Je voulais comprendre. L'homme veut comprendre. Tout part d'un effort de compréhension de l'homme. Pourquoi ce malaise. Qui n'est pas seulement un malaise social. Mais un malaise de moi l'homme. J'ai (ou l'on a trop souvent) opposé la société à l'homme. Pourtant il me semblait les retrouver dans ce même malaise. Par là j'arrivais à ce dépassement de l'opposition (entre la société et l'homme) et par ce dépassement de l'opposition à une explication qui je l'espère ne vaudra pas que pour moi l'homme mais aussi pour la société en tant qu'elle se voudrait la société de l'homme.
Tout part de l'homme, de l'homme et de la femme, voilà le fondement de toute société, voilà les matériaux de base propres à la fondation de toute société. Si je les appelle le ciment de la société c'est par référence à son élément le plus humble et cependant le plus indispensable à son édification. Mais on tendrait à l'oublier. Mais on tendrait à ne se référer comme à compter en matière de société que son infrastructure. Son infrastructure économique, politique. C'est cette infrastructure économique, politique, qui tendrait à oublier l'humble matériau humain de base et s'en mésentendrait.
Elle voudrait que quand on parle de société on ne parle que d'elle, c'est-à-dire qu'on ne parle qu'économie et que politique. Que ce soit elle la société, et pas l'homme, et pas l'humain. Pauvre de toi. Pauvre de toi, non pas l'homme, mais la société, car elle n'en est ou n'en devient alors qu'un décors vide. C'était bien celui que l'homme avait aménagé afin de mieux vivre, et voilà qu'il voudrait se dispenser de lui, comme si ce n'était pas lui qui l'habitait ce décors et que sans lui il perdrait toute vie, ne serait plus animé.
D'où cette impression accrue, accrue jusqu'au malaise, pour l'homme d'errer dans le vide ou dans un décors de papier pâte, hollywoodien, ou continuerait à briller une société comme une étoile morte depuis longtemps, car sous l'effet de son brillant (politique, économique), spectateur encore hypnotisé ou fasciné par elle mais déçu pas tant par sa mauvaise prestation pour ne pas dire son absence de prestation, mais par sa mauvaise participation pour ne pas dire son absence de participation à lui qui pour elle, la société, n'existe pas ou plus, n'est plus requis par elle, ne l'anime plus ou mal ou moins, parce qu'elle le lui en laisse plus ou moins ou mal sa part qui est la part humaine.
Une fois planté le décors des institutions humaines voilà que l'humain ne serait plus appelé à les habiter sinon une catégorie infrahumaine qui se réclamerait plus de l'Etat, de la société (qui serait donc une société sans hommes), que de l'homme, et ce serait le fonctionnaire, ce sous homme qui ne penserait plus l'homme mais la question sociale (les hommes en tant que catégories sociales ou de masse ou de producteurs ou de consommateurs…) ou la question économique ou la question politique.
Il y aurait cependant toujours un homme vivant en deçà, et autant que vivre se peut en deçà des institutions, qui prenant de plus en plus de place prendraient celle de l'homme au lieu de lui en allouer une, voire aménager une, et des meilleures, comme il aurait voulu (du moins au début quand il avait planté le décors, monté l'infrastructure) pour mieux l'habiter, non pas ses institutions (peuplées de fonctionnaires, véritables Bernard l'Hermite habitant les coquilles vides que la vie a déserté), mais cette terre avec sa nature, la rendant ainsi, pensait-il, plus hospitalière à l'homme, avant que cet artéfact comme tout artéfact créé par l'homme se retourne contre lui.
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