On ne comprend pas assez ce que c’est que l’existence et ce que sont les modalités d’existence aussi que les stratégies d’existence que nous mettons en œuvre. C’est pour nous examiner à nous d’un côté et de l’autre examiner l’existence, quand il n’y a pas semblable dichotomie, quand il n’y a qu’une existence qui est la nôtre. Si bien que nous ne comprenons pas qu’il soit si difficile à quelqu’un qui boit trop comme à quelqu’un qui mange trop de boire ou de manger moins. Il suffit dans ce dernier cas pensons nous de faire un régime et appel à un peu de volonté. Il n’y a cependant, et on ne le sait que trop, aucun régime qui tienne dans la durée. On se remet bientôt à manger comme avant. Les habitudes alimentaires, qu’on dit alors. Difficile en effet de se défaire de ses habitudes. Mais l’on ne fait ainsi que tout rattacher au corps, à nous, pas à l’existence, comme si elle et nous étions séparés l’un de l’autre. C’est pourtant elle qui nous tient, qui est chevillée au corps, quand l’on ne peut s’empêcher d’en parler sur ce mode distinct auquel, on le voit, le langage, reflet de nos habitudes de pensée, est aussi attaché. Et si nous considérions que cette existence nous ne savons la vivre autrement qu’en mangeant beaucoup, que c’est ainsi que nous existons. Aussi on s’en rapproche quand on parle de compensation. Mais on compense quoi ? Des frustrations, des manquements. On ne peut pourtant pas manquer d’exister. C’est plutôt une stratégie d’existence que l’on a mis en place pour, comme dirait Spinoza, persévérer dans son être. Et à cet effet on s’est mis sur le mode bouffe. De même, beaucoup de ceux qui arrêtent de fumer passent du mode fumer au mode bouffe et prennent des kilos. Laissons au psy le soin de parler de ce rapport à la bouche. Il m’intéresse plus de parler du rapport à l’existence. Il y a des stratégies qui se mettent en place souvent à notre insu et qui sont des stratégies d’existence et c’est d’elles qu’il faudrait tenir compte, et du passage de l’une à l’autre, car ce n’est pas parce que l’on arrête de fumer que l’on va arrêter de vivre. A moins de considérer l’existence comme une maladie et d’en traiter les symptômes qui est ce que font les médecins qui donnent des cachets pour moins manger ou mettent un anneau à l’estomac pour que ça ne passe pas. C’est que l’on considère aussi comme un malade celui qui mange trop quand c’est trop manger qui le rend malade. Mais c’est comme ça qu’il fonctionne. Mais c’est comme ça qu’il existe. Qu’il a appris à fonctionner. Qu’il a appris à exister. Et ce n’est pas un régime de quelques semaines qui va lui apprendre à fonctionner, à exister, autrement. D’ailleurs on ne lui propose pas non plus d’autres modalités d’existence qui pourraient lui convenir, qu’il pourrait apprendre et qu’on lui apprendrait, ce qui ne peut pas non plus se résumer pour tout le monde à faire du sport. Mais qui pense à votre existence ? Et à votre existence autrement que comme à un mal dont il faut vous guérir, vous soigner, pour ne pas dire vous affranchir ; quand il faudrait penser à votre existence comme à un bien.
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