Non là tu me parles de ceux qui sont mort de leur vivant, mais combien sont-ils ceux qui sont mort de n'avoir pas vécu ? Mais de quoi parlait-il avec ces paroles sibyllines et avec qui parlait-il dans son rêve, l'endroit où il se trouvait aussi, tout avait disparu quand il s'était réveillé et il ne lui restait plus que ces quelques mots qu'il avait trouvé bon de noter. Sans doute son interlocuteur en lui parlant de ceux qui sont mort de leur vivant voulait lui parler de ceux qui sont mort bêtement pour une cause, au vu de tous les sacrifices et du sacrifice ultime que souvent les causes exigent quand elles ne récompensent souvent que d'une mort inutile ceux qui l'ont défendue parce que la cause n'aurait jamais gain de cause, parce qu'aucune cause n'aurait jamais eu gain de cause mais au bout la mort de ceux qui la défendent. C'est alors qu'il aurait rétorqué: mais qu'en est-il des autres, de ceux qui sont mort de n'avoir pas vécu, car ce serait pour lui n'avoir pas vécu que de n'avoir pas vécu pour une cause; et c'était se contenter de vivre sans plus, et c'était une vie bien animal à ses yeux que celle-là, pas une vie d'homme.
Mais si ce n'étaient que deux points de vue qui s'affrontaient dans son rêve et qu'il n'était qu'en proie au tourment de ne pouvoir se décider à partager l'un ou l'autre, à être l'une ou l'autre des deux personnes qui se disputaient en son rêve. L'une idéaliste, l'autre pragmatique, l'une vivant au jour le jour et mourant un jour, l'autre vivant pour un jour qu'elle ne verrait jamais; et si ces deux personnes vivaient en chacun de nous, l'une l'emportant sur l'autre selon les circonstances où elles se révèleraient ou pas, étant plus le fruit des circonstances, favorables ou défavorables, plus que le fruit de la volonté, et qu'il y aurait des vies où ces circonstances, les dirait-on favorables ou défavorables, ne se seraient pas produites et d'autres où oui elles se seraient produites. Et en l'absence de ces circonstances favorables ou défavorables restait le tourment de ne pouvoir se décider. A moins que cela fut attaché à la nature de chacun plus qu'à la nature des circonstances et qu'il y eut ce que l'on appelle les indécis que tourmenterait alors leur indécision. Mais c'était l'homme cet agité qui quand il ne serait pas agité par une cause le serait pas son indécision à prendre parti pour une cause, et plus que le tourment ne chercherait-il pas à trouver le calme, la paix, en se décidant enfin à prendre parti, à mettre fin à une interrogation, à une réflexion qui elle plus que tout le tourmenterait jusque dans ses rêves, ne le laissant plus dormir.
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