samedi 17 février 2018

Le méchant est un bon qui ...


Tandis que la gentillesse vous désarme et qu'à l'amour vous vous rendez sachez que le méchant n'est jamais gentil, qu'au gentil il continue à montrer les dents ; et que, même quand il a le cœur brisé, il continue à briser des cœurs.

Hier je faisais une partie d'échecs. Les échecs sont un jeu cruel. Non ! La vie est un jeu cruel. Mon adversaire était gentil et je me montrais gentil avec lui. On discuta ensemble. Puis on se mit à jouer ensemble. Mais il fallait un gagnant et un perdant. Au mieux une nulle. Mais tout le monde veut gagner même le plus gentil des gentils.

Il se trouve maintenant que celui qui vous battra vous ne trouverez plus aussi gentil que ça, vous pouvez même en devenir méchant : un méchant est un bon qui ne s'avoue jamais vaincu. Mais n'en restons pas là : la vie n'est pas qu'une partie d'échecs, il y a plusieurs parties d'échecs dans la vie où l'on ne gagne pas toujours mais ne perds pas toujours non plus.

Hier j'ai perdu. Après la partie on discuta ensemble mon adversaire et moi. Mon adversaire était gentil et je continuais à me montrer gentil avec lui. Et cela malgré le fait que je savais que, la vie est un jeu cruel, maintenant qu'il m'avait battu il n'était plus très sûr qu'il veuille rejouer avec moi. D'ailleurs il se trouve qu'aux échecs et, dans la vie qui est un jeu cruel, celui qui t'a battu au lieu de rejouer contre toi ira jouer contre qui en a battu un autre, entre vainqueurs, d'où sortiront les futurs vaincus.

Oh, je ne sais pas, je n'ai plus très envie, je suis fatigué, peut-être une autre fois... Combien de fois n'avez vous pas joué votre mijaurée contre un adversaire que vous venez de battre ? Dites le moi donc joueurs d'échecs. Ou vous consentez, montrez, devant ses suppliques, votre consentement comme une faveur, allez une dernière et je me rentre.

Oh, je ne sais pas, je n'ai plus très envie, je suis fatigué, peut-être une autre fois... Dites moi pourquoi vous vous êtes donné tant de mal à pousser cette mijaurée dans votre lit ? Parce que vous l'aimez.

Dites vous amants éconduits. Dites vous joueurs d'échecs vaincus. Que jamais, entendez-vous, jamais le méchant ne demandera à rejouer. C'est qu'il ne se comportera pas en vaincu mais en vainqueur. C'est qu'il sait que la vie est cruelle pour les vaincus, seulement pour les vaincus. C'est qu'il sait qu'il ne faut jamais baisser les armes, jamais se montrer gentil, qu'il continue à montrer les dents.

Mais le méchant est un bon qui s'en tient à une partie d'échecs, une seule et malheureuse partie d'échecs qu'il aurait perdu. Ça lui a fait mal, trop mal de perdre. Qu'on lui dise : oh, je ne sais pas, je n'ai plus très envie, je suis fatigué, peut-être une autre fois, après qu 'on se soit montré si gentil avec lui, si gentil qu'on semblait l'aimer. Mais la vie ce n'est pas une partie d'échecs, c'est plusieurs parties d'échecs où l'on perd et où l'on gagne. Il faut s'en rappelé quand on perd. Il faut s'en rappelé aussi quand l'on gagne.

NB
Je n'ai pas demandé à mon adversaire de rejouer avec moi mais nous avons continué à converser agréablement, gentiment.

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