mercredi 11 juin 2025

L'autorité


Il n'y a pas d'idées qui ne fassent débat et l'autorité fait débat en moi comme elle fait débat en tout un chacun. Et ce débat brûlant comme un volcan dormant fut réveillé par la lecture d'un extrait des Confessions d'un révolutionnaire, Proudhon.

La force des propos tient souvent à leur radicalité et c'est en quoi souvent elle fait autorité sur nous comme le fait tout étalage ou exhibition de force qu'elle soit spirituelle ou matérielle (voir défilé du 14 juillet) et c'est une mise en garde que l'on peut faire à tout lecteur.

Je n'en fus pas moins d'abord séduit et subjugué par ces mots de Proudhon: "L'autorité, voilà donc qu'elle a été la première idée sociale du genre humain […] Il n'y aura de liberté … que lorsque le renoncement à l'autorité aura remplacé dans le catéchisme politique la foi à l'autorité."

Heureusement que des propos plus modérés auxquels tout autant j'acquiesçais vinrent les tempérer et c'était un autre extrait mais des Deux traités du gouvernement civil de John Locke qui n'accepte pour toute autorité que celle de la loi et de pouvoir que le pouvoir législatif.

A l'autorité des hommes l'autorité de la loi qui doit s'arrêter au bien public. Par son idée restrictive de l'autorité il s'opposerait à Thomas Hobbes, "pas question de céder aux idées absolutistes, qui font croire que "tout gouvernement terrestre est le seul produit de la force et de la violence" était-il commenté.

C'est que Thomas Hobbes est aussi très connu pour son livre le Léviathan, toujours pour cette radicalité des propos qui leur donne toute leur force qui comme toute force fait sur nous forte impression, autant dire autorité, et c'est de l'autorité dont il faut toujours se défier.

Donc John Locke ne reconnaissait qu'une force, celle de la loi, qui puisse faire autorité sur nous. Je crois pouvoir avec d'autres philosophes allés plus loin, ne devoir reconnaitre d'autre autorité qu'une autorité morale qui ne nous renvoie pas à la loi mais à notre conscience.

Je pense entre autres à Emmanuel Levinas pour qui les institutions ne sont pas à rejeter, mais en leur absence comme en leur présence, tout un chacun est renvoyé à sa conscience qui est responsabilité de l'autre, et c'est "le visage de l'autre" qui doit faire autorité sur lui.

C'est pourquoi à l'être social je préfère l'être moral, à celui qui a une société celui qui a une conscience, et que cette conscience le rappelle à l'autre plutôt qu'il se parapet derrière la loi en vigueur parce qu'il y a eut des lois comme des institutions abominables. 

Que tout le monde alors non pas en dernière mais en première instance soit renvoyé à sa conscience, c'est-à-dire à son humanité qui seule sur lui doit faire autorité. C'est aussi préférer à l'autorité de tous, la société, l'autorité de chacun, que l'individu est le mot de la fin.

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