Dans les pensées qui n'engagent que moi il y a celle que celui qui se met devant sa télévision attend quelque chose de sa télévision sinon il ne le ferait pas, il ne perdrait pas son temps à se mettre devant sa télévision. Il attend de sa télévision ce qu'on peut attendre de tout être vivant: qu'il est quelque chose à nous donner. Et l'on ne se trompe pas pour ce qui est de l'être vivant parce que tout être vivant peut apporter quelque chose à tout être vivant. Par contre la télé que je sache n'est pas un être vivant et il n'y a donc rien à en attendre.
Il n'empêche que beaucoup délaissent l'être vivant pour se mettre devant la télé, enfin on va généraliser pout tout englober et être à la pointe du progrès et à jour côté actualité, on dira alors que beaucoup délaissent l'être vivant pour se mettre devant un écran ce qu'il ne ferait pas, et il faut insister là-dessus, s'ils n'en attendaient pas davantage; oui davantage quand il m'est d'avis qu'ils en reçoivent moins. Mais l'illusion ou la véritable fiction est là qui leur fait espérer plus et leur donne une joie sans partage.
Mais c'est cette joie sans partage qui justement fait problème: c'est qu'ils sont seuls devant leurs écrans et que si l'illusion de ne pas l'être demeure tant qu'ils y sont elle s'évanouie dès qu'ils n'y sont plus et se retrouvent donc seuls comme ils l'ont toujours été; aussi c'est fuyant devant cette réalité qu'ils y reviennent dare-dare; l'illusion de posséder l'autre sans avoir a être possédé à son tour par l'autre; une domination absolue: donner sans avoir à donner; pas d'autres efforts à faire que l'effort tactile.
Et pour ne pas sortir de sa zone de confort il y a le zapping. Si l'humanité ne pèse pas alors sur nous de tout son poids c'est qu'elle revêt un visage à la fois beaucoup plus plaisant et beaucoup plus changeant. Cependant, et le reproche est fréquent: "tu ne changeras donc jamais", il y a une permanence de l'outrageant et notre confrontation au non fictionnel est de plus en plus vécue comme de plus en plus outrageante, parce que ne jouant pas aussi bien sur toutes les cordes de notre sensibilité et ne s'inscrivant pas dans la conformité mais dans l'altérité.
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