Les gens
normaux ne se rendent pas bien compte combien pour cette normalité
qui leur est si naturelle d'autres doivent lutter de peur, de
crainte, qu'à la moindre faute, qu'au moindre écart, ont disent
d'eux, qu'ils soient taxés, de pas normal ou de pas très normal,
car la différence la plus infime creuserait le fossé qui les
séparera à jamais de la route toute tracée par et pour les gens
normaux.
Toute une
vie pour leur ressembler et se voir refléter dans le miroir sans
pitié de l'humanité qui est comme un doigt pointé. Et tout ce mal
qu'ils se donnent à lire votre passé, votre avenir, votre
curriculum vitae, tandis que le leur s'écrirait dans la marge, mais
l'on n'écrit pas dans la marge sinon les corrections. Et tout ce mal
qu'ils se donnent à comprendre ce que vous leur dites mais qui ne
leur parle pas.
Ils n'ont
pas appris comme vous à dire nous et continuent à dire je, mais
ayez pitié d'eux, ayez pitié de ceux à qui il ne reste que le je
parce qu'ils ne sont pas nous, parce qu'ils ne sont pas vous, parce
qu'ils seront toujours je, ce je qui nous dérange tant, qui vous
dérange tant, qui dérange tant le nous, qui dérange tant le vous.
C'est qu'ils ne nous sont pas si présent. C'est qu'ils ne nous sont
pas si distant. Qu'on voudrait. Qu'on voudrait tant.
Quand la
déviance n'est pas recherchée elle est bien fondée et ses racines
en l'être sont si profondes qu'il en serait tout ébranlé si on le
poussait à pousser autrement. Les corrections faites au vu de la
normalité auraient des effets pervers. Je suis pour laisser un arbre
poussé tout de travers quand le précipice le guette, même s'il me
donne le vertige, même si je sais qu'il va tomber.
Quand les
fondements du mal sont aux fondements de l'être et combien même
beaucoup s'en dépêtre par l'artifice naturelle de la comédie
humaine pour eux je me ferais l'avocat du diable et plaiderais
coupable, coupable d'être un bon sauvage, de n'avoir pas appris à
vivre, et j'ajouterais, à vivre comme les gens normaux.
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