samedi 26 juillet 2025

Le vieil homme et l'enfant


C'est pas moi c'est mon esprit, ne me demandez pas pourquoi, je ne sais pas, qu'il s'est remis à penser à ce film, comme à une femme qui vous obsède; c'est comme une main l'esprit, vous lui auriez mis la main aux fesses et vous diriez: c'est pas moi c'est ma main, parce que vous ne  commanderiez pas davantage à votre main qu'à votre esprit tout aussi obsédé et qui se poserait sans votre autorisation, bravant tout interdit.

Dans Le vieil homme et l'enfant, un film de Claude Berri, je le dis pour les cinéphiles mais à moi ça me dit rien Claude Berri sinon ce que j'en ai appris et c'est que ça lui est arrivé dans la vie ce qui est arrivé à l'enfant dans le film et c'est que pendant la guerre et comme il était juif, déjà juif à huit ans qu'il dit dans le film, ses parents ont choisi de lui faire quitter la ville pour la campagne plus tranquille.

Là il tombe entre les mains de Michel Simon, je le dis pour les cinéphiles, parce que dans le film c'est juste comme tomber entre les mains des collabos vu que ce vieil homme n'aimait pas la mer (comme dans le vieil homme et la mer) mais Pétain. Seulement il a un grand cœur qui s'éprend aussi de l'enfant et de l'enfant plus que de Pétain.

Tout le monde est en porte à faux, juste comme dans la vie, et c'est ça que j'aime bien dit mon esprit à qui je ne commande pas plus qu'on commande à son cœur et le cœur lui même souvent est aussi en porte à faux avec l'esprit qui ne lui commande pas non plus d'aimer ou de ne pas aimer et ça c'est chez ceux chez qui l'esprit ne commande pas au cœur: comme il y a des esprits libres il y a des cœurs libres.

Le vieil homme n'est peut-être pas un esprit libre (sinon plein de préjugés antisémites) mais un cœur libre, l'enfant aussi qui malgré qu'il soit juif va aimer ce vieux Pétainiste, il y a pas de race, il y a pas d'ennemi de race, il y a seulement un vieil homme et un enfant et c'est ce que le film montre: leur rencontre qui ne s'encombre pas de tout ce qui l'Histoire encombre et ne sera bientôt que décombres de la guerre.

C'est qu'il faudrait distinguer l'Histoire, cette Histoire avec un grand H qui n'est qu'Histoire des guerres (on disait autrefois des rois et aujourd'hui des puissances en conflit) avec la petite histoire qui est celle des hommes et mériterait comme dans ce film un grand H quand elle prend la place de l'autre pour fraterniser, pour s'aimer et non se tuer.

Bien sûr il y a la solitude de l'enfant et la solitude du vieil homme et comme deux solitudes qui se rencontrent, et ce que mon esprit a apprécié c'est qu'ils le seraient seul surtout pour être en porte à faux avec le monde, mais que ce ne serait pas seulement dû aux circonstances mais aussi dû à leur nature propre et rebelle, non conforme, non orthodoxe, non politiquement correct, mais avec ce correctif majeur qui est celui du cœur. 

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