l'œuvre est
en œuvre dans chacune de ses pierres. Le bâti est un mort enterré
vivant. Voilà ce que vous appelez une œuvre achevée. Un
amoncellement de corps morts autrefois vivants. Rien n'attire autant
l'œil qu'un chantier. Regardez ce bâtiment, bientôt vous ne le
verrez plus. Un immeuble parmi tant d'autres. Mais vous devinez à
peine encore ce qu'il va être, et encore moins qu'il ne sera plus.
Une fois construit. Les ouvriers sont à ses pieds. Les ouvriers sont
à pieds d'œuvre. Vous aimez les voir travailler. Le dur labeur. La
sueur. Et la pierre sans cœur. Un mur. Des ouvertures. Le plan de
l'architecte qui prend forme sous vos yeux ébahis. On aurait dit un
champs de ruines. Et la main de l'homme. Et la main de l'homme y a
mis bon ordre. Le ciel y a pourtant encore ses entrées. Et celui qui
s'agite à la fenêtre est un ouvrier. Une grue s'élève dans le
vide. Et la pelle mécanique retourne à vide. On dirait que cela se
construit. A peine perceptible est la vie. Et c'est un peu comme
quand la fleur a fleurie, on s'en étonne. Il y a des balcons, une
toiture, presque tout ce qui fait un immeuble aujourd'hui. Et on ne
sait pas pourquoi on se prend presque à regretter l'immobilité
maintenant tangible de tout ce qui bougeait. Les ouvriers sont
partis.
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