J'ai vu ce film: Le jeune Karl Marx mais que l'on n'aille pas trop vite en besogne et voit en moi un communiste, ce qui ne serait pas sans me flatter mais je n'arrive pas plus a épouser leur foi qu'à épouser la foi catholique, car tous deux ont foi et en appellent à un autre monde.
Qu'ils ne m'en veuillent pas de les réunir ici en une même foi car j'admire ceux qui sont portés par la foi tant qu'ils ne l'a détournent pas à leurs propres fins qui elles par contre sont bien humaines, et c'est pourquoi c'est toujours de l'humain dont il ne faut pas trop s'éloigner.
Rien ne peut être fait ou réussir sans sa prise en considération. C'est l'humain et non pas seulement le catholique ou l'ouvrier. C'est l'humain et non pas seulement celui qui a foi en Marx ou en Dieu; pas celui qui a foi en la Société comme en Dieu, mais seulement en l'homme.
Le jeune Marx est encore un jeune homme (certes en passe d'être divinisé) qui a des amours et des amitiés et c'est sans doute ce qui le fait aimer dans le film comme ce qui a fait aimer Dieu c'est le Christ quand il n'était qu'un homme parmi les hommes.
Ce film qui pourrait seulement nous faire regretter de ne pas avoir connu Karl Marx quand il était un homme parmi les hommes et jeune de surcroit parce qu'en général on vieillit mal et nos jolies femmes qui flattent notre vie la flattent moins à cet âge qui est pour tous moins flatteur.
Le réalisateur a eu raison de s'en tenir au jeune Karl, quand ses idées étaient encore rafraichissantes, quand elles aussi n'avaient pas pris un coup de vieux. Qu'elles soient encore d'actualité: c'est de ne pas aimer voir les choses vieillir et mourir qui nous le fait dire et penser.
Dans ce film on se moque de Proudhon qui a dit la propriété c'est le vol, par une répartie brillante mais qui est toute rhétorique et qu'on met dans la bouche du jeune Karl Marx: "si la propriété c'est le vol alors en volant la propriété qui est le vol on vole quoi? le vol?"
Alain opposait plutôt Marx à Jaurès quand il écrivait: "Il y a une belle naïveté dans la foi socialiste; mais on y trouve aussi assez de pédantisme. Que de fois quand j'entendais Karl Marx en bourgeron qui parlait comme un livre, j'ai pensé à quelque licencié du temps passé"
Karl Marx serait-il, lui qui aurait toujours voulu donner à sa pensée plus d'assise, de consistance, l'aurait voulu plus scientifique que sentimentale, en un mot matérialiste (fondée sur les sciences économiques), vu traité à tort de pédant?
Sans doute, mais ne serait-il pas plus d'actualité de s'en remettre à Proudhon qu'à Marx, à l'individu qu'à la société, d'abord parce que si l'individu reste l'individu la société, elle, change; ensuite parce que le sort de la société nous intéresserait moins que celui de l'individu.
C'est que le parti communiste est un parti de la société comme tous partis politiques l'est, tandis que Proudhon n'a qu'un seul parti et c'est le parti de l'homme: "Quiconque met la main sur moi pour gouverner est un usurpateur et un tyran; je le déclare mon ennemi."
En effet, qui ne peut se rallier à cela, chaque homme est Proudhon, quand tous les hommes ne sont pas Marx. N'aurions nous plus d'ennemis de classe que nous aurions encore cet ennemi à combattre, car étant l'ennemi de l'individu il est l'ennemi de toutes les classes confondues.
Et il ne faut pas plus être anarchiste que communiste ou capitaliste pour prendre la cause individualiste qui est la cause de l'homme et celle d'un homme comme un autre. Et Alain le philosophe et l'auteur des Propos est un homme comme un autre.
Quand il écrit (après avoir parlé des Chemins de Fer qui préfèrent payer pour ce qui leur coûtent le moins cher: la mort d'hommes que des travaux de voierie) "Il faut établir et fortifier le respect de la vie humaine… Il ne faut pas qu'il y ait un prix de revient du meurtre."
Et c'est pourquoi en ses Propos comme en beaucoup des Confessions de Proudhon la prise en considération de l'homme les rend recevables à tous les hommes. L'autonomie, l'autosuffisance, l'autodétermination, quoi de plus cher à nos cœurs aujourd'hui comme hier à celui de Proudhon.
Tandis que Proudhon avait foi en l'homme pourvu qu'il donne le meilleur de lui-même, (en cela la société pouvait l'aider, être un outil plus qu'un instrument aux mains du pouvoir), Marx lui avait foi en une société à venir, qui n'était pas, sinon dans sa tête, qu'elle se réalise.
CITATION
Henry David Thoreau La désobéissance civile "j'accepte de tout cœur la devise suivante: "Le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins" et j'aimerais la voir suivie d'effet plus rapidement et plus systématiquement."
A rapprocher de Proudhon dans Les confessions d'un révolutionnaire:
"Les nations les plus libres sont celles où le pouvoir a le moins d'initiative, où son rôle est le plus restreint: citons seulement les Etats-Unis d'Amérique, la Suisse, l'Angleterre, la Hollande. Au contraire les nations les plus asservies sont celles où le pouvoir est le mieux organisé et le plus fort, témoin nous. Et cependant nous nous plaignons sans cesse de n'être pas gouvernés, nous demandons un pouvoir fort, toujours plus fort!"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire