mardi 2 septembre 2025

J'entends comme le bruit des vagues


J'entends comme le bruit des vagues au large sur la route les voitures qui passent

Et moi je pense à toutes ces vies qui passent et qui jamais de passer ne se lassent


Je repense à cette île où j'ai vécu comme un bon  sauvage

J'étais si jeune et c'était je crois mon premier naufrage


Ma vie a repris depuis son cours loin des alizés

Ces vents réguliers qui me soufflent mon passé


Il y avait une moquette douce et chaude ma bien aimée tel herbe coupée en été 

là où il n'y a plus qu'un parquet lisse et froid et c'est que tu nous a quitté cet été


J'entends comme le bruit des vagues au large sur la route les voitures qui passent

Et moi je pense à toutes ces vies qui passent et qui jamais de passer ne se lassent


Est-ce que je sais est-ce qu'elles savent quel vent les pousse vers quel rivage

Et quelle eau amère la vie qu'on boit qu'on boit un ou deux verres au passage


Comme je t'ai aimée et comme de toi aimé je l'ai été

Ma vie n'est plus ce qu'elle était avec toi à mes côtés


Oh toi mon beau naufrage toi mon second naufrage

Dis moi où est-ce que tu as échouée sur quel rivage


J'entends comme le bruit des vagues au large sur la route les voitures qui passent

Et moi je pense à toutes ces vies qui passent et qui jamais de passer ne se lassent


C'est qu'il y a en moi inscrit tant de visages

Enfant comme j'aimais recevoir des images


Mais toi ma belle ma douce ma regrettée

Où la vague t'a portée où sur quelle jetée


Il y a un type tu sais c'est la mer qui allait l'emporter loin de la plage

Mais c'est toi que je voyais à sa place quand je l'ai rejoins à la nage


Mon père (une tête en filigrane sur un billet) est décédé en été

Ce n'est plus que par transparence que je revois celui qui a été


J'entends comme le bruit des vagues au large sur la route les voitures qui passent

Et moi je pense à toutes ces vies qui passent et qui jamais de passer ne se lassent


C'est qu'il y a en moi inscrit tant de visages

Enfant comme j'aimais recevoir des images


A toi ma belle ma douce ma bien aimée ma mère que tu connais attends je vais te  raconter

Je reçois sa photo et je me dis qu'elle ne doit plus être celle qui pour moi elle n'a jamais été


Et moi qui disais que je n'irais pas pleurer sur sa tombe en voyant d'elle une image du passé

Je fonds en larmes devant celle qui m'a mis au monde et c'est parce que je la crois trépassée


Ah ce que j'ai pu aimer les images

Comme on aime de beaux mirages 

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