Je ne
pourrais pas vivre sans musique. Je ne pourrais pas vivre sans les
livres. Je ne pourrais pas vivre sans … foutaise que tout ça. Je
ne pourrais pas vivre sans manger ou sans boire ou sans dormir, ça
oui !
Avoir trop
longtemps été cet animal qui mange et qui boit et qui dort, c'est
sans doute pour ça que je peux dire une monstruosité pareille aux
yeux de ceux qui prétendent pouvoir s'arrêter de manger ou de boire
ou de dormir mais pas de lire ou d'écouter de la musique.
Avoir trop
longtemps été près de l'animalité, pour avoir trop longtemps été
près de l'animalité je sais que du jour au lendemain je peux y
retourner comme si la musique, comme si les livres n'avaient jamais
existé pour moi, et n'existeraient jamais comme ils existent sans
doute pour d'autres.
Je ne
connais que trop bien cet animal qui peut se passer de livres et de
musique. Et je pourrais vous en parlez à vous qui l'ignorez ou
feignez de l'ignorer. Vivre repu est tout ce qu'il demande. C'est
bien peu que de le contenter ou, dit autrement, il se contente de
peu. Son indigence est remarquable. Sa curiosité nulle. Animal
sauvage non domestiqué par la pensée des autres, aux sens affûtés
non émoussés par le confort de la pensée.
L'ennui
pourrait être chez lui le moteur d'actions plus nobles. Pour ne pas
s'ennuyer … Mais il ne connaît pas l'ennui, seulement la fatigue.
Il ne faut pas oublier que c'est d'un animal qu'il s'agit, même si
cet animal est un homme, même si cet homme a du mal à se définir
comme tel.
J'ai du mal
avec mon animalité, pas totalement maîtrisé, où du jour au
lendemain je peux retomber. Mon chien encore a une excuse : il
est analphabète. Qu'il mange, qu'il boive, qu'il dorme, il n'a rien
de mieux à faire lui. Mais moi qui connaît l'ennui en plus de mon
alphabet.
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