Je me disais que l'argent c'était l'enrichissement du pauvre et que j'étais ce pauvre là, que l'enrichissement du riche c'était la connaissance, mais que je ne connaissais pas beaucoup de riches à ce titre là, que je ne connaissais que des riches qui voulaient s'enrichir et c'était d'argent plutôt que de connaissances.
J'étais parti de l'idée d'exigence. Comment concevoir l'exigence autrement que comme une nécessité pressante. C'est là que s'inscrit un ordre. Il faut d'abord avoir répondu aux nécessités premières et on appelle nécessités premières celles de se nourrir et de se loger et de se vêtir, mais on en a jamais assez de se nourrir comme de se loger et de se vêtir.
Quand interviendrait l'exigence de connaissances si elle ne répondait aux nécessités premières et s'arrêtait quand celles-ci pouvaient être satisfaites et elles pouvaient l'être par un minimum de connaissances qu'on dira lucratives ou rentabilisables; aussi il y aura des connaissances plus profitables que d'autres et qui à ces autres se verront préférées.
Alors même que cette exigence se reporte sur la connaissance c'est encore l'argent qui répond aux nécessités premières qui répond également au choix des connaissances, qui oriente notre exigence, on peut dire à ce titre que notre exigence reste matérielle plus qu'intellectuelle. Qui peut alors se prévaloir d'une exigence intellectuelle est appelé un intellectuel.
Mais le métier d'intellectuel tue l'intellectuel toujours par sa subordination à l'argent qui est subordination aux nécessités premières qu'on a vu être extensibles puisqu'on en a jamais assez de se nourrir, de se loger et de se vêtir; et qu'il se peut que l'intellectuel ne montre pas plus qu'un autre de détachement à l'égard des nécessités premières.
Et l'on comprend mieux alors qu'il nous faudrait plutôt des sages que des intellectuels, mais c'est d'autres civilisations qu'on dit pourtant primitives, et d'autres encore qu'on dit antiques, qui pouvaient se prévaloir de sages, tandis que la nôtre de civilisation n'a à nous offrir que des intellectuels.
Et encore elle en aurait après ses intellectuels. Aussi dire de quelqu'un que c'est un intello n'est pas forcément flatteur. Il lui faudrait être un intellectuel patenté car seul les intellectuels patentés méritent d'être appelés intellectuels qui serait comme une forme de reconnaissance de la société qu'ils serviraient intellectuellement parlant; l'intellectualité librement déployée n'ayant pas lieu d'être sinon dérangeante et désargentée.
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