On peut entendre que la société soit faite pour le plus grand nombre en quoi elle ne serait pas si mal faite que cela, mais ce serait encore si le plus grand nombre voulait être le plus grand nombre.
Et c'est pourtant comme cela qu'elle le considère puisque son action porte sur le plus grand nombre, aussi comme s'il était stable et non mouvant, aussi comme si le plus grand nombre voulait être le plus grand nombre.
Et c'est pourquoi elle est dépassée et toujours en état d'être dépassée dans sa considération du plus grand nombre et du plus grand nombre comme donnée stable.
On voit alors l'écart se creuser entre l'individu et la société, l'individu qui ne peut être qu'un et qu'un changeant, un mobile dans le temps, rien de plus difficile à saisir pour la société qui veut le ramener au plus grand nombre (ou dénominateur commun) et à la plus grande stabilité.
On pourrait en ce sens opposer non pas tant société de masse et société d'élite que société statique et société dynamique ou mieux encore société du vivant et société de l'inerte ou de l'inertie ou de l'être chosifié.
C'est que ce n'est pas tant l'idée de progrès que l'idée du vivant, ce n'est pas tant le renvoi au progrès technique qui renvoie aux choses que le renvoi au vivant qui renvoie à l'individu qui n'est jamais le plus grand nombre.
Il suffit de demander à un individu quelconque s'il est ou se considère le plus grand nombre pour s'apercevoir qu'aucun n'entre dans le plus grand nombre comme la main dans un gant, aussi il n'entre pas dans la société comme la main dans un gant qui en outre ne serait pas fait sur mesure.
Bien sûr, il n'est pas à la société de faire du sur mesure et c'est pourquoi elle doit toujours voir grand, très grand, ce qui est aussi voir en avant, très en avant, parce que vite, trop vite, l'homme qui grandit se sentira à l'étroit dans les vêtements de la société.
La société est sa chose à l'individu et non l'inverse comme la société a tendance à le penser: que l'individu est sa chose. Et si elle n'est pas sa chose, faite par lui pour lui, elle doit le redevenir à moins que devenue inutile et embarrassante il puisse s'en débarrasser tout à fait.
Et ce serait se débarrasser de tout ce qui dans la société se serait chosifié ou figé, pour ne pas dire trop institutionnalisé, pour ne pas dire trop déshumanisé, ayant perdu ce caractère dynamique et créatif et évolutif qui est le propre du vivant c'est-à-dire de l'individu.
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