mardi 15 juillet 2025

Le plaisir de la lecture


La lecture est un mode de pensée linéaire et continue, jamais l'on ne pense ainsi que comme on lit et il se peut que tout le plaisir de la lecture vienne de retrouver ce mode de pensée qui nous abandonne aussitôt que l'on referme un livre.

Cela manquerait à l'esprit du lecteur comme une drogue qui aussi peut conduire dans un premier temps à une plus grande fluidité quand tout est forcé autrement, aussi une fausse naturalité.

Mais ce n'est pas le naturel qui vient à nous manquer mais le livre comme une drogue qui décuple nos forces intellectuelles; l'esprit comme une lourde machinerie qu'il mettrait en branle malgré parfois les ratés au démarrage.

L'apprentissage de la lecture montre à qui ne l'aurait pas oublié, à qui n'aurait pas oublié qu'il n'est pas plus naturel de lire que de faire du vélo, qu'il faut une certaine vitesse pour maintenir un certain équilibre des fonctions motrices.

Mais tout s'arrête quand on s'arrête de lire comme si l'on s'arrêtait de pédaler; on continue encore un peu sur sa lancée comme ce jour où je m'étais endormi et dans mon sommeil continuais à lire, et ce n'est pas sans rappeler ce poulet qui continue à marcher un peu la tête coupée.

Bientôt le lecteur reprendra ce livre, que dis-je, n'importe quel livre, car ce dont il ne peut pas se passer c'est de lire mais cela il l'ignore: que ce sont ses facultés de penser qui exigent le livre comme une drogue indépendamment de l'histoire qui lui est contée.

Il n'y a pas loin pour le lecteur de reprendre le cours de ses pensées à reprendre le cours de sa vie qui est reprendre sa lecture là où il l'aurait laissée.

C'est comme pour faire l'Europe, c'est comme pour faire le monde, il faut ouvrir les frontières, et mon lecteur a ouvert sa pensée pour qu'elle coule plus librement, avec plus de fluidité et de plaisir retrouvé.


CITATION

Paterson de William Carlos Williams

"Car il existe un vent ou l'esprit d'un vent/dans chaque livre qui renvoie l'écho de la vie/jusqu'ici, un grand vent qui emplit les conduits auriculaires jusqu'à ce que nous croyions entendre un vent réel/entraîner notre esprit."

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