La culture :
un vernis ? Cela signifierait qu'elle ne nous change pas en
profondeur. De là, la même avidité, de là, la même cupidité, de
là, la même barbarie, quelque soit notre degré de culture ou celui
atteint par la société. Pourtant la culture, c'est indéniable, à
vocation à changer l'homme. J'en ai pour exemple concret, frappant,
ce que je viens de lire sur un ouvrage d'échec datant de 1930 et
intitulé Comment il ne faut pas perdre aux échecs.
Si l'on considère que les échecs font parti de notre culture, si
l'on considère les échecs comme toute autre activité de l'esprit
comme un objet de culture, alors cet exemple peut nous éclairer et
nous faire nous interroger sur la place que l'on donne à la culture
dans notre société et par conséquent sur les limites de la culture
quand à changer l'homme si celui-ci ne l'a fait pas entrer dans sa
vie, dans sa façon d'être, sinon lui octroie la place que l'on
donne habituellement aux loisirs ou au luxe. La culture un loisir, un
luxe, que l'on s'octroie après une rude journée de travail où l'on
s'est battu comme des lions ou des loups ou comme des chiens enragés
pour gagner son bifteck.
Mais
revenons aux échecs ou à la culture. Je lisais donc dans Comment
il ne faut pas jouer aux échecs
ce titre très éclairant : Le grand ennemi : la
précipitation et pensais :
combien sommes nous les joueurs d'échecs à avoir lu des centaines
d'ouvrages d'échecs et fort de notre savoir, et remplis d'une belle
assurance nous asseoir face à l'échiquier prêt à en découdre
contre n'importe quel adversaire qui se présente à nous. Puis, dans
le feu de l'action, au cœur de la bataille, combien sommes nous à
se jeter avec avidité, avec cupidité (mangeant toutes pièces ou
pions qui s'offrent à nous), pressés de vaincre, avec le goût du
sang celui de la proie facile, oubliant tout ce que nous avons
appris, qui n'était que vernis, qui ne nous a pas changés en
profondeur.
Le frère Laurent qui assurait le mariage (pour le coup, très précipité) de Roméo et Juliette, l'avait déjà bien compris: "wisely and slow, they stumble that run fast." (sagement et lentement, ceux qui courent vite trébuchent).
RépondreSupprimer