Tandis que
la gentillesse vous désarme et qu'à l'amour vous vous rendez sachez
que le méchant n'est jamais gentil, qu'au gentil il continue à
montrer les dents ; et que, même quand il a le cœur brisé, il
continue à briser des cœurs.
Hier je
faisais une partie d'échecs. Les échecs sont un jeu cruel. Non !
La vie est un jeu cruel. Mon adversaire était gentil et je me
montrais gentil avec lui. On discuta ensemble. Puis on se mit à
jouer ensemble. Mais il fallait un gagnant et un perdant. Au mieux
une nulle. Mais tout le monde veut gagner même le plus gentil des
gentils.
Il se trouve
maintenant que celui qui vous battra vous ne trouverez plus aussi
gentil que ça, vous pouvez même en devenir méchant : un
méchant est un bon qui ne s'avoue jamais vaincu. Mais n'en restons
pas là : la vie n'est pas qu'une partie d'échecs, il y a
plusieurs parties d'échecs dans la vie où l'on ne gagne pas
toujours mais ne perds pas toujours non plus.
Hier j'ai
perdu. Après la partie on discuta ensemble mon adversaire et moi.
Mon adversaire était gentil et je continuais à me montrer gentil
avec lui. Et cela malgré le fait que je savais que, la vie est un
jeu cruel, maintenant qu'il m'avait battu il n'était plus très sûr
qu'il veuille rejouer avec moi. D'ailleurs il se trouve qu'aux échecs
et, dans la vie qui est un jeu cruel, celui qui t'a battu au lieu de
rejouer contre toi ira jouer contre qui en a battu un autre, entre
vainqueurs, d'où sortiront les futurs vaincus.
Oh, je ne
sais pas, je n'ai plus très envie, je suis fatigué, peut-être une
autre fois... Combien de fois n'avez vous pas joué votre
mijaurée contre un adversaire que vous venez de battre ? Dites
le moi donc joueurs d'échecs. Ou vous consentez, montrez, devant ses
suppliques, votre consentement comme une faveur, allez une dernière
et je me rentre.
Oh, je ne
sais pas, je n'ai plus très envie, je suis fatigué, peut-être une
autre fois... Dites moi pourquoi vous vous êtes donné tant de
mal à pousser cette mijaurée dans votre lit ? Parce que vous
l'aimez.
Dites vous
amants éconduits. Dites vous joueurs d'échecs vaincus. Que jamais,
entendez-vous, jamais le méchant ne demandera à rejouer. C'est qu'il ne se comportera pas en vaincu mais en vainqueur. C'est qu'il sait que
la vie est cruelle pour les vaincus, seulement pour les vaincus.
C'est qu'il sait qu'il ne faut jamais baisser les armes, jamais se
montrer gentil, qu'il continue à montrer les dents.
Mais le
méchant est un bon qui s'en tient à une partie d'échecs, une seule et malheureuse partie d'échecs qu'il aurait perdu. Ça lui a fait mal,
trop mal de perdre. Qu'on lui dise : oh, je ne sais pas, je n'ai
plus très envie, je suis fatigué, peut-être une autre fois, après
qu 'on se soit montré si gentil avec lui, si gentil qu'on
semblait l'aimer. Mais la vie ce n'est pas une partie d'échecs,
c'est plusieurs parties d'échecs où l'on perd et où l'on gagne. Il
faut s'en rappelé quand on perd. Il faut s'en rappelé aussi quand
l'on gagne.
NB
Je n'ai pas demandé à mon adversaire de rejouer avec moi mais nous avons continué à converser agréablement, gentiment.
NB
Je n'ai pas demandé à mon adversaire de rejouer avec moi mais nous avons continué à converser agréablement, gentiment.
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