J'ai connu le mot pute avant les putes et je ne parle pas de celles qui font le trottoir avec des airs de putes, mais de celles qui prennent des airs de grandes dames et ne sont que des putes. Il n'y a plus qu'elles que j'appelle putes, comme je n'appelle plus amour tout ce que j'aime mais ce qui mérite d'être aimé en retour, en retour de son amour. Et mes frères je ne les considère mes frères que si c'est en frères qu'ils viennent vers moi, vers eux la parenthèse de la parenté s'est ouverte. C'est qu'il faut avoir goûté aux mots comme on goûte à un fruit pour que ne soit plus jamais neutre ce qu'il désigne, ni que leur sens nous soit indifférent. C'est pourquoi le mot mère aura toujours pour moi un goût amer. C'est que ma mère en tant que mère n'était pas mûre, elle était comme un fruit vert au temps où elle m'a eu qui était aussi celui de sa jeunesse. De là à dire que toutes les femmes sont des putes, je n'irai pas. Je n'irai pas non plus dire ce que j'ai trop souvent entendu dire: que toutes les femmes sont des putes sauf ma mère. Mais je dirai plutôt qu'il y a des femmes qui sont des mères et d'autres femmes qui ne sont que des putes.
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