les ouvriers sont à pieds d'œuvre. Vous aimez les voir travailler. Le dur labeur. La sueur. Et la pierre sans cœur. Un mur. Des ouvertures. Le plan de l'architecte qui prend forme sous vos yeux ébahis. On aurait dit un champs de ruines. Et la main de l'homme. Et la main de l'homme y a mis bon ordre. Le ciel y a pourtant encore ses entrées. Et celui qui s'agite à la fenêtre est un ouvrier. Une grue s'élève dans le vide. Et la pelle mécanique retourne à vide. On dirait que cela se construit. A peine perceptible est la vie. Et c'est un peu comme quand la fleur a fleurie, on s'en étonne. Il y a des balcons, une toiture, presque tout ce qui fait un immeuble aujourd'hui. Et on ne sait pas pourquoi on se prend presque à regretter l'immobilité maintenant tangible de tout ce qui bougeait. Les ouvriers sont partis.

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