samedi 3 mars 2018

L'animalité


Je ne pourrais pas vivre sans musique. Je ne pourrais pas vivre sans les livres. Je ne pourrais pas vivre sans … foutaise que tout ça. Je ne pourrais pas vivre sans manger ou sans boire ou sans dormir, ça oui !

Avoir trop longtemps été cet animal qui mange et qui boit et qui dort, c'est sans doute pour ça que je peux dire une monstruosité pareille aux yeux de ceux qui prétendent pouvoir s'arrêter de manger ou de boire ou de dormir mais pas de lire ou d'écouter de la musique.

Avoir trop longtemps été près de l'animalité, pour avoir trop longtemps été près de l'animalité je sais que du jour au lendemain je peux y retourner comme si la musique, comme si les livres n'avaient jamais existé pour moi, et n'existeraient jamais comme ils existent sans doute pour d'autres.

Je ne connais que trop bien cet animal qui peut se passer de livres et de musique. Et je pourrais vous en parlez à vous qui l'ignorez ou feignez de l'ignorer. Vivre repu est tout ce qu'il demande. C'est bien peu que de le contenter ou, dit autrement, il se contente de peu. Son indigence est remarquable. Sa curiosité nulle. Animal sauvage non domestiqué par la pensée des autres, aux sens affûtés non émoussés par le confort de la pensée.

L'ennui pourrait être chez lui le moteur d'actions plus nobles. Pour ne pas s'ennuyer … Mais il ne connaît pas l'ennui, seulement la fatigue. Il ne faut pas oublier que c'est d'un animal qu'il s'agit, même si cet animal est un homme, même si cet homme a du mal à se définir comme tel.

J'ai du mal avec mon animalité, pas totalement maîtrisé, où du jour au lendemain je peux retomber. Mon chien encore a une excuse : il est analphabète. Qu'il mange, qu'il boive, qu'il dorme, il n'a rien de mieux à faire lui. Mais moi qui connaît l'ennui en plus de mon alphabet.

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