samedi 14 juin 2025

La complétude de l'être


On n'attend toujours le bonheur de l'autre, mais comment qui n'a pas le bonheur pourrait-il l'apporter à l'autre ? Et s'il a le bonheur en quoi voudrait-il encore l'autre? Pour le rendre heureux? Mais s'il l'est déjà.

Cependant pour l'être déjà il faudrait que de la même façon que l'on s'imagine heureux avec l'autre l'on s'imagine heureux seul car c'est une question d'imagination, or quand on se retourne dans son passé les images de bonheur que l'on revoit ne sont pas celles de nous seul.

Tout tiendrait donc à ce que l'on ne s'imagine pas heureux seul tandis que l'on s'imagine heureux à deux, tout tiendrait donc à une question d'imagination tandis qu'il est moins sûr que la réalité du couple témoigne de plus de bonheur que celle de l'homme seul ou de la femme seule.

Cela est si vrai qu'on ne pourrait aimer que celui ou celle avec lequel ou laquelle on puisse s'imaginer heureux, aussi le moindre signe contraire amoindrirait d'autant l'amour qu'on lui porterait tandis que tout signe favorable à ce bonheur ne ferait qu'accroitre notre amour.

Mais l'amour c'est aussi la possibilité d'être aimé et la possibilité d'être aimé c'est la possibilité de ne pas être seul, tout conduit à penser que c'est plus la solitude qu'on fuit que les êtres qu'on recherche, et qui se dit bien dans sa solitude l'amour la lui fait quitter.

Il la quitte pour l'autre qui est le bonheur qu'il s'imagine, parce que ce ne serait pas tant qu'il ne soit pas heureux dans sa solitude mais plutôt qu'il ne puisse pas s'imaginer l'être, à croire aussi que le bonheur ne peut être que partagé et entendu.

Quand on entend l'autre dire je t'aime on entend le bonheur frapper à notre porte et entrer dans cette maison vide et solitaire que l'on ne s'imagine pas heureuse autrement, même si l'on y a passé le plus clair de son temps sans souci de rien d'autre que de soi-même.

C'est qu'il n'y a pas d'amour de l'autre sans souci de l'autre et que c'est autant l'amour de l'autre que le souci de l'autre qui fera notre quotidien quand ne vient pas s'ajouter celui des enfants qu'on aime aussi très certainement où bien c'est là qu'il faut apprendre à aimer.

Que certains apprennent et d'autres n'apprennent pas à aimer et reviennent à leur solitude que bien vite ils voudront quitter parce qu'on attend toujours le bonheur de l'autre, parce qu'on ne peut s'imaginer heureux tout seul. L'amour serait un manque plus qu'un trop plein d'imagination.

Un manque que l'on chercherait à combler avec l'autre, mais l'autre veut un plus, car lui aussi cherche à combler un manque: qui saura alors donner à l'autre l'illusion d'un plus saura se faire aimer de l'autre: l'amour ne dit pas ce qu'il est.

La solitude qui apparait comme un manque, un défaut de l'être, peut être aussi trompeuse et se révéler le contraire de ce que l'on s'imagine, alors dire je t'aime serait joindre ma solitude à la tienne, deux solitudes qui s'aiment serait s'aimer dans la complétude de l'être. 

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