Et si ce
n'était que ça l'intelligence ? Je promenais mon chien sur les
bords de marne. Malgré le froid, malgré la neige, insensible à
tout ça, il fouinait, exerçant son flair. Certainement y trouvait
t-il une certaine fruition, pareille à celle que l'on a a exercer
son intelligence. Ce qu'il y trouvait, car tous les chercheurs dignes
de ce nom finissent par trouver, ne mérite cependant pas d'être
mentionné quoique ajoutant à sa félicité et contribuant à la
reconnaissance de ces pairs. Et tandis que je regardais sans vraiment
regarder, entendais sans vraiment écouter, et pensais sans vraiment
réfléchir, je me disais (allez savoir pourquoi) et si ce n'était
que ça l'intelligence ?
Autant dire
que je ne me sens pas plus intelligent que mon chien qui trouve
souvent, plus souvent que moi en tout cas, ce qu'il cherche. Mais
supérieur, oui ! Loin de moi l'idée de me faire l'égal des
bêtes. Mais je ne suis pas sûr que ce soit notre intelligence qui
fasse la différence, une différence significative, une différence
marquante, mais plus un état de conscience. L'être supérieur, le
dieu, la divinité, ne serait pas un être supérieurement
intelligent, d'une intelligence ne dépassant pas plus la nôtre que
la mienne ne dépasse de beaucoup celle de mon chien, mais serait par
contre doté d'un état de conscience qui l'empêcherait d'aller
fouiner dans les affaires humaines, comme je ne vais pas fouiner là
où va fouiner mon chien, mettre mon nez là où il met son nez.
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