Je ne sais si l'on peut dire que le négatif agit comme le révélateur d'une photo mais bien l'absence comme révélateur d'une présence qui n'est plus. Aussi le lit médicalisé, aussi le fauteuil a coquilles, leur emplacement respectif, renvoient indubitablement à la malade qui l'occupait.
Sa présence n'est pas seulement disséminée dans l'espace de l'appartement mais dans le temps. Aussi le temps où l'on était occupé aux soins à sa personne revient immanquablement, c'est-à-dire que revient sa présence quand revient l'heure des soins à sa personne.
Elle est dans tout ce qui n'est plus, sa présence maintenant s'est diffusée dans l'espace et dans le temps. La nature a horreur du vide. Il n'y aurait pas que la nature mais l'homme en tant qu'il en fait partie. Et la présence unique est devenue présence multiple, s'est répandue partout.
Et c'est dans les plus petites choses qu'elle peut être encore décelée, si petites que du temps de son existence elles étaient inexistantes et qu'on a maintenant peine à s'en soustraire. La prolifération de la présence comme un cancer qui vous ronge, une cellule morte plus que vivante.
Pure anachronisme sans doute, irréalité d'un réel purement imaginaire, divagation, mirage, eau que l'on voit qui est eau dont on a soif, seulement révélatrice de notre soif mais pas de la présence de l'eau. A t-elle jamais été là? Depuis combien de temps n'y est-elle plus?
Interrogation sur la réalité ou l'effectivité de la présence. C'est un investissement sur la personne. De combien de présence l'on investit la personne? De son vivant? Une fois morte? L'investissement serait plus lourd par compensation d'une perte?
On pouvait encore l'oublier. On ne peut plus l'oublier. Etrange paradoxe. Maudit paradoxe. Pourquoi ce qui n'est plus se fait plus présent que jamais si ce n'est pour pas qu'on l'oublie? Est-ce la présence la plus dérangeante ou la moins dérangeante la plus présente à nous?
En fait l'on s'arrangerait mieux d'une présence que d'une absence pour cela que la nature a horreur du vide qui reviendrait à dire que l'on a une sainte horreur de la mort qui vient frapper nos êtres les plus chers. Et c'est un hommage que je rends à qui a marqué ma vie de sa présence.
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